Et moi qui croyais que tout allait bien ! Par Hakim Laâlam

Et moi qui croyais que tout allait bien ! Par Hakim Laâlam

M’enfin ! D’où c’est qu’ils viennent tous ces grévistes ? D’où c’est qu’ils sortent ces grognards ? A quel moment ont-ils été lâchés dans les rues ? Comment en sommes-nous arrivés là ? En quelques jours à peine ? A Tamanrasset et à In Salah, la télévision publique, forcément objective puisqu’elle est publique comme son nom l’indique, nous avait montré une Algérie, belle, fière et surtout pas rebelle. Les tam-tam chauffaient à tout bout de rue. Les mains enduites de henné portaient haut le portrait du raïs. Des gorges profondes fusaient des youyous aussi stridents qu’hystériques. Malgré le problème de l’eau non encore réglé dans ces régions (comme dans d’autres, d’ailleurs), il était aisé de s’adonner aux joies des bains de foule. Toutes et tous étaient sortis fêter par avance le rab, la rallonge présidentielle. Les micros tendus ne recueillaient que témoignages de bien-être, de bonheur et de fierté d’être aussi bien gouvernés. De 7 à 77 ans, l’euphorie envahissait les ksour et les oasis, se répandant dans les nouvelles cités-dortoirs, symboles des efforts de l’Etat à transformer le désert en bidonville du nord. Nous en étions donc là, à cette sérénade digne du générique de la série La petite maison dans la prairie lorsque les gueux sont apparus ! Ya sahbi ! Des hordes belliqueuses, jusque-là tapies dans les bas-fonds du complot ourdi. Fonctionnaires, travailleurs de la santé, lycéens, étudiants, chômeurs, tous ont baissé rideau, paralysant le pays. 85% de taux de suivi, ici. 95%, là. 100% ailleurs. Bonté divine ! Mais qui a dérobé le bonheur filmé en Eastmancolor à Tam ? Qui a fait disparaître mes beaux hommes bleus souriant de toutes leurs belles dents ? Qui a remisé au placard mes gentils notables liseurs de motions de soutien pour un 3e mandat ? Qui m’a volé le pays tranquille, joyeux et fidèlement rangé en rangs d’oignons derrière le frère timonier pour le remplacer sournoisement par un brasier rougeoyant, un bûcher dont les flammes rageuses lèchent déjà la muraille du palais ? Qui a volontairement et pernicieusement interverti les films dans les boîtes, juste avant la projection ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.

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Commentaires (9) | Réagir ?

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Lyes M

Il ne faut pas faire l'amalgame M. F. B. l'arch n'est pas une zaouya ni un notable. l'arch est une organisation sociale laique et représentative (represente toutes les familles du village). dans mon village, l'imam de la mosquée ne s'est jamais ingéré dans les assemblées des archs ou du comité de village. l'organisation sociale des villages kabyles notamment le mien est universelle. Je vous renvois à lire ibn khaldoun, pierre bourdieu, camille lacoste dujardin et d'autres. je ne vais pas vous parler trop de ces organisations villageoises, ce n'est pas le sujet. (j'espère que je ne me trompe pas)

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slim deserman

Bien dit ya JAVAR Hakim Laalam n'a fait que la traduction de notre grand poete il a juste fais impasse sur le passage '' (Enrico DeKsantina layznouz Iguitarens - (Enrico se retrouve vendeur de guitarres a constantine) ecouter Ait menguellet et le comprendre ''yessak avahri ithurets'' ça donne une bouffé d'oxigéne à nos cellules nerveuse si seulement tous les Algériens se metent à l'ecouter.

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