Syrie : une pluie de roquettes sur Homs

De nombreuses villes syriennes sont soumises à la soldatesque du régime.
De nombreuses villes syriennes sont soumises à la soldatesque du régime.

La "capitale de la révolution" contre le régime de Bachar Al-Assad essuie les plus violents bombardements depuis cinq jours. La communauté internationale, elle, est en proie au doute et à la division.

Sur la ville rebelle de Homs, les bombardements ont repris mardi matin. Et, d'après des militants présents sur place, le pilonnage s'est intensifié. La cible des bombes de Damas semble être le quartier résidentiel de Baba Amr. Les tirs "ont commencé à l'aube et sont les plus violents depuis cinq jours", selon Rami Abdel Rahmane. "En moyenne, deux roquettes tombent chaque minute", précise le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. D'après une ONG syrienne, ces bombardements ont fait au moins six morts.

"La situation est tragique, confirme Hadi Abdallah, membre du Conseil de la révolution de Homs. Il y a des femmes enceintes, des gens qui souffrent de maladies du coeur, de diabète et des blessés qu'on n'arrive pas à évacuer". Et ce militant syrien de raconter: "Lundi soir, trois militants sont entrés dans la ville à bord d'une voiture transportant du pain, du lait d'enfants et des médicaments. Leur véhicule a été touché par un obus, ils sont tous morts carbonisés".

Dans d'autres villes syriennes, lundi, des affrontements entre soldats et déserteurs ont causé de la mort de 11 personnes. Parallèlement, 18 civils ont été tués, dont deux adolescents. Sur une pancarte brandie lors d'une manifestation dans la province de Deraa, il était inscrit: «La révolution continuera jusqu'au dernier nourrisson».

Selon la Haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Navy Pillay, près de 300 personnes ont trouvé la mort à Homs au cours des dix derniers jours. "Selon des informations crédibles, l'armée syrienne a bombardé des quartiers de Homs densément peuplés au cours de ce qui apparaît comme une attaque sans discernement contre des zones civiles", a-t-elle indiqué.

"L'incapacité du Conseil de sécurité à s'entendre sur une initiative collective ferme semble avoir convaincu le gouvernement syrien de lancer un assaut en règle pour briser la contestation avec un recours massif à la force", a ajouté Navy Pillay devant l'Assemblée générale de l'ONU.

Lundi soir, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a déploré que "le régime ait intensifié la violence dans des villes du pays, notamment en utilisant l'artillerie et des tirs de blindés contre des civils innocents". Aussi, la Maison-Blanche a dit examiner l'idée, lancée par la Ligue arabe, d'envoyer une force de maintien de la paix.

Par ailleurs, le responsable de la diplomatie chinoise, Dai Bingguo, a réaffirmé lundi, lors d'un entretien téléphonique avec Hillary Clinton, la position de non-ingérence de la Chine sur le dossier syrien. Pour ce diplomate, les violences sont "pour l'essentiel une affaire interne". Mardi, le premier ministre chinois, Wen Jiabao, s'est donc dit prêt à travailler dans le cadre de l'ONU sur le cas de la Syrie, mais sans prendre parti pour Bachar el-Assad ou pour les rebelles.

La Russie pose ses conditions à l'envoi de casques bleus

La Russie a annoncé lundi qu'elle étudiait la proposition de la Ligue arabe de déployer une force de maintien de la paix en Syrie en coopération avec l'ONU, mais souhaite plus de précisions sur ce projet. Le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov a précisé qu'un arrêt des violences entre forces gouvernementales et rebelles armés constitue un préalable à l'envoi d'une force de maintien de la paix.

"Nous étudions cette initiative et attendons que nos amis des pays arabes clarifient certains points", a-t-il dit, estimant que ce sera chose faite "dans les jours à venir". "Pour déployer une force de maintien de la paix, il faut l'autorisation de la partie qui la reçoit, tout d'abord. Deuxièmement, pour envoyer une mission de maintien de la paix, comme on l'appelle dans le jargon de l'ONU, il faut qu'il y ait une paix à maintenir", a jugé Sergueï Lavrov. La Russie, principal soutien avec la Chine de Bachar el-Assad, a refusé de se ranger aux côtés des Occidentaux pour condamner le régime.

Les Européens divisés

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a mis en garde la Ligue arabe contre l'idée d'envoyer des Casques bleus. "Nous pensons qu'aujourd'hui toute intervention, à caractère militaire, extérieure ne ferait qu'aggraver la situation, d'autant qu'il n'y aura pas de décision du Conseil de sécurité, qui est la seule instance à même d'autoriser une intervention militaire".

"Je ne crois pas qu'avoir des bottes occidentales sur le terrain, quelle qu'en soit la forme, y compris une force de maintien de la paix, soit une voie à suivre en Syrie", a souligné de son côté le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague. "Mais bien sûr, si un tel concept pouvait être rendu viable, nous le soutiendrions de toutes les manières habituelles", a-t-il ajouté, en insistant sur la nécessité d'un "cessez-le-feu crédible".

Son de cloche différent en Allemagne et en Italie, où les chancelleries appuyent l'idée de la Ligue arabe. «Aux yeux du ministère (allemand des Affaires étrangères), la proposition d'une mission conjointe de la Ligue arabe et des Nations unies doit aussi rapidement que possible être soumise au Conseil de sécurité", a estimé son porte-parole, Andreas Peschke. Il y a urgence à "faire cesser en Syrie toute forme de violence et dans ce but". Rome soutient "la proposition de l'envoi dans ce pays" d'une force de maintien de la paix "pour vérifier sur le terrain l'application d'un cessez-le-feu", a déclaré dans un communiqué le ministère italien des Affaires étrangères.

La Ligue arabe va coopérer avec l'opposition syrienne

Lors de sa réunion de dimanche, l'organisation panarabe a également annoncé qu'elle allait «ouvrir des canaux de communication avec l'opposition syrienne et lui fournir toutes les formes de soutien politique et matériel». L'organisation panarabe appelle, en outre, ses membres à rompre leurs relations diplomatiques avec la Syrie. Le chef du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a déclaré sur la chaîne de télévision qatari al-Jezira voir dans ces décisions "les premiers pas" vers la chute du régime.

Damas a, sans surprise, refusé "catégoriquement" ces décisions. La Syrie "a dit dès le début qu'elle n'était concernée par aucune décision prise par la Ligue arabe en son absence", a ajouté affirmé Youssef Ahmad, le délégué permanent de la Syrie à la Ligue arabe. Il a accusé les pays arabes d'être à la solde de l'Occident.

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