Bouteflika, la police et les "révolutions" arabes

Abdelaziz Bouteflika
Abdelaziz Bouteflika

Les lignes bougent dans certains pays, en Algérie tout stagne. Du moins en surface.

La peur ou que fait la police ?

L’Etat a peur ! Avec tous ses appareils répressifs, le voici à genoux face au lumpen prolétariat des villes. De passage dans une artère conquise par le marché "informel", j’ai surpris, bien malgré moi, une scène silencieuse digne des meilleurs "muets" de Chaplin. Champ : un flic, bâti comme un colosse, adossé à un mur, ravalant son écume et fixant du regard un jeune loubard, en contre-champ, installant son étalage de DVD avec une morgue visible qui semblait lui dire : je t’emmerde et tu ne peux rien contre moi, nous sommes les grands vainqueurs. Le regard du flic plein de fiel lui aussi voulait signifier : ah si jamais les choses allaient autrement ! L’un et l’autre étaient prêts à en découdre. Le pouvoir, par couardise, en a décidé autrement : surtout pas de vague ! Un immolé peut vous faire tomber un régime policier en deux temps trois mouvements. Bouteflika et ses appareils ont plus peur du marchand "informel" que de tous les lettrés du pays réunis….

La honte ou la compromission

Pourquoi les Tunisiens qui ont chassé vaillamment l’une des dictatures les plus ignobles de la terre se compromettent-ils en invitant Bouteflika ? Double exécrable de tous les tyranneaux bédouins, Bouteflika qui est plus connu par ses frasques que par sa "démocratophilie" se refait une virginité en récupérant presque à l’œil l’auréole d’une révolution. Je dis presque, car je n’ignore rien des besoins financiers des Tunisiens pour qui une aide de l’Algérie serait la bienvenue. Mais tout de même se fourvoyer avec un régime moribond qui est déjà sur la pente douce de la déconfiture….

La somme ou la conséquence

Tous comptes faits, les véritables bénéfices de ces révoltes arabes vont au lumpen proletariat qui profite du recul de la police qui a reçu instruction ferme de ne pas réveiller un chat qui dort, aux islamistes en embuscade depuis des lustres et enfin à Bouteflika, petit dictateur rabougri, célébrant une révolution de jeunes !

Lahbib Rebouhi

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Commentaires (10) | Réagir ?

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Abdeslam Larbi

Voici un commentaire que je viens de faire sur un journal en ligne en réaction à un article sur l'ouverture prochaine de la frontière avec le Maroc. Tout en précisant que le Peuple marocain reste un peuple frère, qui subit comme nous subissons, chacun à son échelle.

C'est mon analyse de la fuite en avant d'un régime qui joue la montre pour se maintenir au pouvoir.

Bonsoir,

L'ouverture de la frontière avec le Maroc si elle se confirme sera une manœuvre de plus pour détourner l'attention de la population algérienne des vrais problèmes de gouvernance de ce notre Pays.

1- Élections législatives introduisant un fort courant islamiste dispersé. Ayant pour but à l'intérieur de faire dans le populisme et occuper la population pour l'extérieur donner le change aux chancelleries occidentales en s'inscrivant dans la tendance du printemps arabe, tout en conservant le régime actuel. Inconvénient: ré-introduire le loup dans la bergerie et prendre le risque d'un courant islamiste qui peut se réunifier malgré les jeux des services avec l'aide de l'Arabie, USA, etc.

2- Distribution de la rente en augmentant les salaires et en promettant aux différentes catégories sociales pour maintenir quelques munitions que l'on distribue au fur et à mesure. Inconvénients: Inflation qui augmente et qui peut s'aggraver avec le recours à la dévaluation du Dinar, d'où utilisation des réserves de change et épuisement de la cagnotte plus rapidement que prévu, sans que cela aille dans des investissements productifs mais salaires, consommation, projets de logements.

3- Ouverture de la frontière avec le Maroc pour occuper une partie de la population dans le trabendo de toute sorte Produits subventionnés contre pacotilles. Les chômeurs de l'Ouest seront affairés pendant un moment. Inconvénients: fuite de devises, producteurs locaux déjà malmenés par les importateurs et qui le seront encore plus par les importations informels du Maroc, marocains venant chercher du travail eu détriment des locaux, risque de contrebande de toute sorte, y compris armes pour soutenir d'éventuels troubles, etc.

Toutes ces manœuvres de survie du régime se feront au détriment du Peuple algérien et du développement de l'Algérie, des années et occasions perdues, une génération sacrifiée et un risque avec un peuple en ébullition perpétuelle et une assemblée d'islamistes démago de pousser à une explosion sans commune mesure avec ce que l'on a déjà connu.

Ne reste qu'une issue de secours pour éviter ce scénario qui ne tiendra pas la route longtemps, une prise de conscience dans certaines institutions et notamment l'ANP que l'on ne peut continuer à obérer toutes nos chances de commencer notre développement et industrialisation pour satisfaire les appétits de certains pontes du régime, de partis fantoches et de chancellerie qui ne pensent qu'à leurs intérêts économiques.

L’Algérie est en jeu, n'attendez pas qu'il soit trop tard. Remettez là sur les rails de la démocratie, du développement hors hydrocarbures, donnez le pouvoir aux citoyens et la direction aux instruits et non aux incultes.

Que Dieu nous préserve.

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Guel Dring

Est-ce le calme qui précède la tempête ? Le fait d'écrire un commentaire est-il aussi une forme de décompression ? Car Il n'y a pas un humain qui soit à l'aise. Ça sent va et ça revient, au fil des jours, au fil des évènements. Qui peut prétendre n'avoir jamais eu peur. Personne. On peut avoir peur de tout et de rien. De tout, parce qu'il y a trop de préoccupations qui perturbent notre attention ; de rien, parce que la vie est ainsi faite, la complexité de la nature de l'homme en fait un être qui recherche toujours des inconnues, particulièrement celles qui sont à l'origine de son... origine. L'Algérien n'est pas exempt de cette disposition, bien que des éléments lui permettent de saisir les caractèristiques sociales du milieu où il vit. L'Histoire nous apprend donc beaucoup de choses qui nous permettent, sans nous en rendre compte, d'évoluer par des changements dans les comportements. Cela nous permet de nous adapter aux exigences de la vie. Malgré tout cela, pourtant, les situations d'un moment ou d'une période nous influencent, quelque soit le statut de chacun. La disposition de la société en couches n'altèrent en rien l'effet d'une angoisse. C'est relatif et général en même temps. De là, un riche n'aura pas les mêmes appréhensions qu'un pauvre. Un simple citoyen ne vit pas la crise actuelle comme un "responsable" de l'Etat. Toujours est-il, que la majorité "sent" que la situation n'est pas normale.

Et c'est un sentiment qui peut plus ou moins rassurer certains, de penser qu'ils en bonne santé, dans la mesure ou leur intuition leur permet de décoder ce pressentiment général.

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