Libye : Bani Walid serait-elle tombée aux mains des "kadhafistes"

Cette ville demeurée fidèle à Kadhafi renâcle à reconnaître les nouvelles autorités.
Cette ville demeurée fidèle à Kadhafi renâcle à reconnaître les nouvelles autorités.

Cinq personnes sont mortes lundi dans des heurts attribués par des responsables locaux à des partisans de feu Kadhafi, et par le ministère de l'Intérieur à des querelles internes.

Des forces du gouvernement libyen sont déjà en route pour Bani Walid, ex-bastion de Kadhafi, qui serait retombé lundi aux mains de partisans de l'ancien dictateur, selon des sources locales. Un responsable de Bani Walid, à 170 km au sud de Tripoli, craint un "bain de sang". M'barek al-Fotmani a assuré que le drapeau vert flottait sur la ville pour la première fois depuis sa chute aux mains des révolutionnaires le 17 octobre. La base de la "Brigade du 28-Mai, la plus importante à Bani Walid et la seule qui dépende du ministère de la Défense" selon le responsable, a été attaquée en plein jour. Cinq ex-rebelles, dont le commandant de la brigade, ont été tués et une trentaine ont été blessés.

Un ancien slogan, celui des derniers jours du régime Kadhafi, aurait retenti lui aussi pour la première fois depuis la victoire finale de Tripoli, en août dernier. "Les assaillants crient Allah, Mouammar, la Libye et c'est tout. La veille, ils avaient distribué des tracts disant : Nous reviendrons bientôt, nous allons mettre les rats dehors", a affirmé M. al-Fotmani. "J'appelle les révolutionnaires de Libye à sauver d'urgence les révolutionnaires de Bani Walid, a-t-il ajouté. Leurs munitions sont bientôt épuisées", a-t-il dit.

D'après lui, les blessés n'ont pas pu être évacués car les ambulances n'ont pas été en mesure de les approcher, "des snipers étant positionnés sur l'école et la mosquée". Selon un membre du Conseil national de transition (CNT), au pouvoir en Libye, les autorités "discutent de la question de Bani Walid."

Le porte-parole du conseil local de Bani Walid, Mahmoud El-Werfelli, a dit craindre "un massacre". "Nous avons demandé l'intervention de l'armée mais le ministère de la Défense et le Conseil national de transition nous ont trahis, ils nous ont laissés entre le marteau et l'enclume. Cela fait deux mois que nous leur demandons de trouver une solution".

"Problèmes internes" à la ville

Toutefois, le ministre libyen de l'Intérieur a démenti que ces violences soient le fait de partisans de l'ancien régime de feu Mouammar Kadhafi, affirmant qu'il s'agissait de "problèmes internes" à cette ville. "Les informations que nous avons en provenance de l'intérieur de la ville ne disent pas qu'il y a des drapeaux verts et il n'y a rien qui soit lié à l'ancien régime", a-t-il ajouté. Le ministre a expliqué que les violences étaient liées à la question des compensations destinées aux personnes affectées par la guerre et qu'"il y a un différend entre deux parties dans la ville sur cette question". Il a confirmé le bilan de cinq morts.

Un correspondant de l'AFP qui a pu brièvement se rendre dans la ville a constaté qu'il y régnait la plus grande confusion et qu'il n'était pas possible de savoir qui était du côté des rebelles ou de l'ancien régime.

L'apparition de poches de résistance longtemps après la fin du régime était l'une des hypothèses envisagées par les spécialistes. Bani Walid, bourgade de quelques dizaines de milliers d'habitants, perdue au milieu du désert, figurait en tête de ce scénario. L'ancien dictateur libyen avait donné à ses habitants, membres de la tribu Warfalla, de nombreux avantages, et ils lui en étaient reconnaissants.

Cette grande tribu, forte d'un million et demi de membres, avait ensuite fait allégeance au nouveau pouvoir, par pragmatisme. Mais certains parmi eux n'ont sans doute pas digéré le long siège de leur ville par les rebelles d'alors, ni les violences qui avaient entouré sa chute. Ils ont peut-être décidé de se venger, espérant ainsi reprendre la main dans un pays sans armée et doté d'un gouvernement transitoire faible, dont le vice-président a du démissionner lundi après avoir été malmené par des étudiants à Benghazi. L'histoire semble aujourd'hui se répéter: tous les ex-combattants désoeuvrés, et ils sont nombreux, vont trouver là l'occasion de retrouver l'odeur de la poudre et de la vengeance.

Avec AFP

Plus d'articles de : L'actu en Algérie et ailleurs

Commentaires (1) | Réagir ?

avatar
Atala Atlale

Les sarkozistes sont en train de perdre dans ce pays, il est à craindre une vraie guerre civile. Le pétrole libyen va revenir cher à ceux qui ont allumé la "révolution" de l'extérieur.