Débat : Harbi victime d’un mythomane

Jacques Simon.
Jacques Simon.

Je viens de prendre connaissance, avec stupéfaction, des graves accusations lancées par Adolphe Jacques Simon contre l’historien Mohammed Harbi, l’accusant d’avoir organisé une campagne en 1957 visant à la "liquidation des responsables messalistes de l’USTA".

Comme d’habitude, à travers internet, Adolphe Jacques Simon lance sans la moindre preuve des accusations d’une extrême gravité en se fondant sur des rumeurs qui se transforment vite en calomnies, purement et simplement. Je voudrais à cette occasion revenir sur l’itinéraire de Adolphe Jacques Simon, personnage que j’ai bien connu lorsque j’ai milité dans les rangs des organisations trotskistes dans les années 1970/1980, ou dans les milieux de l’immigration algérienne plus récemment.

Contrairement à ce qu’il dit, Adolphe Jacques Simon n’a jamais été membre de la direction du MNA ou de l’USTA (le syndicat des partisans de Messali) pendant la guerre d’Algérie. Les nombreuses mises au point et demandes de rectifications de la fille de Messali Hadj à ce propos n’empêchent donc pas A. J. Simon de poursuivre inlassablement son travail de réécriture de sa propre histoire. Adolphe Jacques Simon n’a jamais été membre de la direction de l’organisation trotskiste à laquelle il appartenait (par exemple membre du "comité central"), et n’a donc jamais reçu "mandat" pour être le responsable des trotskistes algériens. Mais il continue de se proclamer grand acteur de cette histoire, en dépit des nombreuses demandes de retrait de ce qualificatif par l’ensemble des militants algériens de cette période (j’ai moi-même, en vain, demandé depuis plusieurs années que ces titres de responsabilités ne soient plus mentionnés dans sa biographie et les nombreux articles qu’il publie dans diverses revues sur cette question).

Exclu de l’organisation trotskiste en 1984, A. J. Simon a continué d’appartenir à différents groupes d’extrême-gauche, puis il s’est rapproché du Front des Forces Socialistes. Il a été exclu de cette organisation en 1988 pour avoir proféré de graves accusations, sans preuve, d’antisémitisme contre un dirigeant de cette organisation. Il n’a donc, contrairement à ce qu’il prétend, jamais dirigé le journal du FFS, L’Algérie libre, se contentant d’écrire quelques articles. Adolphe Simon, après sa retraite d’instituteur, se lance dans l’écriture d’une thèse consacrée à la vie de Messali. Il obtient la plus basse note possible ("passable") au moment de la soutenance de cette thèse. Il n’arrive pas à obtenir l’accord de la direction de FEN pour développer un travail sur l’Algérie et se trouve écarté de cette organisation. Il se lance alors dans la construction d’un "centre de recherches sur l’Algérie". Pourtant, je peux assurer que Simon ne parle pas un mot d’arabe ou de berbère, et qu’il s’est rendu durant les cinquante dernières années qu’une seule fois (quelques jours) en Algérie. Il prétend pourtant être un grand spécialiste de ce pays, et se présente en universitaire (alors qu’il n’a jamais donné un cours à l’université, et qu’il est brouillé avec l’ensemble des chercheurs de cette histoire).

Dans les dernières années, Simon s’est rapproché des positions de dénonciation de la soi disant "repentance", stigmatisation des "égorgeurs" du FLN, refus de reconnaître le 19 mars comme date de la fin de guerre, insistance sur les massacres de harkis, etc. C’est une thématique désormais bien connu, qualifiant les historiens qui se sont engagés contre la loi de février 2005 sur "les bienfaits de colonisation" de "bataillon d'historiens engagés et d’idiots utiles". Après l’élection en 2007 de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, Adolphe Simon a demandé audience à Brice Hortefeux pour lui dire tout le bien qu'il pense de son ministère de l'Identité nationale et de ce qu’il en attend pour l’immigration. Mais ses demandes n’ont pas abouti… Voici donc quelques éléments biographiques qui permettent d’éclairer la vie de ce personnage qui depuis de nombreuses années passe le plus clair de son temps à lancer anathèmes, excommunications, injures et calomnies. Ce qui se diffusait dans un cercle restreint a pris désormais de l’importance, via Internet, et c’est pourquoi il m’a semblé nécessaire de réagir au moment il commence une campagne de dénigrement de Mohammed Harbi.

Khaled Melhaa

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Commentaires (5) | Réagir ?

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Kacem Madani

Pourquoi tant d'irritation ? Pourquoi tant de haine dans le verbe et dans les mots ? Monsieur Harbi est-il donc un prophète dont personne ne doit contester le message ? Le contester, c'est donc courir le risque de se voir attribuer le prénom d'Adolphe ? Vous poussez le bouchon un peu trop loin là Monsieur Malha ! Vous dépassez toutes les frontières de déontologie journalistique pour espérer être crédible dans votre démarche ! Je ne connais ce monsieur Simon, ni d'Adam, ni d'Ève, sinon à travers ces contributions dans les colonnes du matin, mais de tels tirs croisés à son encontre le rendent bien sympathique.

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Raveh Aksel

Je ne connais rien de ce Jaques Simon, mais M. Stora me semble pénible à lire, de plus en plus ! Les écrits de Benjamin Stora me donnent cette impression qu'ils passent d'abord par une prélecture FLN, avant qu'ils ne soient diffusés ! Ce n'est pas pour rien qu'il vient souvent dans ce pays trahi !

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