Le groupe Khalifa et le banditisme d’Etat

Le SG de la Centrale syndicale et Moumène Khalifa.
Le SG de la Centrale syndicale et Moumène Khalifa.

S’il y a bien une affaire, en Algérie, qui mérite le plus grand intérêt et toute l’attention de l’Etat et des citoyens, c’est sans aucun doute celle du groupe Khalifa.

Elle n’a ménagé aucun recoin de la vitrine de notre pays, aucun aspect de ses activités à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières. Les acteurs dans cette histoire, victimes ou délinquants, civiles ou militaires, grands commis ou simples contribuables, dans le sport ou dans le diplomatique, dans l’audiovisuel universel ou le transport aérien international, sont en nombre incalculable qui ont de près ou de loin eu maille à faire dans cette malversation globale de l’ordre allant, selon diverses estimations, de deux à cinq milliards de dollars américains.

Cette affaire, alors encore chaude, a été qualifiée par la presse mondiale comme étant l’escroquerie de tous les temps. Depuis la valise pleine de devises découverte dans l'aéroport international d'Alger jusqu’à l’esbroufe mettant en avant la complicité du patron de la Centrale syndicale de l’esplanade du 1er Mai en passant par la banqueroute de deux sociétés du groupe en France, Khalifa Airways et Khalifa Rent a car, une entreprise de location de voitures de luxe, elle revient au devant de la scène par la décision de la Cour suprême de rouvrir le dossier en retournant au jugement dans un proche avenir.

Entre le délit du droit commun et le crime institutionnel

Seulement il y a comme quelque chose de pas trop sérieux, de lâche, qui depuis le début ne veut pas donner la vraie signification de cette malversation dans le conscient collectif comme victime de l’entourloupe, comme témoin actif ou enfin comme observateur. Et ce sens, dans un Etat qui respecte ses citoyens, c’est le Parlement qui doit, sans chercher l’avis de personne dans le pays, par devoir envers les électeurs, tenter de l’investir pour voir de quelle manière il faut l’expliquer en déblayant dans les responsabilités de chacun, dans les structures de l’Administraton ayant permis les écarts délictueux : c’est ridicule d’envoyer devant le juge une affaire criminelle prenant en infraction un groupe économique algérien international employant directement 20.000 salariés et impliquant en même temps jusqu’à l’environnement proche du chef de l’Etat.

Banditisme d'Etat

Lorsque les biens des citoyens sont en jeu dans toutes les franges morales et physiques de la configuration démographique, il n’est pas besoin de solliciter quelque conseil institutionnel qui soit pour rassurer sur le bien-fondé de l’investigation, c’est l’Assemblée nationale qui a le devoir de prendre dans ce cas d’espèce l’affaire en main. Parce qu’ici c’est plus que les avoirs des contribuables et de l’Etat qui sont en péril mais c’est la garantie des institutions qui démontre son flagrant délit de déliquescence. Les magistrats professionnels auraient à juger et condamner ou acquitter bien après. Dans cette embardée, ce n’est pas simplement une série de crimes économiques dont il est question, de faux en écritures, de dilapidation ou de transferts illicites, entre autres, de crimes de droit commun mais il s’agit là de bel et bien de banditisme d’Etat. Où sur le même coup, un ministre des Finances ou de la Justice à l’époque et leurs chauffeurs qui déposent leurs économies chez le groupe, y sont concernés.

Rejuger, extrader, condamner, à Blida ou dans n’importe quel lieudit de l’Algérie, n’obéit à aucun concept d’entendement s’il n’est pas clairement indiqué aux citoyens par quelles portes exactes des institutions a-t-il pénétré le groupe Khalifa. Citer des nom ça ne ferait que de la réclame aux porteurs, déjà certainement riches aux as, mais qui sont, au demeurant, souvent que des prête-noms. Les contribuables qui vont élire les députés de la future législature et ceux qui décideront de s’abstenir veulent surtout écouter à la télévision en direct tous les ministres et leurs proches qui ont signé des documents ayant donné naissance et raison d’être au groupe Khalifa.

Qui sait, la prochaine Assemblée prendra peut-être de vitesse la Cour suprême dans cette affaire qui retombe à pic, histoire de rendre plus respirable l’ambiance de l’hémicycle de l’après-mai 2012 et l’atmosphère d’un joyeux cinquantenaire plein de bonnes promesses.

Nadir Bacha

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Commentaires (6) | Réagir ?

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Il faut que l'état fait preuve de lutter contre la corruption !

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Khalida targui

Dans cette affaire je n'ai rien compris ; la seule chose que j'ai retenu c'est que la juge a pleuré, une somme colossale a disparu et des massakines ruinés. Mais pourquoi ils ne se sont pas révoltés ? Faire une marche pour récupérer leur flouss. Sans doute qu'ils sont morts. Parfois je me dis qu'ils doivent nous avoir mis une drogue dans l'eau le pain ou le lait pour nous anesthésier à ce point

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