Le Qatar veut une intervention militaire arabe en Syrie

Le Qatar veut entrainer la Ligue arabe dans une intervention militaire.
Le Qatar veut entrainer la Ligue arabe dans une intervention militaire.

Alors que Mourad Medelci déclarait à l’Onu que la régime Syrie a fait beaucoup d’efforts pour la démocratie, l’émir du Qatar, lui, propose rien de moins que l’envoi de troupe pour protéger le peuple.

L'émir du Qatar s'est dit favorable à l'envoi de troupes arabes en Syrie afin de "mettre fin à la tuerie" dans le pays, secoué depuis dix mois par une révolte populaire réprimée dans le sang, la première prise de position de ce type d'un dirigeant arabe. Cette déclaration du très influent émir du Qatar montre au grand jour combien les positions de l’organisation panarabe sont très éloignées sur la question syrienne. Comme d’ailleurs ce fut le cas pour la Libye. Deux camps s’affrontent au sein de la Ligue arabe : les pro et les anti-régime syrien. D’un côté, il y a les soutiens de Damas, comme le Liban, l’Algérie, l’Irak, les opposants parmi lesquels on retrouve le Qatar en tête, l’Arabie Saoudite, la Tunisie, le Maroc et la Jordanie dont le roi avait d’ailleurs appelé au départ de Bachar Al Assad. Ce division profonde nous fait rappeler la fameuse déclaration du sociologue Ibn Khaldoun qui avait dit que "les Arabes se sont entendus pour ne pas s'entendre". Le dossier syrien illustre encore une fois ce propos qui remonte à plusieurs siècles. Il sonnera inévitablement le glas d'un début de crédibilité qu'elle tente d'acquérir à la lumière des révolution arabe.

Bref. Interrogé par la chaîne américaine CBS sur la nécessité d'envoyer des troupes arabes en Syrie, l'émir du Qatar, Cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, a répondu sans fioritures: "Afin de mettre fin à la tuerie (...) un certain nombre de soldats devraient se rendre sur place", selon un extrait de l'entretien devant être diffusé dimanche. Il y a quelques mois, le même émirat avait financé l’opération de l’Otan contre Mouammar Kadhafi et entraîné les insurgés du CNT. Il y a quelques semaines des sources évoquaient le départ des insurgés libyens pour combattre au côté de l’armée syrienne libre contre le régime de Bachar Al Assad. A ce titre, il y a lieu de se poser la question si ce ne sont pas les insurgés financés par le Qatar qui ne seraient pas envoyés en Syrie.

Cependant, si la proposition de l'émir du Qatar est acceptée - ce qui est loin d'être acquis tant l'opposition serait forte et la mission longue à mettre en place - cette intervention militaire serait une première pour l'organisation panarabe.

Si certains présidents ont demandé le départ de Bachar Al Assad, il faut avour que l'émir du Qatar est le premier dirigeant arabe à se prononcer publiquement en faveur de l'envoi de troupes en Syrie, où la répression a fait au moins 5.000 morts depuis la mi-mars, selon les Nations unies.

Avant d’en arriver à cette option, il faudra sans doute que l’organisation panarabe avoue l’échec de la mission des observateurs. Ce qui est peu probable, vu les déclarations alambiquées de son secrétaire général. Ensuite, certains pays avaient demandé déjà à la Ligue de transférer le dossier syrien directement au Conseil de sécurité. Ce qui équivaudrait à un camouflet pour la Ligue. Et surtout une bataille au sein du Conseil de sécurité où la Syrie compte encore deux alliés de taille, la Russie et la Chine. Sur le plan militaire, la Russie a fournit une soixantaine de tonnes d’armement au régime syrien. Ce que les Etats-Unis ont dénoncé du bout des lèvres. En revanche, l’oncle Sam a clairement accusé l'Iran de fournir des armes à Damas pour aider le régime du président Bachar Al-Assad à réprimer la contestation. C’est dire que la Syrie divise la communauté internationale et fait ressortir les ligne de faille qui traverse les pays.

La répression toujours sanglante

Les exactions se poursuivent dans le pays malgré la présence depuis le 26 décembre de dizaines d'observateurs arabes chargés de surveiller l'application d'un plan de sortie de crise. Quatre cents personnes ont été tuées depuis le début de leur mission, selon un responsable de l'ONU. Samedi, quatre civils, dont un adolescent de 13 ans, ont encore péri sous les balles des forces de sécurité à Homs (centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Deux autres ont succombé des suites de leurs blessures reçues hier à Homs et Idleb (nord).

Le chef de la Ligue arabe Nabil Al-Arabi a déclaré samedi à l'AFP que la mission des observateurs serait "réévaluée" lors d'une réunion le 21 janvier au Caire. Il n'était pas clair s'il insinuait un éventuel retrait des observateurs de Syrie ou un réexamen pour rendre la mission plus efficace.

Vendredi soir, il avait déclaré que la Ligue "examin(ait) en ce moment si le maintien de la mission est bénéfique, face à la poursuite des violences", selon des propos rapportés par l'agence officielle égyptienne Mena. Un nouveau rapport du chef de la mission des observateurs est attendu le 19 janvier.

Les opposants veulent que la Ligue arabe, incapable d'aider selon eux à protéger les civils, transmette le dossier à l'ONU. Le Premier ministre britannique David Cameron s'est dit vendredi prêt à "soumettre une nouvelle résolution" au Conseil de sécurité pour condamner la répression, qui serait "basée sur ce que dit et fait la Ligue arabe". En revanche, la Russie, qui s'est opposée à toute résolution condamnant Damas, a proposé son propre projet de résolution. Mais le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, a critiqué les amendements occidentaux, estimant qu'ils avaient pour but de procéder à un changement de régime à Damas.

Le général iranien Qassem Soleimani, commandant de l'unité Qods (force spéciale des Gardiens de la révolution), était à Damas en janvier, ont précisé des responsables américains, qui considèrent cette visite comme le signe le plus concret que l'aide iranienne comprend du matériel militaire. D'autres sources évoquent même la présence de combattants du Hizbollah libanais venus épauler les soldats syriens dans la répression.

Un général déserteur de l'armée syrienne, Moustapha al-Cheikh, qui s'est réfugié récemment en Turquie, devait par ailleurs annoncer samedi la création d'un "Conseil supérieur militaire" pour planifier les opérations contre le régime de Damas et organiser les défections dans l'armée, a affirmé à l'AFP l'un de ses conseillers, Fahad Almasri. Le général al-Cheikh est le plus haut gradé ayant défection. "L'Armée syrienne libre (ASL), qui revendique quelque 40.000 militaires ayant fait défection, aura pour mission d'exécuter ces opérations", a-t-il précisé.

Les autorités syriennes, qui ne reconnaissent pas l'ampleur de la contestation et attribue les troubles à des "bandes armées" ont accusé un "groupe terroriste" d'avoir posé un engin piégé sur une voie ferrée, faisant dérailler un train transportant du fioul à Idleb (nord-ouest), selon l'agence officielle Sana, qui a fait état de trois blessés.

Yacine K./AFP

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Commentaires (9) | Réagir ?

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Notproud

Ce que le Qatar veut, Dieu le veut. Des affranchis quoi ! Ils ont même réussi à corrompre leur Dieu avec des Petro Dollars leur Dieu est bien vulnérable à mon avis!

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flytoxe

Monsieur, le Qatar nous aussi en demande une intervention ici par des militaire arabes de l'est, pas de l'ouest surtout pas du côté ouest d'Oujda.

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