Fernand Iveton, le Parti communiste et la Révolution

Fernand Iveton, le Parti communiste et la Révolution

Une lectrice, Lili Marlène, s'interroge sur la défense dont à bénéficié le militant nationaliste Fernand Yveton lors de son procès pendant la guerre d'indépendance.

Comment se fait-il que Fernand Iveton, Européen d’Algérie membre d’un Parti communiste algérien, alors dissous, n’a-t-il pu "bénéficier" que d’une défense commise d’office ? L’avocate Gisèle Halimi, qui assura la défense de plusieurs militants nationalistes algériens (les 44 accusés du procès d’El Halia après les événements du 20 août 1955 à Skikda, Djamila Boupacha etc…) et Marocains (Mehdi Ben barka entre autres), raconte dans ses mémoires, Le lait de l’oranger, 1988, éditions Gallimard, page 165 : "Quelques jours auparavant, je me trouvais à Alger en compagnie de Gaston Amblard, avocat communiste de Paris. Il me parla d’Iveton, qui lui demandait de le défendre : "mais ils me l’interdisent", me dit-il bouleversé. Ils c’était le parti. Une discipline qui exigeait de lui la désertion. Double. Avocat, il resterait sourd à l’appel d’un homme broyé par la répression. Communiste, il n’expliquerait pas les raisons de ce « terroriste à l’œil juste", son camarade"…[ …] Page 167, elle ajoute : "Amblard, rentré à Paris pour s’expliquer, essaya de convaincre les camarades, au plus haut niveau. Il ne fut pas écouté. Défense de défendre. Défense de se compromettre auprès d’Iveton."

Resté à Alger, Me Halimi proposa au jeune communiste, par l’intermédiaire de militants incarcérés à Barberousse de l’assister. Fernand Iveton lui fit répondre que son offre le touchait profondément mais qu’il ne pouvait l’accepter. "Selon lui, écrit Gisèle Halimi, un militant communiste se devait, dans un procès politique, de ne choisir qu’un avocat communiste." C’est ainsi que le tribunal militaire désigna d’office deux défenseurs : un avocat stagiaire, Me Smadja et Me Lainé, partisan de l’Algérie française !

La suite est connue…

Lili Marlène

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