Algérie : un demi-siècle sans rêve

L'esbroufe et le folklore politique vont se poursuivre.
L'esbroufe et le folklore politique vont se poursuivre.

Admettons la situation sociopolitique jouable pour les prochaines élections législatives, l’ensemble des opinons acquis pour cela, évidemment avec dans l’esprit de chacun cette idée – combien ardue même pour Amar Bouzouar – que l’Administration est dans la phase terminale de la ruse la plus machiavélique de l’entourloupe malgré la présence de l’observation touristique.

Quoique les Durand Dupont, Johnny James, Abou M’hamad Mohammad, cheikh Antar ou Sessé Diop, de l’Union européenne, de l’Onu, de la Ligue arabe, de la Conférence islamique ou de l’Union africaine, ne vont pas rejoindre en mai notre pays par un angélique avion fendant le ciel venus tout droit du paradis : ils viennent chacun inscrit dans un destin national particulier lui aussi pourri par les intérêts individuels dans la nouvelle définition du monde d’aujourd’hui.

Le capitaliste depuis déjà assez longtemps ne s’est pas suffit de démolir toutes les visions qui le concurrençaient, de saper tous les modèles qui lui marchaient sur les pieds, il a réussi le prodige de s’attaquer même à la force propre qui l’a déterminé, les libertés individuelles qui ont bâti le libre-échange dans la mesure humaine. Il est aujourd’hui le capitalisme de l’immensité, de l’incommensurable, du cosmique allais-je dire, où quelques groupes dans la planète détiennent la réalité comptable du capital. Où les chefs d’Etat et de gouvernement ne vont pas plus loin que des jeux de rôles à tenir, des scenarii à adapter au gré de décisions dont ils ne possèdent qu’un discours à mettre dessus, lorsque celui-ci même par l’intention de la parole ne tente pas d’aller à contre-courant du concept mondialistique tel que pensé par Washington, Londres, Berlin, Paris, Rome et Tokyo.

Pékin qui a bien saisi les grandes erreurs de Moscou, il dispute sur la planète de grands marchés avec ces six capitales ; son communisme, si on se réfère à la Guerre froide, est quasiment vierge, indemne de presque aucune suspicion idéologique, avec pour témoin à décharge les Etats-Unis redevables de grosses dettes envers lui. C’est la partie gaullienne – j’ai failli sauter un l mais je me suis rappelé que son leader de l’UMP est d’origine austro-hongroise – dans l’inconscient français qui essaye de s’abstenir d’une subsidiaire tape sur les descendants des Ming.

Voyez par vous-mêmes la preuve que Bouteflika a compris cela en n’invitant pas les Chinois pour le contrôle dans le prochain match électoral, ou plutôt cafouillage, qui ne nécessite qu’un seul gardien de but. Parce qu’aussi il n’a jamais été entendu parler d’un détournement de fonds public dans la Chine qui avance paisiblement dans le monde, d’un de ses dirigeants sous contrôle judiciaire ou de chef d’Etat condamné, par rapport aux cinq consortiums invités, chacun au moins en son sein des centaines de bandits reconnus sur les continents pour divers délits d’importance criminelle, largement rapportés par la presse.

Mais tout le monde s’en fout de tout cela dans la course aux sièges dans les domaines qui entourent le président de la République et la grande forteresse verte des Tagarins ; je n’hésiterais pas de jurer sur tout ce qu’il y a de sacré que nul parmi les futurs candidats n’a dans l’idée sur quoi il serait amené à penser en juin prochain s’il était élu, sauf qu’il se prépare à suivre un élan de gratification personnelle, à la manière de quelqu’un qui obtient un sauf-conduit ou un visa pour une jouissance sensuelle, sous la couleur du parti qui le couvre mais qui ne lui aura absolument rien insufflé de probant en matière d’engagement désintéressé pour une cause d’action commune.

Tous les candidats élus en mai 2012 auront exactement la même optique mentale dans la boîte crânienne. Nul ne se différenciera de l’autre dans la façon de rêver l’Algérie ; peut-être certains vont-ils penser se battre pour rouvrir un peu plus de bistrots et sophistiquer les équipements de l’Oncv et des brasseries, d’autres avec des marques plus profondes sur le centre de gravité du front surenchériront sur le coût de la grande mosquée Sidi Abdelkader en augmentant les heures d’apprentissage de l’éducation civique et religieuse dans les écoles de Boubekeur Benbouzid au détriment des langues modernes et des matières scientifiques. D’autres encore feront monter sur le fronton de la passion culturelle Si Moh Umhand et Marguerite Tos Amrouche devant des alliés de la tradition orale férus de Ben Triki, Abderrahman Medjdoub ou Kadour el Alami. Mais tous auront-ils, au final, la même Karma, qui les regroupe en les conciliant pour voter la main dans la main, la même baraka de Hassi R’mel, Gassi Touil ou Rhoud Nous.

Personne n’a une histoire particulière à nous raconter, élections transparentes ou pas, une histoire, ya el khawa, une toute petite histoire, qui nous ferait rêver au moins une fois le demi siècle.

Nadir Bacha

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Commentaires (4) | Réagir ?

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Notproud

Rien que le titre me donne des frissons dans le dos...

Algérie : un demi-siècle sans rêve, qu'elle horreur ! 'cest malheureusement tellement vrai ! sans rêve c'est la mort, l'impression de ne pas avoir vécu dignement ou vécu tout court.

On vera bien qu'est ce qu'on nous propose au Paradis, on y croit ! inchalah n'est ce pas !

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Khalida targui

Suite

Le jeu n'est pas mon truc ni l'argent d'ailleurs, si je vois un clochard ou un nabab dans la rue c'est vers le premier que je vais, je suis tordue dans les gènes, on ne peut rien faire contre la nature. Vivre dans ce bled on ne rêve pas on ne croit pas aux rêves, pour y croire il faut être un peu en vie. Je crois à la sélection naturelle, ceux qui ne s'adaptent pas disparaissent comme dit Darwin, apparemment nous sommes dans ce cas.

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