Ahmed Ouyahia à la limite du "macage"

Ahmed Ouyahia, Premier ministre.
Ahmed Ouyahia, Premier ministre.

Voilà, ya el khawa, maintenant Ahmed Ouyahia parle de notre pays dans le langage du souteneur. Dans le jargon du "macage" où il se substitue à l’historien afin de fouiner dans les valeurs dignitaires pour la possession de notre mère patrie.

C’est maintenant pour lui carrément le coût marchand du pays d’Abdelkader et d’El Mokrani qui est mis sur la carpette au seuil des valeurs universelles : il demande fermement à son homologue turc d’arrêter de considérer la colonisation française de l’Algérie comme un fonds de commerce.

Ce qui laisse penser pour n’importe quel idiot qui l’écoute que l’Algérie ne peut exister qu’au travers d’une réalité vénale étendue sur la scène du monde comme un corps inerte que seuls les prétendants à son plaisir ont le droit d’estimer le prix. Le patron du RND et chef du gouvernement cause de notre bled comme s’il n’est pas au courant que ce sont ses ancêtres qui ont invité les deux plus grands pirates que le monde ait connu pour les défendre contre l’invasion espagnole.

Ils arrivèrent dans son pays sans aucun mandat de souveraineté sinon par la seule force de leurs vaisseaux corsaires craints par l’ensemble des puissances navigant en Méditerranée. Et puis il cite les anecdotes de la Régence à la manière dont on lit un illustré pour adolescents mettant en procès héroïque des raïs retenus par les historiographes comme étant plus des chefs de bandes que des dirigeants de cité. Pour enfin tomber dans le minable en accusant le noceur Hussein Dey d’abandonner la belle effondrée entre les mains de Charles X, le nouveau maître du harem !

Mais enfin l‘autoproclamé défendeur exclusif de la "grande maison" revient sur la guerre de libération, où il était encore en barboteuse, deux années avant la venue au monde de Recep Erdogan et deux avant celle de Nicolas Sarkozy, pour dire que l’ancien proxo de l’Algérie de la Régence ne voulait pas soutenir la révolte contre les nouveaux maîtres chrétiens.

Cela remonte à plus d’un demi-siècle, un jeune dirigeant de l’époque s’il est encore vivant aujourd’hui et s’il est encore dans les affaires, un peu comme Bouteflika, on ne peut pas lui faire dire que l’eau n’a pas coulé sous les ponts et que le monde a pu bien changé mais qu’elle a été la position de Ahmed Ouyahia à une semaine seulement du départ des troupes françaises pour la Libye avant la course poursuite contre Kadhafi et sa smala ? Ne jurait-il pas par toutes les fraternités envers le guide de la Tripolitaine pour que du jour au lendemain il serre la main d’un CNT, complice de son assassinat, qu’au fond de lui-même il exècre, tout en sachant qu’il est aussi illégitime que son parti ? Et le Front de la fermeté avec ses amis et frères de la Syrie au même titre que la fratrie dans l’Otan qu’il dénonce mais qu’il applaudira demain à la rentrés des Gi’s dans Alep, Homs et Damas ?

Mais l’Algérie qui se respecte, malgré les tonnes de privations, sur sa patience et sur celle de ses enfants que le régime qui installe Ouyahia et ses compères qui acceptent les dividendes de l’humiliation face à une juxtaposition de scrutins quasiment mixtes, convie à réapprendre l’invention d’une histoire de politique libidinale qui ne les concerne pas, cette Algérie-là n’accepte absolument rien de la Grande maison telle qu’imaginée par celui qui a depuis très longtemps oublié de se la reprofiler comme celle de Mohamed Dib, qui nous ressemble énormément : l’Algérie du don de l’honneur. Qui ne se reconnaît nullement, Dieu merci, dans des encanaillements individuels ou groupusculaires au profit de simples intérêts de la bonne chère capables des pires saloperies discursives.

Un entretien avorté avec Ageron

En décembre 1988 à Paris allant couvrir un grand colloque au Cnrs, organisé par le département de l’Histoire du Temps Présents, "La Guerre d’Algérie et les Français", j’ai interviewé chez lui dans sa tour, Charles-Robert Ageron – j’avais raté de peu Mohamed Harbi, le seul historien algérien invité. Nous avons rempli trois cassettes Tdk, fraîchement achetées de chez la Fnac de Montparnasse. Par coïncidence, il venait de terminer une causerie téléphonique avec François Mitterrand. Le président français l’avait appelé pour le rencontrer à propos de son point de vue sur la tenue du colloque.

Mais l’entretien tenait surtout autour des évènements survenus deux mois auparavant. A mon retour comme un imbécile j’avais laissé les cassettes entre les mains du rédacteur en chef en même temps que leur retranscription. L’interview ne passa pas et les enregistrements avaient disparu. J’ai appelé je monumental historien pour demander si par hasard il n’aurait pas lui aussi fixé discrètement, il éclata de rire en me disant : "Avant même que vous rentriez dans l’ascenseur, j’étais convaincu que notre discussion ne paraîtrait pas dans votre journal ! Mais j’ai toutefois pensé que vous conserveriez pour la banque."

Dans l’entretien, le professeur Ageron développait le concept de l’indépendance de l’indépendance. Je me rappelle que j’avais passé des documents dans ce sens à Malika Abdelaziz qui était très pointue sur l’Histoire de la contemporanéité. Elle avait un grand problème avec le gouvernement à l’époque et je n’ai pas voulu lui en ajouter de mon côté en lui parlant de la disparition des cassettes. La parole qui m’a le plus marqué dans la longue discussion, pour en revenir à l’ineptie lascive de Ahmed Ouyahia, c’est quand il disait : "Au rendez-vous avec François Mitterrand, ce n’est pas l’historien qu’il va devoir accepter de recevoir mais un ami qui va lui parler d’un évènement qu’il a vécu, c’est là la différence fondamentale."

Le patron du RND ne partage pas ce point de vue quand il rencontre son homologue de l’UMP.

Nadir Bacha

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Commentaires (14) | Réagir ?

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Capri Capricorne

@'Simply (Market?) : J'ai bien sûr lu le livre de Péan dont vous parlez et je me demande par contre si vous-même l'avez lu. Dans ce livre Pierre Péan cite carrément les familles qui se sont emparées du trésor de la régence d'Alger. La famille d' Ernest-Antoine Seillière l'ex patron des patrons avant Laurence Parisot et celle des Schneider en sont les principales. Je ne vois en tout cas pas le rapport. Toujours est-il, en parlant d'argent, que les sommes astronomiques dont dispose Bouteflika n'ont pas servi à construire la moindre ville algérienne. Les français en ont fait beaucoup mieux que les marocains d'Oujda qui n'ont rien foutu en 50 ans (près de la moitié de la période de la colonisation française)

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Simply

@ capri capricorne

Je ne comprends pas ce que vous voulez dire par (Market ?). Je ne parle que des gens honnêtes, qui le méritent, en les nommant respectueusement. Je ne cite jamais les personnes malhonnêtes, qui n’ont jamais cessé de piller l’Algérie à ce jour, comme certains mafieux du Medef et du CAC 40 évoqués dans l’ouvrage de Monsieur Péan. Si l’Algérie n’avance pas, c’est à cause du régime illégitime, que la France a placé, pour garder l’Algérie comme un grand marché pour sa quincaillerie, au détriment des intérêts du peuple algérien. Et ce régime illégitime n’est là que pour la servir.

Et c’est ce régime illégitime qui a tué Le Président Boudiaf qui s’était fixé comme objectif principal de réconcilier les Algériens avec eux-mêmes, et avec leur histoire. Il s’était juré de reconstruire l’économie algérienne et de la mondialiser en adhérant à l’OMC et en créant de véritables partenariats économiques et industriels avec les plus grandes puissances du monde pour éradiquer l’influence négative et mortelle de la France néo-coloniale. Des projets gigantesques ont été sabotés en Algérie, en utilisant le régime illégitime à sa solde (toute l’industrie automobile avec VW, toute l’industrie pharmaceutique et biotechnologique avec les USA, les Allemands et les Japonais). Des villes et des infrastructures de bases ultramodernes étaient programmées le long du littoral Algérien (la ville Alger Médina, la baie d’Alger, la baie d’Oran, d’Annaba…..). Des Algériens très compétents et très performants ont quitté l’Algérie de force, à cause de ce régime illégitime. Et je ne parle pas des projets gigantesques des investisseurs algériens comme ceux de l’honorable Monsieur Rebrab….., qui ont été découragés par ce même régime illégitime.

Il a quelque chose de très gênant dans votre commentaire. Vous citez tout le temps la France coloniale et les villes algériennes au « style français », pourtant construites grâce aux richesses algériennes et à la mains d’œuvre Algérienne exploitée à mort. J’ai l’impression que vous vénérez la France coloniale. On ressent dans vos commentaires, que vous regrettez même son départ.

Je ne partage ni votre avis, ni vos idées.

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Simply

@Capri Capricorne, je veux bien débattre avec vous, avec plaisir.

Les constructions évoquées dans votre commentaire étaient réalisées avec les richesses du peuple algérien, la sueur et le sang des Algériens. Pour cela, je vous suggère l’ouvrage d’un honorable écrivain Français, Pierre Péan, qui a démontré clairement le vol du trésor de la régence d’Alger estimée à l’époque à 10 milliards de Francs à l’époque. Je vous laisse deviner ce que cela représente actuellement. Cet écrivain a également démontré et établi l’enrichissement, par le vol et le pillage des richesses algériennes, de certains Français qui sont devenus des notables très influents même dans la France actuelle.

Je reviens sur ces constructions coloniales en Algérie évoquées.

Ces constructions étaient destinées uniquement aux Français et aux européens blancs, croyant que l’Algérie était pour eux éternellement, après avoir commis un génocide permanent, que la France essaie d’effacer des mémoires, en utilisant en Algérie le régime illégitime Algérien, à sa solde, qu’elle a placé et noyauté à la tête de l’Etat algérien, la veille de l’indépendance, en le conseillant sournoisement et en le mouillant jusqu’au cou, pour obtenir, par le chantage et la pression tout ce qu’elle veut, tel que notamment, les marchés juteux Algériens, comme le prouvent les affaires Lafarge, Renault la destruction de grandes banques Algériennes scandalisées artificiellement…. Tout cela réponds à la stratégie du complot permanent Français au Maghreb, qui a pour objectif de bloquer en priorité, le développement de l’Algérie, par tous les moyens.

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