Le tourisme algérien : la triple fracture

Quelque part dans l'immense Sahara algérien
Quelque part dans l'immense Sahara algérien

Le tourisme n’est pour le moment ni à l’abandon ni à la transformation totale par les Hamassiste, ni non plus, au renoncement d’une recherche constructive, mais il reste séparé par une société alternative.

Séparé définitivement sûrement par les fonctionnaires rétrogrades qui le gèrent maintenant, et qui le définie comme étant un tourisme "réformiste positive". Mais pour le maintenir "positif" dans cette perspective, il faut d’abord le rallier à un islamisme tempéré. Alors que là, la gestion reste anarchique. Cet ordre existant du ministère du Tourisme diffère totalement de la vision perspective révolutionnaire des Algériens. Sur la manière d’abord et sur ce dont on pense possible de parvenir à une société nouvelle ensuite. En un mot Le réformisme du tourisme de Smaïl Mimoun est impossible et il n’y arrivera jamais par la voie de l’accumulation des interdits ni par ces insignifiantes touches successives promotionnelles non rentables de l’ONT, sans affrontement central, voir violent avec les professionnels ou encore même avec la nébuleuse Gestour.

Il est clair que si l’on s’en tient à cette seule définition établie par le redoutable Smaïl Mimoun, il ne serait aujourd’hui, et depuis bien longtemps, plus possible de définir la politique du tourisme. Le point de départ pour définir cette politique aurait été dans un parti émancipateur au moins, autant dans ses liens avec la classe politique que dans son programme, ou ses prises de position qui, pour le Hamas en tout cas, vacillent en fonction des situations, de "à gauche toute" ou "à droite toute".

Première fracture : un ministre de gestion du système

Le parti d’où est issu ce ministre du tourisme s’est progressivement vidé de son contenu social, politique, idéologique. Il est devenu une formation représentant les couches privilégiées de commerçants, de businessmen, des cadres et de professions libérales, dirigé, pour l’essentiel, par des hauts fonctionnaires formés dans l’opposition islamiste, les institutions financière opaques, ou à la direction de petits groupes industriels. Les structures dirigeantes d’où est issu le ministre du Tourisme se sont calquées sur celles de l’Etat et des groupes de communications et se sont démarquées par un certain décrochage avec les classes populaires et par une intégration croissante de ses appareils dans les sommets de l’Etat et dans les conseils d’administration privés des entreprises industrielles et financières. En gérant le tourisme, Smaïl Mimoun s’est fixé le pari de changer les idées et le comportement des citoyens algériens. Seulement là, il s’est fourré le doigt jusqu’au coude, Le tourisme étant apolitique, hautement technique et purement commercial. Et dans les deux cas, lui comme ses fonctionnaires sont out.

Dans une autre logique opposée, l’ex-ministre de l’Environnement, du tourisme et de l’aménagement du territoire de l’époque, Cherif Rahmani déclarait au printemps 2004 : "Pendant longtemps on a défini le tourisme par l’appropriation collective de ce que nous avons comme moyens de productions et des services, cela n’a plus le même sens aujourd’hui. Notre politique a dépassé la question de la nature, de la propriété des moyens de production touristique par ces services […] ce qui compte, pour moi, en l’occurrence, ce sont les fins de la politique que nous conduisons : l’emploi, la croissance, un développement économique et industrielle de nos hôtels par une sérieuse mise à niveau, et la place de l’Algérie dans le bassin méditerranéen. Si défendre ces objectifs nécessite d’ouvrir le capital public, voire de le privatiser, nous y consentons." Voilà qui était réfléchit.

Mais face aux dégâts croissants que mène M. Mimoun ces dernières années et son équipe sur la quasi-totalité des secteurs, puisque désormais, il possède une longue et forte expérience du pouvoir, nous restons confrontés à ce que l’on peut appeler les actions actuels à un réformisme sans réformes ou un réformisme touristique-catastrophique sans précédent dans le monde du tourisme qu’a connu l’Algérie jusque là.

Deuxième fracture : la solitude malgré tout

Puisque la classe ouvrière des agences de voyages et hôtelière continue à avoir des liens toujours solide avec les tours opérateurs étrangers, et pas seulement au niveau Français. Les liens entre les tours opérateurs algériens et ceux de l’autre côté de la Méditerranée ainsi qu’au USA et au Canada, les classes professionnels au tourisme organisé se sont significativement distendus des politicards bricoleurs de la place solière en haut de la rue Didouche Mourad, mais ne sont pas rompus. Tout projet fondé sur l’idée que le tourisme algérien est mort constituerait une grave erreur. Les agences de voyages de notre pays ne sont pas des organisations statiques, elles ont la capacité de s’adapter aux nouvelles périodes, comme elles l’ont fait en adoptant le dos rond durant les années pénibles du terrorisme. Le tourisme ne subit pas de façon linéaire une perte de sa base de contacte. Il ne fait qu’attendre le moment opportun. Eventuellement, le remplacement de cette équipe de trocarts.

L’histoire nous a montré plusieurs fois que, malgré les nombreuses trahisons des dirigeants au tourisme ou d’autres secteurs, les professionnels des voyages et de l’hôtellerie, continuent à avoir de l’audience parmi les TO étrangers. Que ce soit dans des périodes de radicalisation Fisistes ou dans des situations particulières comme celle que nous vivons actuellement. Effectivement, même si les incompétents du secteur se sont faits totalement désavoués par la population algérienne en fin du mois de décembre, qui, d’une part, ont complètement ignoré les interdits du gouvernement mais d’autre part ont toujours su démoraliser le secteur du tourisme national, préférant souvent et à juste titre les services tunisiens et étrangers à la médiocrité des taudis de Gestour. Mais aussi par la capacité de la rue à faire changer les choses… Ce qui est une façon de sanctionner directement et plus sûrement les politiques du tourisme et des services ou de toute autre administration en Algérie. Ainsi, le décalage entre le niveau de compréhension des responsables et les résultats sur le terrain montre que la majorité des décideurs n’ont rien compris aux désirs des citoyens, comme d’habitude. Même si l’hôtellerie qui a connu une évolution par sa mise à niveau, ne tardera pas pour autant de se couper toute seule, et automatiquement, de ses liens avec la classe du Hamas. Le réformisme maladroit de la gestion de l’équipe des fonctionnaires incompétents au tourisme, comme on a pu le voir, a la capacité de faire semblant d’utilité douteuse ou par des discours trop flatteurs, mais les résultats restent toujours catastrophiques et contraires à l’attente.

La troisième fracture

La signature de cette fin d’année par des citoyens algériens de l’interdiction d’aller dans l’Adrar a été un mardi rouge comme l’Oasis, fait de couleur bleu nuit chargée d’étoiles. Cette signature a enterré le rêve du parti du ministre du Tourisme, incapable de forger une coalition qui se voudrait "nationale". La visite du désert de touristes nationaux et étrangers par centaines à pris des allures "tribales". Le bloc algérois a dominé l’Arar et les étrangers ont pris la relève. La fracture à la politique, on le sait, recouvre des divisions plus profondes encore. Ce sont trois idées de l’Algérie, mutuellement exclusives, qui se sont affrontés. Celle de l’hôtellerie, celle des agents de voyages, et celle qui a pris la contestation légitime et qui, pour la première fois est monteé au créneau. Le mouvement d’une nouvelle association sans "différences" que veut dessiner le tourisme populaire contre les hérésies d'hier, et les inconséquences d’une politique centrale a reçu notre bénédiction.

.. Que stagnent alors les fameuses "deux solitudes" (Gestour et l’ONT), dans la confusion la plus totale. Il s’est installé un nouvel espoir pour :

L’hébergement comme objectif, dans la diversité des paysages au cadre impressionnant tel qu’a Timimoune avec le beau Ksar Massine, le confort de chez Boudraa ou la poésie à Tala chez Hamid Krache. Puis on ne verrait, au fond, aucun inconvénient à ce que l'idée qui fonde l’Algérie contemporaine - bilingue et multi-culturaliste – que pour le reste, nous citoyens nationaux soyons jetés aux oubliettes par l’Office du tourisme. (ONT) çà ne dérange pas, n'en déplaise à Zeriab voyages et à son double joue d’hypocrite. La voie des investisseurs au savoir-vivre reste royale pour les tenants de l'avènement d'une Algérie hautement touristique. Mais pareil constat ne doit pas faire oublier la propension éternelle des Algériens, de tous les Algériens, à se plaindre de ce jeu de bascule plus ou moins subtil qui se confond presque avec l'identité nationale.

Fayçal Maarfia

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Commentaires (1) | Réagir ?

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mstfa yazid

Sans trop verser dans les affaires personnelles ou politiques politiciennes, je crois que ce ministre et ceux qui l'ont devancé devait commencer par le commencement : procéder à l'étude de l'existant. Si les données geographiques et climatiques sautent aux yeux : l'Algérie a le droit de pretendre à une part de l'economie touristique internationale. Les données humaines et politiques constituent des obstacles majeurs) l'exploitation du potentiel naturel à des fins touristiques.

-obstacles humains :

+rareté d'une main d'oeuvre bien formée et absence d'une politique en la matiere.

+sur le plan culturel, l'algerien, tel qu'il a été "profilé" par une culture du parti unique basée sur une fausse notion du "nif", de la fierté et de la communication avec autrui, le rend inapte à "obeir" aux ordres et à "servir".

+sur le plan collectif, l'idéologie répandue par le FLN, et qui rend l'"étranger" responsable de tout ce qui ne marche pas en Algérie, a altéré deux données ancestrales du pays: le bon accueil et l'hospitalité.

obstacles politiques:

+le pays ne peut prétendre à une économie alors qu'il pratique une politique agressive et belliqueuse avec ses voisins immédiats et avec les pays "porteurs" de touristes.

+l'Algérie ne peut être visitée par les étrangers tant que la situation qui prévaut ne change pas.

Pour ce faire, un changement politique est nécessaire.