Nigeria : huit personnes tuées dans une nouvelle attaque d'une église

Le groupe criminel Boko Haram est repassé à l'acte après l'ultimatum
Le groupe criminel Boko Haram est repassé à l'acte après l'ultimatum

Des hommes armés ont ouvert le feu vendredi sur des fidèles tuant au moins huit d'entre eux au cours d'une nouvelle attaque dans une église à Yola, capitale de l'Etat d'Adawama (nord-est du Nigeria).

"Des corps ont été amenés après l'attaque dans l'église, nous avons entre huit et dix corps", a-t-on ajouté de même source. L'attaque a eu lieu vendredi soir à Yola où au moins 17 personnes ont été tuées dans une autre attaque contre des chrétiens, plus tôt dans la journée, dans une maison où ils étaient venus rendre visite à des proches d'une personne assassinée la veille par des inconnus.

La secte islamiste Boko Haram a revendiqué vendredi cette série de violences survenue deux jours après l'expiration de son ultimatum aux chrétiens pour qu'ils quittent le Nord du pays. Toujours dans le nord, une autre attaque avait visé jeudi soir des fidèles réunis en prière dans une église de la localité de Gombe. Les assaillants avaient ouvert le feu, tuant six personnes, selon des témoins.

"Ces attaques sont l'une des conséquences de la fin de notre ultimatum", a déclaré à la presse par téléphone Abul Qaqa, un homme qui s'est déjà exprimé plusieurs fois au nom de Boko Haram. L'ultimatum, fixé par ce même porte-parole et qui avait expiré mercredi soir, ordonnait aux chrétiens vivant dans le nord du Nigeria de quitter cette partie du pays majoritairement musulman.

Le sud du Nigeria, une nation de 160 millions d'habitants, est lui à dominante chrétienne. Cependant, des millions de musulmans vivent dans le sud et des millions de chrétiens dans le nord. Dernier incident en date, des hommes armés ont attaqué vendredi en fin d'après-midi à l'arme automatique un commissariat de Potiskum, ville du nord-est régulièrement la cible des attaques des islamistes.

Au cri de "Allah Akbar" (Dieu est grand), un groupe d'assaillants a encerclé le commissariat et ouvert le feu de façon indiscriminée sur le bâtiment, ont indiqué des habitants. Aucun bilan n'était encore disponible vendredi soir. Dans sa déclaration à la presse de vendredi, le porte-parole de Boko Haram a posé comme condition à la fin de ces attaques que le gouvernement central libère tous les membres de l'organisation actuellement détenus. De nombreuses attaques ont été imputées par les autorités à la secte islamiste qui multiplie depuis des mois des actions meurtrières.

Boko Haram a notamment déjà revendiqué l'attentat suicide d'août 2011 contre le QG de l'ONU dans la capitale Abuja qui a fait 25 morts. Ses opérations semblent avoir pris une nouvelle dimension avec une vague d'attentats le jour de Noël (49 morts) visant en particulier des églises. Beaucoup craignent une flambée de violences interconfessionnelles. Des responsables chrétiens ont menacé récemment de se défendre si des chrétiens étaient à nouveau visés.

"Nous n'appelons pas les chrétiens à la vengeance mais nous les appelons à se mettre en alerte et à se protèger, à protèger leurs familles et leurs biens contre ces attaques", a réagi vendredi le chef de la principale organisation chrétienne du nord, la CAN.

"Nous pouvons frapper partout où nous voulons"

Le président Goodluck Jonathan a décrété le 31 décembre l'état d'urgence dans des Etats du centre et du nord-est concernées par les violences de Boko Haram, mais cela n'a pas empêché de nouvelles attaques. "Nous étendons notre zone d'action à d'autres régions pour démontrer que l'état d'urgence proclamé par le gouvernement nigérian ne nous dissuade pas (...)", a commenté à ce propos le porte-parole de Boko Haram.

Les localités de Mubi et Gombe, où ont eu lieu les trois attaques meutrières menées depuis jeudi soir, ne sont pas dans des régions concernées par cet état d'urgence. "Nous pouvons frapper partout où nous voulons", a-t-il menacé. Mercredi soir, des explosions avaient secoué deux villes du nord-est où la mesure est en vigueur. Elles n'avaient pas fait de morts mais avaient été également revendiquées par Boko Haram.

Le Nigeria est d'autant plus sous tension actuellement que le président a annoncé la suppression le 1er janvier des subventions des prix du carburant. La mesure, largement impopulaire, a fait plus que doubler les prix de l'essence. Des manifestations de Nigérians en colère, parfois dispersées à coups de matraque ou de gaz lacrymogènes, ont lieu chaque jour à travers le pays.

Boko Haram a affirmé vouloir une application stricte de la charia dans le pays. La secte avait lancé une insurrection en 2009, violemment réprimées par l'armée, faisant environ 800 morts. On sait peu de choses sur le groupe qui serait divisé en plusieurs factions, dont une ayant des liens politiques et une autre une idéologie islamiste très dure. Certains le soupçonnent de liens avec la branche maghrébine d'Al-Qaïda, mais aucune preuve n'a été apportée.

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