Syrie : 46 morts dans un sanglant attentat-suicide à Damas

Les Frères musulmans accusent le régime d'être derrière les attentats.
Les Frères musulmans accusent le régime d'être derrière les attentats.

L’explosion a touché le quartier de Maïdane, dans le centre de Damas, vendredi 6 janvier. Au moins vingt-cinq personnes ont été tuées et quarante-six autres blessées, a indiqué la télévision publique syrienne, qui attribue les faits à des "terroristes".

"L'attentat a eu lieu dans un quartier populaire, près de l'école Hassan Al-Hakim, dans un lieu bondé, a précisé la télévision. L'attentat terroriste a visé les habitants. L'explosion a été puissante et les ambulances se dirigent vers le quartier." Des images très dures — qui peuvent choquer — ont montré des restes de corps dans un sac plastique noir, des gravats jonchant le sol, des flaques de sang et plusieurs voitures calcinées aux vitres brisées.

C'est le deuxième attentat depuis deux semaines. Le premier a eu lieu le jour de l'arrivée des obsevateurs de la Ligue arabe. Le mode opératoire des deux attentats suggère qu'il a été commis par des professionnels. Les Frères musulmans syriens ont accusé le régime de Bachar Al-Assad d'être derrière l'attentat. L'organisation a également demandé l'ouverture d'une enquête internationale. "Les services secrets du régime et ses gangs en sont les seuls bénéficiaires et les seuls à même de le commettre", a déclaré un de ses porte-parole.

Le 23 décembre, quarante-quatre personnes avaient été tuées et cent soixante-six blessées dans deux attaques-suicides à la voiture piégée dans la capitale, les autorités syriennes les imputant alors à Al-Qaida, alors que l'opposition accusait le régime.

Ces attaques, qui n'avaient pas été revendiquées, avaient visé la Direction de la sûreté générale, le plus important service de renseignement civil, ainsi qu'un bâtiment de la sécurité militaire dans le quartier de Kafar Soussé. Il s'agissait des premièrs attentats du genre depuis le début de la révolte populaire, le 15 mars, contre le régime, qui refuse de reconnaître l'ampleur de la contestation et accuse des "gangs armés terroristes" de créer le chaos dans le pays. Lors de cette attaque déjà, les Frères musulmans avaient accusé le régime d'avoir "fabriqué" l'attentat. Une question : qui profite de ces attentats ? Le régime bien sûr qui chercher coûte que coûte à détourner l'attention internationale en accusant tantôt Al Qaida, comme l'avait fait d'ailleurs Mouammar Kadhafi, tantôt les Frères musulmans ou alors "des bandes armées". Le régime syrien est prêt à tout pour étouffer la contestation. Même le pire : organiser des attentats pour discréditer l'opposition. Des exemples ailleurs existent.

Observateurs et manifestations

Au moment où l'on parle des attentats, la répression des manifestations se poursuit un peu partout. Une cinquantaine d'observateurs de la Ligue arabe sont déployés pour surveiller la situation dans le pays. Leur mission a été largement critiquée, jusque dans leurs propres rangs, tandis que la répression ne faiblit pas. Les militants pour la démocratie ont ainsi lancé des appels à l'"internationalisation" de la crise syrienne par son transfert à l'ONU. Jeudi 5 janvier, l'Armée syrienne libre appelait même Ligue arabe àreconnaître l'"échec" de sa mission.

Dans le même temps, des milliers de Syriens ont commencé à manifestervendredi dans plusieurs villes du pays à l'appel de militants pour la démocratie, sous ce slogan révélateur : "Nous demandons l'internationalisation." Des manifestations une nouvelle fois marquées par une répression sanglante : deux civils ont été tués par les troupes qui dispersaient ces manifestations à Hama, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. A Homs, dans le Centre, un homme a été tué par les forces de sécurité alors qu'il se trouvait au balcon de sa maison. A Damas, des forces loyales au président Assad ont ouvert le feu sur plusieurs centaines de manifestants, faisant au moins trois blessés, selon un témoin.

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