Crise et drapeau de la manipulation : on débat

Crise et drapeau de la manipulation : on débat

Suite à la publication de l'article "L’Algérie un motif qui orne la carte", un internaute nous a écrit pour apporter des éléments de réponse audit article. Lecture.

En allant un peu plus loin dans la lecture, on s’enfonce dans la bêtise, dans l’orgueil et le superflu de son rédacteur. Pour commencer son récit, le "jeune universitaire" a posé des problématiques d’ordre métaphysique, se demandant si le drame algérien est une malédiction divine, ou une condamnation des cieux, puis pour nous éclairer et répondre à ses questions il nous expose quatre grandes causes : l’immaturité du peuple, le colonialisme, la crise identitaire et les élites.

S’il a raison d’évoquer le problème identitaire ainsi que l’absence des élites, il est totalement parti sur une mauvaise piste en évoquant les deux autres causes.

Parlant de l’immaturité du peuple, celle-ci découle plus de l’orgueil que de la réflexion, prétendre qu’il ignore ses droits et qu’il ne les revendique pas est une cécité et un refus de lui reconnaître les sacrifices qu’il a donné. Les dirigeants algériens eux mêmes considèrent que le peuple est immature, ils refusent de faire confiance aux nouvelles générations afin de prendre le relais, ils brandissent le drapeau de la manipulation étrangère à chaque fois qu’ils se trouvent face à de la résistance et de la revendication populaire, je cite les événements du Printemps berbère où tous les officiels se sont dépêché d’accuser la main étrangère de vouloir diviser le pays afin de limiter les manifestations et la révolte dans la seule région de la Kabylie. Je cite aussi les récentes manifestations qu’on a vite incombé à l’augmentation des prix de l’huile et du sucre comme si le peuple n’est qu’un tube digestif et ne se soucie que de manger, ces augmentations qu’on dépêche aussi de justifier en accusant de spéculation le producteur national.

Devant toutes ces situations les Algériens n’ont pas connu de répit, ils n'ont pas lésiné sur les moyens afin d’exprimer leur courroux, leur refus de mépris, ils l’ont fait en 1980, en 1988, en 2001 et ils le font encore tout les jours et à chaque fois ils le paient par le sang et par des vies ; voilà pourquoi traiter le peuple d’immature est une maladresse, parler de populace relève d’un affront car on n'est pas dans l’ère romaine où on distingue la plèbe des nobles, ni en Angleterre de Victoria qui est régie par un système de classes.

La légèreté de ce récit va encore plus loin en faisant des constats concernant les taux d’analphabétisme dans les villes algériennes sans évoquer la moindre ressources ni références. Ou peut-être la signature jeune universitaire en bas de l’article suffit-elle ?

En outre, même si le passé colonial pèse encore, il ne justifie guère notre sous-développement. Accuser la France de tout ce que l’auteur l’accuse relève de la paranoïa que d’autre chose. Même si elle garde un œil sur ses anciennes colonies, ce n’est pas pour autant qu’on doit l’accuser de tous nos maux, les investisseurs étrangers en Algérie ne sont pas que des Français, je rappelle que l’Algérie a "allaité" des petites entreprises moyen-orientales et que le pétrole algériens n’est pas exploité par Total seulement. Les Américains sont là aussi, et bien d'autres comme les Chinois

Pour ce qui est des accords d’Évian, il suffit de faire une recherche sur google afin d'en savoir un peu plus.

Enfin, nul n’ignore que nous vivons un sous-développement aigu et qu’un travail de fond est nécessaire sur nos institutions et nos organisations, par conséquent des réflexions sur ce sujet sont les bienvenues quand elles nous renseignent sur les remèdes à suivre, quand elles nous enseignent les méthodes curatives à entreprendre et non les insultes qui nous rabaissent, le mépris qui nous brise car on est assez méprisés par nos dirigeants gérontocrates.

Lyazid Souad

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Commentaires (1) | Réagir ?

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khelaf hellal

Ce qui fait défaut chez notre peuple, ce n'est pas son immaturité c'est à mon avis l'individidualisme d'interêts qui a gagné toutes les couches de la société ou encore l'absence de solidarité pour des problèmes communs qui vous touchent directement ou indirectement. Je prends un cas simple : le malaise des retraités, leurs sittings de protestation n'ont pas fait bouger d'un iota les travailleurs en exercice et leurs syndicats, les étudiants et les lycéens comme on le voit dans les pays développés. On a vu aussi des personnes âgées de plus de 70 ans auxquelles l'Etat a attribué un logement social F2 ou F3 éclater leur joie en louant leur bienfaiteur de président : Tahia Bouteflika ! sachant qu'elles ont attendu un demi-siècle pour obtenir ce malheureux logement qui vient un peu tard n'est-ce pas ? et comme par hasard à la veille d'une échéance électorale. Ce qui est considéré comme un droit inaliénable garanti par la constitution est devenu ainsi une charité, ou une offrande accordée par le président- bienfaiteur qui vous attend au tournant des élections prochaines. Vous conviendrez qu'une charité et un droit sont deux choses différentes et qu'en plus il n'y a pas de quoi jubiler lorsque vous bénéficiez d'un droit qui aurait du vous être accordé par ce système il il y a trente ans ou quarante ans auparavant. L'Etat prend tout son temps d'acheter la paix dans une contrée en attendant que le feu se déclare dans une autre parceque la solidarité du peuple a foutu le camp et c'est pourquoi la révolution contre la hogra, contre le deni des droits, contre la corruption, contre la repression des libertés peut toujours attendre.