France : Claude Guéant s'attaquera à "la délinquance étrangère"

Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur français.
Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur français.

Le ministre de l'Intérieur veut priver de titre séjour un étranger qui se rendrait coupable d'un délit grave.

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a mis, jeudi, la "délinquance étrangère" au menu de la campagne présidentielle de 2012 en appelant de ses voeux des "mesures spécifiques" qu'il espère voir prises avant les élections. Si une étude de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) sur ces actes de délinquance commis par des ressortissants étrangers est attendue en janvier, Claude Guéant explique d'ores et déjà qu'elle est "supérieure à la moyenne" et appelle des "mesures spécifiques".

Ainsi, le ministre entend faire adopter dans les prochains mois une loi qui permettrait de priver de titre séjour un étranger qui se rendrait coupable d'un délit grave, dès lors qu'il vit en France "depuis peu de temps" et qu'il n'a "pas d'attache familiale", a-t-il expliqué sur Europe 1. Ces personnes "en commettant un acte de délinquance montrent qu'elles ne s'inscrivent pas dans un processus d'intégration", a-t-il ensuite commenté sur France 2. "Ce n'est pas du tout le retour de la double peine", qui avait été supprimée par Nicolas Sarkozy, a affirmé Claude Guéant, expliquant qu'il n'était "pas question d'appliquer ce régime à des personnes qui disposeraient d'une carte de séjour en France, qui auraient une famille, des enfants, etc.".

Projet présidentiel

Dans la journée, le Monsieur Sécurité de l'UMP, le député Éric Ciotti, s'était dit "prêt à porter à l'Assemblée nationale" une proposition de loi et Claude Guéant assure vouloir "faire l'impossible" pour qu'un texte soit adopté avant la présidentielle. Il est toutefois improbable qu'une telle loi puisse être adoptée avant la fin de la session parlementaire, c'est-à-dire avant fin février, surtout avec l'opposition prévisible de la majorité de gauche au Sénat.

Ce projet de Claude Guéant a été discuté mardi soir lors d'un déjeuner entre le ministre et des parlementaires UMP, selon des sources concordantes. Selon un autre participant, "il s'agissait plus d'idées à intégrer dans le projet présidentiel" que de l'esquisse d'une loi rapide. Mais "cela a sans doute été validé par l'Élysée" depuis, poursuit cette source.

À l'automne, Claude Guéant avait suscité un tollé, accusé d'établir un lien entre délinquance et immigration, quand il s'était inquiété de la "délinquance commise par des Roms" en France, "particulièrement cruelle puisqu'elle utilise beaucoup les enfants". Un an après une vive controverse avec la Commission européenne, il s'était toutefois défendu de stigmatiser les Roms.

"Délinquance d'habitude"

Jeudi, le ministre a également répété son intention de s'attaquer à la récidive, une piste pour, selon Éric Ciotti, "améliorer la lutte contre la délinquance, notamment cette délinquance d'habitude", au moment où les cambriolages et les violences aux personnes, les deux points noirs de la délinquance, restent en hausse.

Ainsi, Claude Guéant souhaite que les peines plancher, aujourd'hui réservées aux récidivistes, puissent être prononcées contre des réitérants, c'est-à-dire des personnes condamnées par le passé pour des délits différents de ceux pour lesquels elles sont de nouveau jugées. Ces annonces de Claude Guéant interviennent alors que la gauche attaque vivement depuis plusieurs semaines le bilan de Nicolas Sarkozy dans la lutte contre la délinquance.

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