Des dizaines de syndicalistes bastonnés et arrêtés à Alger

Syndicalistes et enseignants ont été embarqués sans ménagement vers des commissariats d'Alger.
Syndicalistes et enseignants ont été embarqués sans ménagement vers des commissariats d'Alger.

Représentants syndicaux et simples manifestants ont été arrêtés et embarqués mardi dans différents commissariats de la capitale avant même qu’ils organisent leur rassemblement.

La répression policière est la meilleure preuve des véritables intentions de ce pouvoir. Daho Ould Kablia n’aime pas la contestation, les voix discordantes. Pour eux la démocratie n’est bonne que quand elle sert leurs intérêts. Comme le président, il préfère la gouvernance verticale. Autoritaire.

Quel crédit donner à ce gouvernement et le président quand on voit comment sont traités les mouvements de protestations les plus pacifiques ? Il y a quelque chose d’indécent à parler de réformes démocratiques quand on envoie les policiers bastonner d’inoffensifs retraités ou enseignants. Rien dans les pratiques du pouvoir, plus particulièrement son ministre de l’intérieur ne donne l’espoir de lendemains qui chantent.

Il faut dire que le ministre de l’Intérieur sert avec un certain zèle le président. Mercredi encore, Daho Ould Kablia a préféré envoyer ses policiers cueillir brutalement les syndicalistes et autres manifestants que d’engager des discussions.

Sans ménagement, les policiers ont procédé à des arrestations en masse parmi les syndicalistes avant même que ceux-ci organisent leur rassemblement auquel ont appelé le Conseil des lycées d’Algérie (CLA), le Syndicat national des corps communs des ouvriers professionnels de l’Education nationale (Snccopen) et le Syndicat national des travailleurs de la formation professionnelle (Sntf). Le tort de l’intersyndicale ? Revendiquer le numéro d’enregistrement de leurs formations respectives. Mais au ministère de l’Intérieur, il est plus facile de sortir les matraques et les paniers à crabes que de s’attabler pour entendre une parole contradictoire. A chacun ses vertus ! Il faut reconnaître aux services de police le sens de l’anticipation puiqu’ils ont cueilli les représentants syndicaux à la gare routière de Kharouba, avant même qu’ils ne fassent quoi que ce soit.

Aussi, comme à chaque mouvement de protestations, les commissariats d’Alger ont été remplis de représentants syndicaux avant même que ceux-ci aient rejoint leur lieu de rassemblement. C’est dire le maillage répressif et l’efficacité des services d’Ould Kablia quand il s’agit de bastonner les manifestants.

Dans une déclaration, le Conseil des lycées d’Algérie s’insurge contre "le recours à la force publique pour empêcher des syndicalistes de s’exprimer pacifiquement". Cette organisation syndicale qui était, pour l’occasion, en train de rendre hommage à son fondateur Redouane Osmane, n’a pas pu tenir la conférence-débat sur l’évaluation des années de réformes engagées dans le secteur de l’éducation, nous apprend El Watan. "Il n’y a même pas 48 heures, le président de la République parlait de transparence et de préparation de terrain favorable à la libre expression populaire, et voilà que ses hommes mobilisent les services de sécurité pour intimider les représentants des travailleurs qui ne cherchent pas à créer la zizanie, mais juste un document prouvant la légalité vis-à-vis des lois de la République tant défendue par les enseignants", lâche une syndicaliste du CLA. "Sommes-nous toujours en état d’urgence ?", s’interroge un autre syndicaliste.

Les enseignants passés à tabac

Il n’y a pas que les syndicalistes qui ont goûté au bras policier de Daho Ould Kablia. Les enseignants contractuels ont eux aussi éprouvé l’art de la matraque policière devant l’annexe du ministère de l’Education. Ils tenaient un sit-in quand ils ont été embarqués manu militari par les policiers. Le comble ! Comment demain, ces enseignants réprimés, humiliés et embarqués comme des malfrats vont transmettre une saine éducation à nos enfants ? Quelle image devront-ils retenir de ce pouvoir sans nul égard pour eux ? Dans une déclaration, le Snapap s’élève énergiquement contre la répression dont ont été victimes les enseignant. "C’est inadmissible que des professeurs qui revendiquent leurs droits pacifiquement soient traités de la sorte." Le syndicat compte organiser un rassemblement le 25 décembre prochain devant la présidence. Mais là encore, nous sommes à peu près sûr que le ministre de l’Intérieur a déjà instruit ses brigades pour encadrer El Mouradia et embarquer toute personne qui serait soupçonnée de manifester.

Comment croire à plus d'ouverture démocratique quand le citoyen assiste médusé à un tel déchainement répressif contre les organisations syndicales et les manifestants les plus pacifiques ? Entre les discours et les déclarations rassurants que prononce le ministre de l'intérieur dans les salons cossus d'Alger et la répression exercée sous ses ordres, il y a comme une contradiction difficile à ignorer.

Yacine K.

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Commentaires (6) | Réagir ?

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ali Foughali

C'est la fin du pouvoir il agonise, il titube, il montre sa dernière poche de venin, mais il sait que sa fin est proche et que la pyramide de mensonge dont la base est une dictature basée sur l’islamobaathisme s’effondre. Le cas le plus frappant c'est la Syrie. Le cinquantième anniversaire de l'indépendance sera fêté en tant que l'An 1 de l'indépendance réelle de l'Algérie... Nous aurons quand même perdu 50 ans.

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sadek Oumasseoud

Recham hmida laab hmida ! Tout ça est une comédie pour leurrer l'opinion. De fausses manifs suivies de fausses arrestations.

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