Vaclav Havel, ancien président tchèque, est mort

Vaclav Havel, l'artisan de la Révolution de velours.
Vaclav Havel, l'artisan de la Révolution de velours.

Affaibli depuis cinq mois par une infection pulmonaire, le dramaturge et ancien président tchécoslovaque Vaclav Havel est mort dimanche 18 décembre, a annoncé la télévision tchèque. L'information a été confirmée peu après par des sources officielles.

L'artisan de la "Révolution de velours" anti-communiste de 1989 et chef de l'Etat tchécoslovaque puis tchèque de 1989 à 2003 s'est éteint dans son sommeil, selon sa porte-parole Sabina Tancevova. Il avait 75 ans.

Après plus de cinq mois de réclusion à domicile imposée par ses médecins poursoigner une violente infection pulmonaire, Vaclav Havel a réapparu en public ses dernières semaines, vieilli mais toujours pétillant. Comme à son habitude, il a soigneusement choisi ses apparitions pour marquer sa différence et rappeler les valeurs qu'il défend depuis cinquante ans.

L’éternel dissident

Début octobre, l'ancien dissident anticommuniste, fondateur de la Charte 77, et ex-président de 1989 à 2003 de la Tchécoslovaquie puis de la République tchèque, avait fêté, comme il se doit, ses 75 ans. Havel avait réuni autour de lui, le 3 octobre à Prague, quelque 500 artistes, intellectuels et amis, dans la plus grande galerie privée d'art contemporain de la capitale. A commencer par Madeleine Albright, l'ex-secrétaire d'Etat américaine de Bill Clinton, et l'acteur britannique Tom Sheppard, tous deux d'origine tchèque.

Il avait ensuite participé à la 15e édition de la conférence internationale de Forum 2000 qu'il avait lancée, au début des années 1990, avec Elie Wiesel, l'écrivain américain d'origine roumaine, Prix Nobel de la paix, pour construire des passerelles entre les cultures. Cette année, les participants, dirigeants politiques, intellectuels et dissidents des quatre coins de la planète, ont échangé sur la démocratie et l'Etat de droit, menacés par la corruption et le capitalisme oligarchique, avec en filigrane la crise de la zone euro et de l'Union européenne.

En quelques jours, Vaclav Havel a livré une profession de foi condensée de sa vie et de son engagement qui l'a "projeté dans l'Histoire, même s'(il ne l'a) jamais voulu". Eminemment passionné par les arts et les idées, élevé dans les valeurs d'honnêteté, d'ouverture et de partage chères au président-fondateur de la Tchécoslovaquie, le philosophe Tomas Garrigue Masaryk, il ne pouvait que seheurter au régime communiste étouffant.

Ce dernier lui a fait chèrement payer son indépendance intellectuelle et morale - presque cinq ans de geôle -, et ses concitoyens, après l'avoir porté aux nues, sont divisés sur son héritage. Etre "havélien" est devenu une expression péjorative, pire encore que "communiste", dans la bouche des représentants dupouvoir politique actuel et des médias. Les partisans du président Vaclav Klaus, successeur de M. Havel au Château de Prague et éternel rival, se moquent ouvertement "des amis de la vérité et de l'amour", la devise havélienne tronquée - "l'amour et la vérité vaincront la haine et le mensonge".

L’écriture comme refuge

En quittant ses fonctions présidentielles en février 2003, au terme de son second mandat non renouvelable, Vaclav Havel espérait avoir du temps pour lire et écrire. Il s'était promis de n'intervenir qu'exceptionnellement dans la politique tchèque - ce que, du reste, il avait respecté.

S'il apportait à chaque élection son soutien au parti des Verts, quelles que soient ses perspectives électorales, il ne cachait pas qu'il était "déçu par les faibles résultats du gouvernement" actuel du libéral Petr Necas dans sa lutte contre la corruption, censée être sa priorité, et qu'il "est de plus en plus souvent en désaccord avec M. Klaus", comme il l'avait mentionné récemment au quotidien Dnes.

Regrettant qu'il "ne (parvienne) jamais à rattraper le temps perdu au service militaire (deux ans) et pendant les treize années présidentielles" en ce qui concerne la lecture, Vaclav Havel a réalisé en 2010 son premier film, Sur le départ, d'après sa pièce de théâtre éponyme. Film-théâtre ou théâtre filmé, son œuvre, mettant en scène un dirigeant politique incapable de quitter ses fonctions, a été inégalement appréciée par la critique et boudée tant par les spectateurs tchèques que par les distributeurs étrangers. Il s’était réfugié dans sa maison de campagne pour écrire. Il préparait une nouvelle pièce de théâtre, intitulée Sanatorium, car "après le départ, il ne reste que le sanatorium", ironisait-il au printemps.

Agences/Lemonde

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Commentaires (1) | Réagir ?

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oziris dzeus

"En quittant ses fonctions présidentielles en février 2003, au terme de son second mandat non renouvelable, Vaclav Havel espérait avoir du temps pour lire et écrire. "

Voilà un vrai Monsieur qui a fait quelque chose pour son pays. Une séparation à l'amiable entre la Tchéquie et la Slovaquie. il a évité a son peuple des morts inutiles. M. Vaclav est un écrivain, il aurait pu réécrire toute une nouvelle constitution pour son pays et pas seulement changer l'article concernant les mandats. M. Vaclav est un monsieur qui a voulu avoir d'autres occupations que la politique (un domaine qu'il maitrise). le nôtre ne sait rien d'autre à faire alors il allonge les mandats. écrivain, homme de théâtre, politicien de premier ordre, il a réussi sa vie, alors que nos génies.... ratent leur vies et leurs morts.