Rapport accablant des exactions du régime syrien

L'innommable est commis chaque jour par les fidèles au régime d'Al Assad.
L'innommable est commis chaque jour par les fidèles au régime d'Al Assad.

Ce rapport sur ce pays fermé à tout étranger ou journaliste est particulièrement terrifiant sur les méthodes utilisées par le régime de Bachar Al Assad pour briser l'esprit de révolte des manifestants.

L’horreur absolue. Au terme d’une enquête de deux mois et analysant des faits remontant jusqu’en mars, la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie a livré hier un rapport accablant sur les pratiques utilisées par l’appareil sécuritaire de Bachar Al-Assad, allant de récits de torture jusqu’aux meurtres ciblés d’enfants. Sans nier que des violences ont été commises de part et d’autre (d’autant que le conflit tourne à la guerre civile, avec également des actes barbares sur des alaouites ou des chrétiens), l’enquête se concentre sur les crimes d’Etat, dont certains sont d’ores et déjà classés au rang de crimes contre l’humanité.

Devant les refus réitérés de la Syrie de laisser les enquêteurs de l’ONU se rendre sur place, ceux-ci se sont appuyés sur un large réseau d’informateurs, dont des militants des droits de l’homme. Ils ont collecté des témoignages en direct de victimes, 223 au total. Parmi ces témoins, des personnes blessées ou emprisonnées au seul motif d’avoir manifesté ou d’appartenir à la famille d’un contestataire. Mais aussi des déserteurs dont le récit est particulièrement éclairant sur la manière dont l’armée a dès le début du conflit cherché à abattre, au sens propre, les contestataires, toujours visés au thorax ou à la tête. L’un d’eux raconte comment il a dû tirer sur une marche pacifique le 1er mai à Telbisa (province d’Homs), à laquelle participaient des enfants. «Les gens n’étaient pas armés. Ils portaient des branches d’olivier. L’ordre était de tirer en l’air puis immédiatement après de tirer dans la foule, sans laisser de temps entre ces deux actions. Il y eut beaucoup de morts ce jour-là.»

Le témoignage de ce déserteur en recoupe beaucoup d’autres, montrant que le ciblage de manifestations non armées est systématique. Les soldats qui refusent sont arrêtés ou tués. "Le 12 août, on a reçu l’ordre d’aller à la mosquée Omar al Khattab, à Duma (près de Damas), où environ 150 personnes étaient réunies, raconte un ex-soldat. On a ouvert le feu. Il y a eu des morts. J’essayais de viser en l’air. Plus tard, j’ai réalisé que des membres de la sécurité photographiaient. J’ai été interrogé et accusé d’être un agent secret. On m’a battu chaque heure durant deux jours; on m’a torturé avec des électrochocs."

Un autre déserteur raconte comment il a décidé de partir après avoir vu un gradé abattre une fillette de 2 ans en lâchant qu’au moins "celle-ci ne deviendrait pas une manifestante". Les enfants, selon les enquêteurs de l’ONU, subissent les mêmes traitements que les adultes lorsqu’ils se retrouvent en prison, violés et torturés, selon des témoignages d’ex-prisonniers ou les aveux mêmes de militaires ayant fui l’horreur. Au 9 novembre, 256 enfants, "selon des sources fiables", note le rapport, avaient péri sous les balles des forces de l’ordre ou en prison.

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