Quelle transition démocratique pour l’Algérie ?

Le système actuel se maintient par la peur et la répression. Jusqu'à quand ?
Le système actuel se maintient par la peur et la répression. Jusqu'à quand ?

En Algérie, les forces conservatrices viennent de vider le contenu des réformes proposées par le président de la République, et il fallait s’y attendre car déplaçant leurs segments de pouvoir (*).

Le pouvoir algérien doit se démarquer de sa vision culturelle sclérosée des années 1970 tant sur le plan politique, économique qu’en matière diplomatique. Nous sommes en 2011 avec des mutations géostratégiques considérables entre 2012/2020 qui préfigure de profonds bouleversements géostratégiques.

Avec la crise mondiale actuelle, la transition ne concerne pas seulement certains pays du Sud dont le Maghreb, mais également les pays développés qui doivent s’adapter aux nouveaux défis futurs du monde. Cette situation interpelle à plus d’un titre le Maghreb, inséré fortement dans l’économie mondiale tant à travers ses exportations/importations et pour certains pays comme l’Algérie pour le placement de ses réserves de change à l’étranger en bons de trésor US et en obligations européennes pour plus de 150 milliards de dollars. Comme la situation actuelle se caractérise par l’émergence de nouvelles forces sociales dans le monde arabe pour plus d’espace de libertés, je tiens à souligner que j’ai un grand espoir après le printemps arabe notamment en Tunisie, Egypte et Libye que l’avancée de la démocratisation, tenant compte des anthropologies socioculturelles, sera un facteur catalyseur de l’intégration économique du Maghreb et de l’Afrique du Nord.

Il ne faut pas avoir une vision de sinistrose et rappeler que la mise en place de la démocratie ne se fait pas par une baguette magique, elle demande du temps comme cela a été le cas en Occident et certains pays d’Asie et d’Amérique latine, et ce, en fonction des rapports de force tant au niveau internes (conservateurs/réformateurs) qu’international. Le Maghreb est le pont entre l’Europe et l’Afrique, continent qui a importantes potentialités en ressourcées naturelles et humaines, nécessitant une meilleure gouvernance pour horizon 2020. Selon le rapport de la BM, il faudra créer 100 millions d’emplois dans le monde arabe, et pour l'Afrique entre 1970/2008, nous avons assisté à 850 milliards de dollars de fuites de capitaux. Selon une enquête récente du FMI, cela représente plus de trois fois la dette africaine.

Ce continent abritera horizon 2020/2025 plus de 1,5 milliard d’âmes – un marché équivalent à celui de la Chine. La mise en place de nouvelles institutions démocratiques, occasionnent à court terme un ralentissement économique, impliquant comme contrechocs de nouveaux mécanismes de régulation sociale ciblées, donnent l’impression d’une anarchie, propagande des tenants des acteurs de l’ancien système, oubliant l’impasse systémique de leur politique ayant favorisé une société anomique. Il existe un lien dialectique entre les dictatures dans certains pays arabes et l’islamisme radical, je ne dis pas islam, religion de tolérance, cette composante étant une donnée politique au niveau du Maghreb, se fondant sur des valeurs de moralité face à des régimes souvent corrompus, à travers des réseaux de solidarité suppléant à l’Etat providence expliquant son succès, mais avec un programme socio-économique souvent flou qu’il s’agit de ne pas ignorer mais de canaliser vers les valeurs universelles.

Le terrorisme, qui est certes une menace planétaire, se nourrit de la misère et le manque de morale des dirigeants d’où l’importance pour les économistes et les politiques de saisir les liens entre éthique et développement. Il semble bien que les bouleversements actuels dans le monde arabe est bien le fait que les dictatures et les autoritarismes sont devenus, dans un monde complexe, de très graves menaces à la souveraineté et à l’indépendance de ces pays. Aussi, nous sommes les remparts de la lutte contre le terrorisme et demandons à l’Occident de nous aider à garder le pouvoir. Par contre, à moyen et long terme les nouvelles institutions réalisant la symbiose citoyens-Etat dans le cadre d’une société plus participative dont la régionalisation tenant compte de l’économie mondialisée est un des axes, sont porteurs d’un véritable développement durable avec plus d’efficacité économique et de justice sociale, les économistes parleront d’équité. Il s’ensuit qu’il y a lieu d’entrevoir une nouvelle conception des relations internationales, éloignée des relations personnalises entre chefs d'Etat tenant compte des aspirations des sociétés. Cela implique la refonte progressive de l’actuel système économique et politique international largement dépassé, en nous orientant vers un monde multipolaire et ce, par une nouvelle régulation mondiale, sous-tendant des gouvernances régionales par grands espaces. Il s’agit de concrétiser le respect des libertés économiques et politiques, des droits de l’homme et de la promotion de la condition féminine.

L'Algérie, sans modèle de croissance

Concernant le cas spécifique de l’Algérie, le Forum euro-méditerranéen des instituts des sciences économiques (Femise) vient de publier un nouveau rapport sur le bilan du partenariat euro-méditerranéen en novembre 2011, où il considère que le gouvernement algérien a été incapable de trouver une stratégie à long terme pour l’emploi des jeunes. Malgré la création des dispositifs Ansej, Angem et ANEM, les emplois créés "sont éphémères et sous-payés". Le chômage touche particulièrement les jeunes. Selon les estimations du BIT, 24,3% des jeunes sont sans emploi. Si l’Algérie n’a pas été touchée par de violentes révoltes populaires, comme ce fut le cas chez ses voisins, elle n’est pas pour autant immunisée contre un risque d’instabilité sociale persistant. L’imposition du crédit documentaire comme seul moyen de paiement dans les transactions du commerce extérieur a contribué à la dévaluation du dinar, en plus d’avoir augmenté le ratio d’endettement extérieur à court terme.

Le rapport précise également que si la politique monétaire de l’Algérie est relativement prudente, des risques pèsent sur la stabilité du dinar. Il évoque ainsi les poussées inflationnistes et l’instabilité sociale qui pourraient "signifier aux détenteurs de devises de voir l’euro comme une valeur sûre apparaissant préférable au dinar". Le Forum reprend également les observations du Fonds monétaire international selon lesquelles "les politiques monétaires et le taux de change devraient plutôt être orientés vers l’absorption de l’excès de liquidités généré par les recettes des hydrocarbures et parer l’inflation émanant des augmentations de salaires". Selon le Femise, malgré l’optimisme des pouvoirs publics alimenté par des indicateurs au vert, l’Algérie n’a pas encore trouvé de modèle de croissance susceptible de réduire les inégalités, le chômage et la pauvreté. Ainsi, à la lumière de ce qui se passe dans le monde arabe, l’Algérie a deux choix : faire des efforts pour réformer ses institutions et l’économie vers plus de démocratie et de transparence, ou régresser vers une attitude protectionniste dans un effort pour maintenir le statu quo politique. Aussi, tenant compte des bouleversements géostratégiques, le pouvoir algérien doit éviter la démarche bureaucratique autoritaire sans concertation, du fait qu’aux dernières élections législatives (parlement) que selon les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur les trois partis de la coalition (FLN-RND-MSP) formant l’actuel gouvernement, ont totalisé moins de 13% de voix par rapport aux inscrits. Ce n’est pas une question de pondre des lois que contredisent depuis l’indépendance les pratiques politiques, sociales, et économiques.

Tout le monde en convient, étrangers et Algériens, par exemple lors d’élections que le système judicaire et le système administratif chargé du contrôle ne sont pas indépendants. La faiblesse des partis d’opposition et la faiblesse, de l’émergence des personnalités nationales du fait du verrouillage politique depuis 49 ans leur fermant les médias lourds, ne peuvent leur permettre de faire contrepoids. Aller aux élections aux échéances fixées dans ces conditions ne fera que reproduire le système lui-même avec la domination des partis FLN/RND/ MSP avec le risque d’une démobilisation populaire sans précédent. Selon les données officielles du ministère de l’Intérieur (certainement le taux réel est plus bas) aux dernières élections législatives, par rapport aux inscrits avec tous leurs satellites ces trois partis ont eu 13% des voix, 87% de la population n’étant donc pas représentés.

Comment vouloir faire passer des lois qui engagent l’avenir du pays par une assemblée non représentative ? Il faut donc éviter encore fois, de vendre des illusions démocratiques dans un monde qui est devenu une maison de verre. L’objectif stratégique est de réaliser une mutation systémique, le blocage actuel étant systémique. Le système actuel est dans l’incapacité de résoudre les problèmes fondamentaux de l’Algérie. Il faut éviter la vison d’assimiler la population algérienne à un tube digestif grâce à une redistribution passive de la rente des hydrocarbures pour une paix sociale éphémère. Avec la grogne sociale croissante, la population algérienne a soif de démocratie et de justice sociale mais également d’efficacité économique avec un sacrifice partagé car les réformes à venir seront douloureuses.

Abderrahmane Mebtoul

Lire la suite et les propositions de sortie de crise : http://www.freealgerie.com/debat-du-jour/170-quelle-transition-democratique-pour-lalgerie.html

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Commentaires (5) | Réagir ?

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prenom nom famille

il n’y a pas de conséquence autre que l'explosion qui est au bout du chemin. En Algérie, le premier employeur est le secteur de sécurité, police, gendarmerie et armée, le pouvoir a su comment corrompre cette jeunesse, tous ceux qui jadis critiquaient le système se sont alignés du moment qu'on leur a jeté des miettes. En Algérie, la question n'est pas de s'opposer au pouvoir en place ou d'essayer de le démocratiser, mais de gagner sa bénédiction, et montrer sa loyauté envers les faiseurs de décisions. Soyons honnêtes et disons la vérité.

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R A M E S S E S II

L’opportunisme islamiste ne sera pas appliqué en Algérie comme on l'a vu ailleurs, en Tunisie, En Libye, en Égypte et la Syrie prochainement, Les démocrates ont compris une chose que la démocratie, il faudrait l'arracher aux griffes des tyrans, mais que tout le monde joue le jeu. On a vu les marches de la CNCD, les islamistes modérés, je ne parle pas des extrémistes, n'ont pas bougé le doigts, restés sur la défensive et attendre le moment opportun, ça ne va pas se passer comme ça en Algérie, on a dépasser ce stade, Si rien n'est fait en direction du problème identitaire, en l’occurrence le tamazight comme langue officielle de l’État algérien, la séparation des religions de l’État, pourquoi les religions, parce que on ne peut légiférer sur la foi des Algériens, qu'il soit musulman, chrétien ou juif, agnostique ou athée. Le malheur des Algériens réside dans notre pétrole et notre école, On a délaissé la chose la plus essentielle pour un pays, qu'est l'agriculture avec les faux chiffres qu'on abreuve les Algériens. Alors que notre avenir dépend de notre agriculture, qui est l’autosuffisance alimentaire. Il ne faut pas être expert pour trouver la formule, nos grands parents étaient des paysans, des artisans, sans plus.

le flot d'argent a mis le feu à Algérie, c'est pour cela ses réformettes à deux balles, un président avec une tête de réformateur, quatrième mandat oblige, et une assemblé de patates actionnée pour barrer ses énièmes réformes, n'oublions que depuis 62, on arrête pas de réformer ce pays, à force de réforme, on l'a complétement déformé et voila le résultat.

Et un autre problème, le peuple qui ne veut pas, peut être pas se libérer de ce système qui lui convient qui s'est? moi je me demande si l’archange Gabriel va nous sauver de la malédiction ou-bien attendre son tour, on aura des islamistes modérés a la tête d'un Etat avec un nouveau système ultra libéral à l’américaine si j'ose dire, et le soudan n'est pas loin, Avec les mouvements claniques ça va être le clash. Et là rien n'est sur, on aura trois Algérie's, au pluriel chose que je ne souhaite pas du tout.

Dahmane

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ali Foughali

Il faut revenir sur les rails de la vérité qu'on a perdu depuis que notre indépendance a été confisquée pour laisser place à la clochardisation de la société. Thamazight est l'impératif premier. Rien ne pourra se faire si l'on continue à cacher la vérité historique aux algériens.

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