Alger exige la restitution d’un canon saisi par la France en 1882

Gravure hollandaise du XVIIe siècle.
Gravure hollandaise du XVIIe siècle.

Cette arme mythique, longue de 7 mètres, aujourd’hui installée à Brest, risque d’être un nouveau sujet de friction avec Paris.

Entre l’Algérie et la France, dont les rapports en dents de scie sont connus, les sujets de friction ne manquent pas. Cette fois-ci, c’est un canon en bronze mesurant sept mètres, surnommé Baba Mezroug, saisi en 1882 par l’armée coloniale dont Alger demande la restitution pour célébrer le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie le 5?juillet prochain. Cette pièce d'artillerie, actuellement dressé verticalement sur un bloc de granit et surmonté d'un coq tenant un globe sous une de ses pattes, se trouve dans l'enceinte de l'Arsenal à Brest.

Cette pièce mythique, fabriquée au XVIe siècle à Alger par un fondeur vénitien, qualifiée de "gardien d’Alger", a acquis sa célébrité lors de la tentative de la prise d’Alger en octobre 1541 par Charles Quint. L’expédition, forte de 516 navires, commandée par l’empereur autrichien et roi d’Espagne en personne, se solde par un désastre : lui-même a failli être fait prisonnier. La légende veut que Baba Mezroug, qui figurait parmi les centaines de pièces d’artillerie défendant la ville, aurait à lui tout seul détruit une partie de la flotte de Charles Quint.

Considéré comme un "don de Dieu" par les Algérois, ce canon fut durant près de deux siècles l’objet d’une véritable vénération.

Aujourd’hui, les Algériens réclament le retour de cette pièce d’artillerie qui symbolise la résistance de la ville. Mercredi, au siège du quotidien El Moudjahid, Fatima Benbraham, présidente du comité national pour la restitution de Baba Merzoug, a demandé publiquement la restitution de ce qui est considéré comme faisant partie du patrimoine algérien, alors que pour la France il est stipulé que ce canon est "partie intégrante du patrimoine historique français". Selon Belkacem Babassi, spécialiste de l'histoire d'Alger, la restitution de cette pièce d'artillerie a fait l'objet "d'une promesse de l'actuel ministre de l'Intérieur Claude Guéant lorsqu'il était secrétaire général de l'Elysée". Mais en cette période de présidentielle qui commence en France, les membres du comité craignent que "la promesse ne soit pas tenue".

Reste que cette histoire de restitution de ce canon pose le problème épineux du pillage colonial – œuvres d’art et, surtout, archives – que Paris ne restitue qu’au compte-gouttes au gré de l’évolution des rapports entre les deux pays. Au-delà de cette pièce mythique, il y a aussi la question des restes de célèbres résistants algériens qui dorment toujours un demi-siècle après l'indépendance, dans les sous-sols de musées parisiens. Nous avions soulevé la problématique de ces restes mortuaires que le l'Algérie se doit de rapatrier (*), c'est le dernier hommage qu'on puisse leur rendre. Cependant, depuis aucune demande de restitution n'a été introduite par l'Algérie. A la veille du cinquantenaire de l'indépendance, le devenir de ces squelettes de nos illustres combattants ne semble pas intéresser les autorités algériennes.

H.Z/AFP

Lire notre dossier : Les autorités algériennes indifférentes au sort des restes mortuaires de nos résistants

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Simply

Les Turcs nous ont bel et bien colonisés. Ils ont pratiqué un comportement colonial en Algérie, sous couvert de la religion musulmane, pour bien faire passer la pilule. Ensuite, ils ont commencé méthodiquementle pillage à grande échelle. Ils ont bien préparé le complot anti-Algérien. Avant de vendre le pays aux Français en échange d'autres territoires, les Turcs ont empêché le peuple algérien de constituer une armée, pour se défendre. Cela faisait partie de leur stratagème contre l'Algérie, qui nous a coûté une nuit coloniale glaciale de 132 ans. Les Turcs sont responsables également de notre deuxième colonisation consécutive, par le colonialisme français barbare, sans foi ni loi.

Je pense que la condamnation mondiale, même tardive, de la Turquie, par la communauté internationale, pour le génocide arménien est une bonne décision, pour rétablir moralement, le peuple arménien, dans ses droits bafoués, par la Turquie.

Ces Turcs sont également responsables de l'occupation de la Palestine, qu'ils ont vendue aux sionistes, comme ils l'ont fait, pour l'Algérie, vis à vis de la France.

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