Pathétiques conclusions, pathétiques députés !

Le bras policier est la seule réponse qu'apporte le régime aux revendications populaires.
Le bras policier est la seule réponse qu'apporte le régime aux revendications populaires.

Les enquêtes sont une chose trop importante pour les laisser à nos députés.

Le pouvoir et ses notabilités politiques prennent l’Algérien pour un tube digestif et à rien d’autres. Le fameux rapport de la mission parlementaire sur les émeutes de janvier illustre à plus d’un titre le mépris que cultivent les puissants du moment à l’endroit du peuple. On avait beaucoup glosé sur ses conclusions. Oui, le rapport donc est complètement passé à côté des vraies raisons qui ont conduit les jeunes Algériens à sortir en janvier dans la rue pour crier leur colère. Selon le site internet TSA qui l’a consulté, il n’était pas question pour la commission de faire le parallèle entre ce qui s’est passé dans le pays et la conjoncture régionale qui régnait à l’époque. "Le printemps arabe" ne nous concerne pas en Algérie, semble suggérer cette commission. On nous apprend aussi qu’Abdelaziz Ziari a donné des instructions fermes pour garder secrètes les conclusions. Pathétiques que tout ça.

Il ne sert à rien, en effet, de tenter de lire dans le marc du café pour deviner les desseins cachés de cette fameuse commission d’enquête. Car au lieu de pinailler sur les prix et une soi-disant rupture de chaîne d’approvisionnement, les députés auraient été plus inspirés de descendre dans la rue parmi le peuple et l’écouter pour se rendre compte du profond malaise social qui ronge celui-ci. La corruption, l’injustice, l’absence de toute perspective pour des générations entières, le verrouillage politique et médiatique et le chômage reviennent dans toutes les discussions. On n’est plus à l’époque du Rideau de fer, on peut toujours gloser à souhait sur l’Entv et tous les canards acquis à coups de pages de pub au régime, mais il y a une évidence, l’Algérien suit et voit ce qui se passe ailleurs. D’où cet espoir irrépressible de départ pour des cieux plus cléments.

Nous l’écrivions déjà ici, les manifestations de janvier ne pouvaient avoir pour origine la montée des prix de première nécessité. C’est faire injure à l’Algérien que de le réduire à un simple consommateur. Il n’y avait que certains parlementaires, les ministres et autres féodalités politiques qui pouvaient faire cette lecture en public. Car en réalité, tout le monde sait que la rue a grondé pour des raisons hautement politiques. La camisole de force dans laquelle on enferme les Algériens tiendra un temps. On ne peut tenir un pays de plus de 2 millions de kilomètres carrés par la peur et la menace. On aura beau multiplier les effectifs des services de sécurité, décupler leur salaire, lancer des leurres, infiltrer et manipuler l’opposition, casser les syndicats, mais il arrivera inévitablement un moment (n’est-on pas déjà en plein dedans ?) où gouvernants et gouvernés ne s’entendront plus. Un instant T où le fossé entre les deux sera devenu trop profond pour s’entendre. Car, le mensonge, la distribution de la rente à tout-va, l’anesthésie politique sont des "solutions" à court terme.

Les enquêtes sont une chose trop importante pour les laisser à nos députés. Tous les Algériens savent que les parlementaires, au moins ceux de l’alliance présidentielle, n’ont aucune marge de manœuvre, ils émargent au pouvoir, travaillent pour le président et ses soutiens de l’heure. Ils ne pouvaient scier la branche sur laquelle ils sont confortablement assis. Ni donc remettre en cause la politique gouvernementale, voire présidentielle, porter un regard clinique sur la situation politico-sociale, puisqu’ils font partie de ce hold-up politique qui compromet sérieusement et remet en cause tout changement démocratique en Algérie.

Alors cette fameuse commission d’enquête, comme d’ailleurs les réformes déjà réformées et rabotées à leur faire perdre tout signification par les députés participent d’un vaudeville politique de mauvais goût. Un simple parapluie contre l’orage qui se profile. Une fuite en avant d’un régime et génération encalminée, restée trop longtemps au pouvoir et coupée des réalités nationales.

Yacine K.

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Commentaires (2) | Réagir ?

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hachem touabi

C’était l’article sur le général Bencherif que je voulais commenter. Grippé, j’ai passé toute l’après midi d’hier au lit. Comme si mon commentaire allait mettre en prison le tristement célèbre général - célèbre par la lâcheté de l’institution militaire qu’il dirigeait : les postes avancés de l’armée en Kabylie! La reforme des réformes plusieurs fois réformées par des députés incultes est un excellent sujet à débattre. Il s’agit, en somme, de la même marmite qui faisait bouillir les Algériennes et Algériens depuis 1962 pour en faire non seulement des tubes digestifs, mais de symptômes névrotiques visibles à l’œil nu. Pour éviter un second Octobre 1988, il faut une organisation citoyenne contrôlée à hauteur de la célèbre marche des aarch. Les démocrates refusent l’effusion de sang mais il faut se rendre à l’évidence, la mafia algérienne au pouvoir et les islamistes n’ont de programme que la mort. Par conséquent, ils ne peuvent être détrônés que par celle-ci. La peur doit changer de camp. Pourquoi appelle-t-on la Chine à un moment donné de l’histoire : Empire du milieu ? Pour ceux qui l’ignorent l’empire chinois de l’époque, finançait les guerres et agissait en spectateur intelligent, pendant que ces ennemis s’anéantissaient! Pourquoi ne pas essayer de jeter les familles des dirigeants algériens et celles des islamistes dans l’arène de combats sous la houlette de leurs maîtres : les français?

Pour ma part, Je ne demande pas aux chrétiens de ne pas mentir mais quand vous le faites admettez-le, admettez le en cour de justice. Présentez vous avec les musulmans que vous utilisez? Chiche! Venez présentez vos sornettes en public. Chiche! Chiche! Et Chiche! Quant aux tribunaux de préposés au savoir; kabyles, arabes ou catholiques soient-ils n’ont rien pu faire face à ma persévérance. Je résume. J’ai eu affaire à un état voyou; l’Algérie. A un Etat arrogant voire lâche ; La France. A un état mesquin; le Vatican et à un Etat hybride- les Etats-Unis. Je vis au Canada et je demande à la cour suprême et aux services de renseignements de la couronne d’ouvrir une enquête…Histoire de mettre fin aux platitudes et aux aboiements … Chrétiennement votre.

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khelaf hellal

Si pour le commun des mortels, la politique est l'art du possible, pour nos satrapes de députés, elle est plutôt l'art de brouiller le possible, de le brader ou de le détourner à leur faveur jusqu'à oublier leurs convictions et les raisons pour lesquelles ils ont été mandatés. Ils se sont ligué pour faire émerger une nouvelle race de députés, une satrapie qui vous fait regretter à jamais votre confiance et votre voix lors des dernières élections pour ceux et celles qui y ont participé. Ils finiront par assécher le pays de tout ce qu'il lui reste comme potentialités encore actives. Ils produisent et reconduisent l'échec en permanence de leurs "propres" mains avant d' en essuyer d'autres, l'essentiel est d'y rester le plus longtemps possible pour se remplir les poches.