Yémen : Abdellah Saleh renonce au pouvoir

Abdellah Saleh, président du Yémen quitte le pouvoir.
Abdellah Saleh, président du Yémen quitte le pouvoir.

Après Ben Ali, Hosni Moubarak et Mouammar Kadhafi c'est un autre potentat arabe qui vient de signer sa fin d'un mandat qui aura duré 33 ans.

C'est donc un autre dinosaure qui cède à la pression de la rue et des pays limitrophes. Après des mois de combats et de louvoiements entre partisans du pouvoir et l'opposition, le président Abdellah Saleh, 69 ans, au pouvoir depuis 1978, a signé son bail de sortie en douce. Ou presque.

Le président yéménite, Ali Abdallah Saleh, renonce au pouvoir. Il a signé, mercredi 23 novembre, l'accord de transfert du pouvoir préparé par le Conseil de coopération du Golfe lors d'une cérémonie en présence du roi d'Arabie saoudite, Abdallah Ben Abdel Aziz. Abdellah Saleh, qui reste président honorifique pour trois mois et qui va jouir d'une immunité, s'est engagé à remettre le pouvoir effectif au vice-président, Abd-Rabbou Mansour Hadi, qui doit former un gouvernement d'union nationale etélaborer une nouvelle Constitution. A l'issue d'une période intérimaire de deux ans, le vice-président devra organiser des élections législatives et présidentielle.

Alors qu'il refusait de le signer depuis avril, M. Saleh est arrivé de façon inopinée à Ryad pour signer cet accord dans la matinée. Tout de suite après cette signature, l'ancien dirigeant devrait s'envoler vers les Etats-Unis pour y recevoir des soins médicaux.

"Commencement important"

A Washington, l'accord a été salué comme une "avancée importante". "Les Etats-Unis félicitent le gouvernement yéménite et l'opposition de s'être mis d'accord pour une transition pacifique et ordonnée du pouvoir", a déclaré Mark Toner, un porte-parole du département d'Etat. Le président Barack Obama a toutefois exhorté, dans un communiqué, "toutes les parties à commencer immédiatement à appliquer les termes de l'accord". Les Etats-Unis avaient, jusqu'aux bouleversements politiques du printemps arabe, du printemps dernier, soutenu Abdellah Saleh, en contrepartie de la collaboration de ce dernier dans la lutte contre Al Qaïda. Des unités spéciales de Saleh ont été d'ailleurs armées par Washington pour lutter contre l'organisation terroriste.

L'Union européenne a également appelé toutes les parties à appliquer ce texte, qualifié de "commencement très important". "J'appelle tous les groupes politiques à soutenir l'application de l'accord avec bonne volonté. Il doit servir de fondations à un processus de réconciliation qui concerne tous les Yéménites et ouvre la voie à une transition démocratique pacifique", a déclaré la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.

Combats de rues

Dans le camp des jeunes contestataires, qui campent depuis neuf mois à Sanaa, un appel a été lancé à une grande manifestation jeudi. "Nous ne quitterons pas la place du Changement jusqu'à la réalisation de tous nos objectifs, et surtout la traduction en justice de Saleh et du régime", a déclaré Walid al-Ammari, porte-parole des contestataires. Ils rejettent "un accord qui ne [les] concerne pas", et protestent contre l'immunité négociée par l'ancien président et son proche entourage.

Déjà peu après l'annonce du départ du président pour Ryad, des combats avaient éclaté à Sanaa entre les forces fidèles au chef de l'Etat, dont la garde républicaine, commandée par son fils Ahmed, et les hommes armés du puissant chef tribal Sadek Al-Ahmar, rallié à la contestation, ont indiqué des habitants, sans pouvoir dire s'il y a eu des victimes. Des explosions étaient clairement entendues dans le quartier d'Al-Hassaba (Nord), où habite cheikh Al-Ahmar et où sont déployés ses partisans, ainsi que dans le quartier voisin de Soufane, a-t-on ajouté. Cheikh Sadek Al Ahmar, puissant chef de la tribu des Hached qui était jusque-là un soutien du président, a pesé dans la balance en rejoignant l'opposition l'été dernier.

Le président Saleh, au pouvoir depuis trente-trois ans et dont les manifestants réclament depuis janvier le départ, avait refusé jusqu'à présent de signer le plan de sortie de crise, se rétractant à la dernière minute à plusieurs reprises. S'il quitte effectivement le pouvoir, il sera le quatrième dirigeant arabe à tomber depuis le déclenchement du printemps arabe. Dernière inconnue qui inquiète Occidentaux et producteurs de pétrole : ce pays, dont le Golfe d'Aden est l'un des passages les plus importants du pétrole mondiale, sera-t-il à même de vaincre les démons du tribalisme et d'endiguer la menace islamiste ?

Y.K/AFP

Plus d'articles de : L'actu en Algérie et ailleurs

Commentaires (0) | Réagir ?