Le Congrès amazigh libyen dénonce le nouveau gouvernement

Les Amazighs libyens ne veulent pas se laisser marginalisés.
Les Amazighs libyens ne veulent pas se laisser marginalisés.

A peine formé, le nouveau gouvernement d'Abdel Rahim al-Kib s'est trouvé au centre de critiques de différentes régions libyennes qui estiment avoir été marginalisées.

L'annonce du nouveau gouvernement mardi a coïncidé avec la visite du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, à qui Tripoli a confirmé son intention de juger en Libye Seif al-Islam Kadhafi, le fils du dirigeant déchu arrêté dans la nuit de vendredi à samedi.

Dans un communiqué, les Amazighs libyens ont dénoncé leur "marginalisation", estimant avoir été exclus des ministères importants et que leur représentativité dans le gouvernement "ne correspondait pas à leur présence" et leur contribution à la révolution libyenne.

Le Congrès national amazigh libyen (CNAL) a ainsi appelé les Libyens et les Amazighs en particulier à manifester et à geler provisoirement leur coopération avec le Conseil national de transition (CNT) et le gouvernement de transition. Déjà lors de la tenue du premier rassemblement du Congrès national amazigh libyen fin septembre dernier à Tripoli, les organisateurs avaient tenu à avertir le CNT : "Le Congrès n'acceptera pas qu'elle (la langue, ndlr) soit encore victime d'injustice après la révolution du 17-Février pour la justice et l'égalité, il exige que la langue amazighe soit considérée comme langue officielle (avec l'arabe) de l'Etat de Libye que les Imazighen veulent démocratique et juste. Les sacrifices des Imazighen pour la gloire et l'honneur de la Libye n'ont jamais cessé depuis les temps immémoriaux. Leur participation à faire chuter le régime du dictateur Kadhafi était primordiale et décisive. Le front ouest n'aurait pas résisté longtemps aux assauts des troupes fidèles à Kadhafi sans la contribution conséquente des Imazighen sur les plans militaire, humain et médiatique", pouvait-on lire dans leur déclaration. Plus loin, les animateurs du CNAL avaient déclaré "qu'aucune communauté nationale ne devait être marginalisée".

A Benghazi, la ville de l'est d'où est partie la révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi, quelques dizaines de manifestants ont exprimé leur rejet du nouveau gouvernement, estimant que cette ville n'était pas assez représentée. Avis partagé par des représentants des régions du sud désertique.

"Je peux rassurer tout le monde : toute la Libye est (représentée) dans le gouvernement", avait pourtant déclaré M. Kib à la presse à Tripoli à l'issue de l'annonce de son gouvernement. Au moins deux importants ministères ont été réservés aux ex-rebelles ayant combattu le régime de Kadhafi. Ainsi, Oussama Jouili, un commandant ex-rebelle de la ville de Zenten, a été nommé à la Défense, tandis que le ministère de l'Intérieur a été confié à Faouzi Abdelal, de la ville de Misrata.

Les rebelles, pour la plupart des civils ayant pris les armes pour combattre les forces de l'ancien régime, avaient mis la pression sur le nouveau Premier ministre, pour obtenir leur part dans le gouvernement. M. Kib avait pourtant affirmé après sa nomination il y a deux semaines, qu'il allait former un gouvernement de technocrates. L'opposition en exil a eu sa part aussi dans le nouveau gouvernement. Ainsi, Achour Ben Khayal, ancien ambassadeur sous le régime de Kadhafi, avant de rallier l'opposition dans les années 2000, devient ministre des Affaires étrangères.

Le portefeuille crucial du Pétrole et de Gaz est revenu à Abdelrahmane Ben Yazza, un responsable de la compagnie pétrolière italienne ENI. Le nouveau gouvernement compte seulement deux femmes ministres : Mabrouka al-Chérif Jibril aux Affaires sociales et Fatma Al-Hamrouch à la Santé.

Seif Al Islam sera d'abord jugé en Libye

Dans ce contexte, le procureur de la CPI a affirmé mercredi à Tripoli que la justice libyenne avait la "primauté" pour juger Seif Al-Islam. "La primauté est au système national. S'ils (les Libyens) veulent (juger Seif Al-Islam), nous ne sommes pas en compétition avec eux. Nous le ferons quand ils ne sont pas en mesure de le faire", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse.

"Dès qu'ils peuvent le faire, nous arrêtons. C'est le système. Et c'est ce que nous discutons ici" en Libye, a-t-il ajouté. "Du moment que les autorités libyennes mènent les bonnes investigations et qu'elles les présentent aux juges de la CPI, la règle dit qu'elles peuvent le faire".

M. Ocampo a précisé que la CPI n'avait pas à surveiller le déroulement du procès. "Nous ne sommes pas un organisme pour vérifier l'équité des procès", a-t-il ajouté, précisant que la mission de la CPI était de s'assurer qu'aucune impunité ne soit permise.

L'ancien ministre de la Justice du Conseil national de transition (CNT), Mohamed Allagui, a déclaré de son côté qu'un "accord de coopération" devrait être signé prochainement entre la CPI et le CNT pour fixer les modalités du transfert de son dossier. M. Allagui a assuré par ailleurs que "toutes les garanties et les conditions sont réunies en Libye pour un procès équitable" au fils de Mouammar Kadhafi.

Y.K/AFP

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Commentaires (5) | Réagir ?

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akli ath laarat

Je ne comprends pas la passivité des Amazighes de Libye. Ils ont toute la latitude de déclarer leur Etat autonome ou fédéral qu'ils peuvent organiser à leur façon. A mon sens, ils devraient se servir et ne pas attendre les gens de Benghazi leur assigner une place dans leur propre pays. Qu'est ce qui les en ampêche ? La loyauté à sens unique est un suicide coinsenti.

L'erreur de la Kabylie en 1962 devraient instruire les amazighes de Libye de l'Adrar Nefoussa et des Touaregs du Sud libyen.

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R A M E S S E S II

Le système Etat-nation ne s'applique pas à des pays tribaux, il faut un fédéralisme rassembleur, fédérer les tribus vers un conseil national tout court en passant par des élections. pourquoi désigner un premier ministre venu d'ailleurs, au lieu de l'élire. C'est ça la faiblesse des régimes arabes ou africains. Choisir, désigner, nommer, n'aident pas à avoir la confiance des peuples envers leurs dirigeants, il y aura toujours de la suspicion, et un mauvais départ pour la Libye est synonyme d'une guerre fratricide. Que Dieu nous garde des Banu Chaqlala.

Dahmane

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