Egypte : 24 morts, le gouvernement est démissionnaire

Le bilan des morts est revu à la baisse.
Le bilan des morts est revu à la baisse.

Au Caire c'est la confusion. A la suite des affrontements meurtriers de ces dernières 48 heures sur la place Tahrir, au Caire, le gouvernement égyptien a présenté lundi soir sa démission au Conseil suprême des forces armées (CSFA), a annoncé son porte-parole, Mohamed Hegazy.

Le porte-parole du gouvernement a précisé cependant que "compte tenu des circonstances difficiles que traverse le pays à l'heure actuelle, le gouvernement continuera à exercer la plénitude de ses pouvoirs jusqu'à ce qu'une décision soit arrêtée sur son offre de démission", rapporte l'agence Mena.

La confusion régnait dans la soirée quant à la suite donnée par le pouvoir militaire à cette offre. Selon la chaîne qatarie Al-Jazira, citant des sources anonymes, le CSFA, au pouvoir depuis la chute, le 11 février, du président Hosni Moubarak, aurait immédiatement accepté la démission du gouvernement d'Essam Charaf. Mais par la suite, une source militaire a précisé que les généraux n'avaient toujours pas accepté cette démission et qu'ils s'efforçaient de trouver un accord sur un nouveau premier ministre.

La démission du gouvernement d'Essam Charaf constituait l'une des principales revendications des mouvements encadrant les manifestants présents place Tahrir, au Caire, à l'instar de la Coalition des jeunes de la révolution du 25 janvierou du Mouvement du 6 avril, en réponse aux affrontements meurtriers entre manifestants et forces de l'ordre. Ils ont appelé lundi les Egyptiens à se rendreplace Tahrir, mardi 22 novembre à 16 heures, pour une "Marche du million pour le salut national" afin d'obtenir la démission du gouvernement et la constitution d'un gouvernement de salut national.

Les affrontements ont fait au moins vingt-quatre morts depuis samedi 19 novembre selon le responsable de la morgue du Caire, qui a revu son bilan à la baisse, lundi en milieu d'après-midi. Parmi les personnes tuées, certaines sont mortes par balle, les autres par asphyxie après que la police eut utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Plus de 750 personnes ont également été blessées dans la capitale et des dizaines arrêtées.

Les affrontements se sont poursuivis lundi, malgré la médiation de l'imam de la mosquée Omar Makram, qui à la télévion publique assurait qu'un accord avait été trouvé pour mettre fin aux violences. Mais les policiers anti-émeutes tiraient encore avec des grenades lacrymogènes sur des milliers de manifestants répartis en petits groupes, qui répondaient à coup de pierres.

En présentant sa démission, le gouvernement a appelé "les Egyptiens à la retenue et au calme en vue d'un retour de la stabilité dans le pays et la tenue d'élections parlementaires, première étape vers l'instauration de la démocratie". Le gouvernement a également réaffirmé son profond "regret face à ces événements douloureux".

Les Egyptiens ne croient pas les militaires

Le gouvernement de transition a cherché en vain une solution de sortie de crise. Dimanche après-midi, le premier ministre, Essam Charaf, a tenu une réunion afin de trouver les moyens de contenir la colère du peuple, après s'être entretenu dans la matinée avec des membres du conseil militaire qui tient les rênes du pays.

Pour protester contre la réaction du gouvernement face aux violences, le ministre égyptien de la Culture, Imad Abou Ghazi, a présenté sa démission lundi, selon l'agence officielle égyptienne Mena. Les Frères musulmans, donnés favoris des prochaines élections législatives, ont, dans un communiqué, condamné l'intervention des forces de sécurité au Caire : "Cela rappelle les pratiques du ministère de l'intérieur de l'ancien régime."

Pour l'exécutif, ces affrontements sont très malvenus, car les Egyptiens doivent voter le 28 novembre pour élire les représentants de l'Assemblée du peuple (chambre des députés). Ce scrutin doit se dérouler au total sur quatre mois. L'armée s'est engagée à rendre le pouvoir aux civils après l'élection d'un nouveau président. Le fait que la date de la présidentielle ne soit toujours pas connue suscite de nombreuses craintes de voir les militaires s'accrocher au pouvoir. Les manifestants ont ainsi appelé à la démission du maréchal Tantaoui, chef suprême des armées.

Gouvernement de salut national

Plusieurs personnalités politiques et des intellectuels, parmi lesquels l'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Mohamed El Baradei, ont publié un document demandant un délai supplémentaire pour les élections législatives, dans le cadre d'une révision du calendrier politique du pays. Selon l'agence de presse officielle MENA, ils réclament aussi la formation d'un gouvernement de salut national.

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