Espagne : victoire historique de la droite

Mariano Rajoy sera le prochain chef de gouvernement espagnol.
Mariano Rajoy sera le prochain chef de gouvernement espagnol.

La gauche est battue à plate couture dans la péninsule ibérique. Le Parti populaire a obtenu 186 députés au Congrès, contre seulement 110 côté socialiste. Un déséquilibre jamais vu en Espagne depuis les années 70.

Le parti socialiste de Zapatero s'y attendait un peu. Mais pas à une défaite de cette ampleur. Le Parti populaire, de droite, a en effet remporté une victoire historique aux élections législatives de dimanche en Espagne, tandis que les socialistes essuyaient une débâcle elle aussi sans précédent, selon des résultats partiels portant sur environ 70% des bulletins de vote.

Le PP obtient 186 députés au Congrès, la chambre basse du Parlement, contre 110 au Parti socialiste, qui dirige le pays depuis 2004. Pour la droite, il s'agit du meilleur résultat depuis le retour à la démocratie au milieu des années 1970, pour les socialistes du pire. La droite a été portée au pouvoir par un pays inquiet et sans illusions, qui a choisi de sanctionner le gouvernement socialiste mais se prépare à une nouvelle cure de rigueur.

Les socialistes espagnols, au pouvoir depuis 2004, deviennent ainsi les nouvelle victimes d'une crise qui a déjà balayé les gouvernements grec et italien.

Les indépendantistes basques font leur entrée

La coalition indépendantiste basque Amaiur (gauche), issue de la mouvance Batasuna, bras politique de l'ETA illégal depuis 2003, va entrer au Parlement espagnol. Un mois après l'annonce historique de l'ETA qui a mis fin à 40 ans de violence, cette nouvelle coalition aurait recueilli 6 à 7 sièges. Depuis environ un an, la gauche indépendantiste, qui a pris ses distances avec la violence, a gagné du terrain sur la scène politique, faisant davantage pression sur l'ETA pour qu'elle mette fin à la lutte armée.

"J'ai voté sans illusions"

La crise économique et les cinq millions de chômeurs étaient justement sur toutes les lèvres dimanche dans les bureaux de vote. "J'ai voté sans illusions. La crise est mondiale et il n'y a pas de solution", assurait à Barcelone Antonio Donono, concierge âgé de 56 ans, sans vouloir dire sur qui il avait porté son choix. Pour la première fois de sa vie, mais sans conviction, Octavio Arginano, un ouvrier madrilène à la retraite de 67 ans, a lui choisi la droite.

"Mon fils est au chômage depuis plus d'un an. Ma fille ne gagne que 600 euros par mois en gardant des enfants", confiait cet électeur dans le quartier de Lavapies. "Il faut qu'il y ait un changement, mais je ne suis pas sûr que quelqu'un sache quoi faire pour nous sortir de cette situation."

La crise a entraîné une perte de confiance envers les grands partis politiques, une partie des électeurs estimant que ni la gauche ni la droite ne sera capable de remettre le pays sur les rails. Electeur du Parti populaire en 2008, Fernando Javier Alvarez Granero, instituteur de 46 ans, a lui "voté blanc pour la première fois".

"Tous les partis, de droite et de gauche, reflètent les mêmes idées", disait-il avant de voter à Carabanchel, un quartier populaire de Madrid. Le Parti socialiste "a créé cinq millions de chômeurs et nous a menti sur la crise économique. Et je ne pense pas que Mariano (Rajoy) puisse apporter une solution aux grands problèmes de l'Espagne."

350 députés et 208 sénateurs ont été élus pour quatre ans au scrutin proportionnel. Le Parti populaire sera ainsi en mesure, si sa majorité absolue se confirme, de gouverner seul le pays, sans alliances avec les partis nationalistes régionaux comme c'est le cas aujourd'hui pour les socialistes.

Rajoy chef du gouvernement

Deux fois candidat malheureux en 2004 et 2008 face au socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, Mariano Rajoy, un homme tenace mais sans charisme, devrait être investi chef du gouvernement à partir du 20 décembre, soit une semaine au moins après l'installation des deux chambres du Parlement le 13 décembre. Surfant sur le mécontentement et la lassitude des électeurs, il n'a cette fois laissé aucune chance à son adversaire socialiste Alfredo Perez Rubalcaba, 60 ans, ancien ministre de l'Intérieur.

Avec AFP

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