Damas ne veut pas des observateurs de la Ligue arabe

Le ministre syrien des affaires étrangères, Walid Mouallem.
Le ministre syrien des affaires étrangères, Walid Mouallem.

L'ultimatum fixé par la Ligue arabe pour que cessent les violences en Syrie a expiré samedi soir et le régime n'a pas cessé d'un iota sa politique répressive. Bien au contraire.

Une journée à nouveau marquée par le deuil, puisque 17 personnes, dont 11 civils, ont trouvé la mort. Damas n'a pas officiellement répondu à l'ultimatum de la Ligue, qui l'a menacé de sanctions économiques si les violences ne cessaient pas, après l'avoir déjà suspendu des travaux de l'organisation.

Mais Damas relativise la portée de cet ultimatum, accusant certains membres de la Ligue arabe d'utiliser l'organisation comme un "outil" pour parvenir au Conseil de sécurité de l'ONU. Dans un entretien publié dimanche par l'hebdomadaire britannique The Sunday Times, le président syrien, Bachar Al-Assad, estime que l'injonction a été lancée pour "fournir aux pays occidendaux un prétexte pourmener une intervention militaire contre la Syrie". Se disant "tout à fait" prêt à combattre et à mourir s'il devait affronter des forces étrangères – "cela va sans dire et c'est indéniable" – le président syrien a déclaré qu'il ressentait du chagrin à chaque goutte de sang versée dans son pays, mais que son régime devait faire respecter la loi face à des bandes armées.

Lors d'une conférence de presse, dimanche, le ministre syrien des affaires étrangères, Walid Mouallem, s'est voulu confiant sur la possibilité d'un accord :"Nous en Syrie ne considérons pas que l'ultimatum est une question importante, le contenu est ce qui est important, et parvenir à un accord avec la Ligue arabe est ce qui compte".

La proposition "de la Ligue arabe comporte des articles reflétant les positions non équilibrées adoptées par certains Etats membres depuis le début de la crise", a-t-il ajouté après que l'organisation panarabe a rejeté dimanche une demande de Damas d'amender le projet d'envoyer une délégation de 500 observateurs en Syrie. "Ce protocole accorde aux émissaires de la Ligue arabe de très amples prérogatives, voire impossibles, pouvant aller jusqu'à la violation de la souveraineté nationale", a-t-il souligné. "Cela est sans précédent dans l'histoire des organisations régionales, qu'une organisation travaille contre l'intérêt d'un de ses membres", a-t-il dénoncé.

"Si le combat nous est imposé, nous combattrons", a-t-il insisté. "Nous espérons que cela ne nous sera pas imposé (...), le problème en Syrie ne peut être résolu que pas les Syriens eux-mêmes".

L'armée tire à l'arme lourde

Faisant fi des appels internationaux à la retenue, le régime a poursuivi sa violente répression, faisant onze morts parmi les civils à travers le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé au Royaume-Uni. Sept d'entre eux sont morts à Kafr Takhareem dans la province d'Idleb (nord-ouest) dans des attaques de l'armée, tandis que deux ont été tués par des tirs lors d'affrontements entre des militaires et des soldats dissidents à Qousseir (centre). Un civil a par ailleurs été tué par un tireur embusqué à Homs (centre), et un autre est mort lors de perquisitions dans la région de Hama (centre).

L'armée syrienne a "pénétré à Chezar, dans la région de Hama, après l'avoirbombardée à l'artillerie lourde" et a "procédé à une campagne de perquisitions", ont indiqué de leur côté les Comités locaux de coordination (LCC), un groupe chapeautant les contestataires. Parallèlement, quatre agents des services de renseignement ont été tués par des soldats dissidents, dans le centre du pays, selon l'OSDH. Deux militaires ayant fait défection ont péri dans des affrontements avec des soldats dans la région de Homs, selon la même source.

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