La plupart des missiles manquants sont toujours en Libye

Même le nombre exact des armes est ignoré jusqu'à présent.
Même le nombre exact des armes est ignoré jusqu'à présent.

La majorité des stocks de missiles sol-air portatifs portés manquants depuis le soulèvement contre le régime Kadhafi sont toujours en Libye mais il est urgent de les sécuriser avant qu'ils ne soient livrés en contrebande à des activistes à l'étranger, a déclaré lundi un responsable américain.

Le régime du guide libyen détenait environ 20.000 engins de ce type, dont beaucoup se sont volatilisés lors de pillages des arsenaux pendant la guerre civile qui a duré neuf mois. Ces armes, souvent appelées en jargon militaire anglais Manpads ("man portable air defense systems"), sont très prisées des groupes radicaux en raison de leur légèreté et de leur maniabilité. Relativement simples à utiliser, elles peuvent s'avérer redoutables pour abattre notamment des avions de ligne.

Derrin Smith, conseiller de la "task force" américaine sur les Manpads, pense que les prédictions sur une forte hémorragie de ce type d'armes hors de Libye, vers les bastions d'Aqmi de la bande sahélo-saharienne, ne se sont en fait pas matérialisées. "Il semble à ce stade que la majorité des stocks de Manpads soient toujours entre les mains de responsables libyens. Nous allons donc travailler avec le (nouveau) gouvernement pour les récupérer et les inventorier au niveau central", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Alger.

"La mauvaise nouvelle est que personne ne connaît le nombre exact de ces armes qui échappent au contrôle du gouvernement et il faudra plusieurs mois d'efforts pour parvenir à un chiffre raisonnable". Selon lui, le régime de Kadhafi disposait de 20.000 missiles sol-air. cachés dans des bunkers détruits par l'OTAN lors du conflit en Libye.

Cet expert affirme que des missiles portatifs sol-air ou leurs composants ne figurent pas dans les cargaisons d'armes interceptées jusqu'ici au Sahara. "Nous ne disposons pour le moment que de très peu d'indices sur des mouvements de Manpads dans la région", a dit Derrin Smith, qui a eu des entretiens avec les autorités algériennes.

"La responsabilité de contrôle des armes libyennes relève du rôle souverain du gouvernement libyen et depuis (l'annonce de) la formation de ce dernier, la communauté internationale se tient prête à l'aider", a ajouté M. Smith.

Le Conseil de sécurité de l'ONU avait adopté fin octobre une résolution appelant la Libye et les pays voisins à mettre un terme à la prolifération dans la région des armes amassées par Mouammar Kadhafi, en particulier les missiles sol-air à courte portée. Des responsables de l'ONU ont récemment exprimé leur crainte que certaines armes ne soient déjà parvenues aux rebelles du Darfour, limitrophe de la Libye ou aux insurgés d'Aqmi.

Par ailleurs, dans un entretien avec l'Agence nouakchott d'information, Mokhtar Belmokhtar (*), un des chefs d'Aqmi au Sahel a affirmé qu'il avait acquis des armes provenant de l'arsenal de Mouammar Kadhafi tué le 20 octobre dernier.

Qui croire ? Vu le contexte de violence armée qu'a connue la Libye, il est en effet difficile d'avancer avec certitude que les stocks d'armes que détenaient les partisans de l'ancien régime ne soient pas tombées entre les mains de terroristes, de trafiquants ou de rebelles touaregs. La porosité des frontières, la faiblesse militaire des pays limitrophe ont sans doute favorisé le trafic de ces armes et leur transfert, en dépit des déclarations par ailleurs rassurantes de Derrin Smith. Car comment en effet affirmer que ces armes sont en Libye alors qu'on ignore leur nombre exact ?

RN/Agences

(*) Lire l'article Mokhtar Belmokhtar dit avoir acquis des armes libyennes

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