Syrie : la Ligue arabe et l'ONU dénoncent les meurtres de civils

La peur des arrestations gagne même les hôpitaux où les hommes du régime opèrent.
La peur des arrestations gagne même les hôpitaux où les hommes du régime opèrent.

La Ligue arabe et le secrétaire général des Nations unies ont condamné les meurtres de civils en Syrie, après une nouvelle journée de violences ayant fait une cinquantaine de morts vendredi.

Ces condamnations interviennent à la veille d'une rencontre attendue à Doha entre le comité ministériel arabe, qui a proposé sa médiation pour trouver une issue à la crise syrienne, et une délégation du régime de Damas. "Le comité ministériel arabe a exprimé son rejet des meurtres de civils qui se poursuivent en Syrie et l'espoir que le gouvernement syrien prendra les mesures nécessaires pour les protéger", a affirmé la Ligue arabe dans un message adressé au président Bachar Al-Assad. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a demandé de son côté "la fin immédiate des opérations militaires contre les civils". "La violence est inacceptable et doit cesser immédiatement", a-t-il dit, exhortant les autorités à entreprendre "des réformes ambitieuses" pour répondre eux attentes de la population.

Le ministère syrien des Affaires étrangères s'est déclaré "étonné que le comité arabe ait basé sa position sur les mensonges diffusés par les chaînes de télévision qui incitent" à la violence, selon un communiqué rapporté par l'agence officielle Sana.

"Le comité aurait dû aider à calmer (les choses) et parvenir à une solution pour obtenir la sécurité et la stabilité en Syrie au lieu de raviver les dissensions", a-t-il poursuivi, assurant que le ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, informerait le comité dimanche à Doha "de la véritable situation en Syrie".

De nouvelles discussions sont prévues dimanche au Qatar entre des responsables syriens et une délégation ministérielle de la Ligue arabe. Cette délégation avait été reçue mercredi par M. Assad, une rencontre que les ministres arabes avaient qualifiée de "franche et amicale".

36 morts et 500 personnes arrêtées vendredi

Vendredi, la Syrie, secouée depuis mi-mars par un mouvement de contestation, a connu l'une des journées les plus violentes depuis des semaines, avec 36 civils tués par les forces de sécurité cherchant à disperser des manifestations, essentiellement à Homs et à Hama (centre), selon des organisations syriennes de défense des droits de l'Homme.

En outre, plus d'une centaine de personnes ont été blessées et 500 autres arrêtées à travers le pays, selon le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Parallèlement, des affrontements entre l'armée et des déserteurs à Homs ont fait au moins 17 morts parmi les soldats dans la nuit de vendredi à samedi, selon l'OSDH, qui a fait état d'un total de plus de 40 victimes -morts ou blessés- des deux côtés. Les militants anti-Assad avaient appelé à manifester vendredi pour réclamer une zone d'exclution aérienne au-dessus de la Syrie, à l'image de la Libye, afin de donner plus de latitude à l'"armée syrienne libre", une force d'opposition armée formée essentiellement de déserteurs.

Les défections et les affrontements entre soldats et déserteurs se sont multipliés ces dernières semaines. Les violences n'ont pas cessé samedi, faisant quatre morts parmi les civils dans la région de Homs, troisième ville de Syrie et l'un des foyers de la révolte.

Un jeune homme a été tué par un tireur embusqué dans le quartier Deir Balaa et deux autres ont péri quand les forces de l'ordre ont pilonné le quartier Baba Amr à la mitrailleuse lourde, a annoncé l'OSDH, basé au Royaume-Uni. Une femme de 45 ans a par ailleurs été tuée par un tireur embusqué à Talbissé, près de Homs, selon la même source.

D'après l'OSDH, cette région "a donné 40% des martyrs de la révolution syrienne", dont la répression depuis le 15 mars a fait, selon l'ONU, plus de 3.000 morts.

Dans le gouvernorat d'Idleb, près de la frontière turque, des centaines de soldats ont été déployés à Saraqeb et les militants sur place s'inquiétaient d'une "possible invasion militaire de cette ville", selon l'OSDH.

Par ailleurs, une société américaine spécialisée dans les moyens de censure sur internet, Blue Coat Systems, a confirmé que Damas utilisait ses produits pour bloquer les activités en ligne des opposants au régime, affirmant que des dispositifs de filtrage vendus au ministère irakien des Communications ont été mystérieusement mis en service en Syrie.

AFP

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