Plus de 90 % de participation en Tunisie

Premier vote libre et sans fraude de l'histoire tunisienne.
Premier vote libre et sans fraude de l'histoire tunisienne.

Les islamistes d'Ennahda sont présentés comme les favoris de ce scrutin, mais les résultats définitifs ne seront pas connus avant mardi.

Le dépouillement est en cours ce lundi en Tunisie, où les électeurs se sont massivement rendus aux urnes pour désigner une assemblée constituante à l'occasion du premier scrutin démocratique issu du "printemps arabe".

Pionniers de cette vague de soulèvements contre des régimes autocratiques en Afrique du Nord et au Proche-Orient, les Tunisiens ont été plus de 90 % à exercer leur droit de vote dimanche, neuf mois après avoir renversé Zine Ben Ali. En raison de cette forte participation, les autorités électorales ont prévenu qu'elles n'annonceraient de résultats que dans le courant de la journée de lundi, au plus tôt.

C'est un jour historique (Rachid Ghannouchi)

La radio publique a rapporté que, selon des résultats partiels à Sfax et au Kef, le parti Ennahda (Renaissance) arrivait en tête dans ces deux grandes villes de province. Deux formations laïques arriveraient en deuxième position, le Congrès pour la République à Sfax et Ettakatol au Kef.

Les islamistes d'Ennahda étaient présentés comme les favoris de ce scrutin, à l'issue duquel sera formée une assemblée constituante qui désignera un gouvernement provisoire et fixera la date d'élections législatives et présidentielle. Ils ne devraient toutefois pas remporter de majorité et risquent de se heurter à un front de formations laïques.

Citant ses propres décomptes officieux, Ennahda affirme être en tête dans les votes à l'étranger. L'importante diaspora tunisienne a pu voter plusieurs jours avant les électeurs de Tunisie. "C'est un jour historique", a dit Rachid Ghannouchi, chef de file islamiste rentré en Tunisie après 22 ans d'exil en Grande-Bretagne pour conduire Ennahda aux urnes. "La Tunisie naît aujourd'hui, le printemps arabe naît aujourd'hui", a-t-il ajouté après avoir voté, accompagné de sa femme et de leur fille, toutes deux voilées.

Files d'attente

En sortant du bureau, il a été hué par des dizaines de personnes aux cris de "Dégage !" et "Tu es un terroriste et un assassin ! Rentre à Londres". Ennahda se défend de vouloir imposer une application stricte des principes religieux à une société tunisienne habituée depuis la décolonisation à un mode de vie libéral. Pour les observateurs, le parti est tiraillé entre une direction modérée et une base parfois plus radicale.

A travers le pays, des files d'attente de plusieurs centaines de mètres se sont formées dimanche dès le début de la matinée devant les bureaux de vote. Attendant d'accomplir son devoir, Najib Chebbi, fondateur du Parti démocratique progressiste (PDP) en 1983 et l'un des rares opposants à être resté en Tunisie malgré les intimidations et le harcèlement du régime de Ben Ali, a qualifié l'instant de "jour le plus heureux de l'histoire de la Tunisie".

"C'est une célébration de la démocratie", s'est-il enthousiasmé. "C'est très émouvant de voir tous ces gens attendre pour voter." La communauté internationale suit aussi attentivement ces élections, qui pourraient fournir une indication des développements à attendre dans les bouleversements en cours dans le monde arabe.

Barack Obama a déclaré que la révolution tunisienne, déclenchée par l'immolation du jeune Mohamed Bouazizi en geste de désespoir face au chômage et à la répression, avait "changé le cours de l'Histoire". "Tout comme tant de Tunisiens ont manifesté pacifiquement dans les rues et sur les places en faveur de leurs droits, ils ont fait la queue aujourd'hui pour voter et décider de leur propre avenir", a réagi le président américain dans un communiqué publié par la Maison Blanche.

Avec Reuters

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