Yémen : huit morts dans des affrontements nocturnes à Sanaa

Le pays est déchiré par des affrontements armés tribaux.
Le pays est déchiré par des affrontements armés tribaux.

De violents affrontements ont opposé dans la nuit de dimanche à lundi les forces du président Ali Abdallah Saleh aux militaires et combattants tribaux ralliés à la contestation, faisant au moins huit morts et 27 blessés.

Les combats ont eu lieu près de la Place du Changement, où campent des protestataires réclamant le départ du chef de l'Etat, et dans le nord de la capitale où sont déployés les partisans du puissant chef tribal Sadek Al-Ahmar. Quatre des victimes ont trouvé la mort lors de la chute d'obus aux abords de la Place du Changement, un immense camp de toile protégé par la 1ère division blindée de l'armée, ralliée à la contestation. Des éclats d'obus ont atteint une des tentes, blessant quatre personnes, selon le correspondant de l'AFP.

Les combats près de la place ont opposé la 1ère division blindée et les forces de M. Saleh dont la Garde républicaine commandée par son fils, Ahmed. Lundi matin, les jeunes campant sur cette place se disaient toujours déterminés. "Ce bombardement a pour but d'effrayer les jeunes et de les forcer à rentrer chez eux, mais ils demeureront sur place jusqu'à la chute de Saleh", a affirmé à l'AFP Walid al-Ammari, un militant des Jeunes de la révolution.

De violents affrontements nocturnes ont également eu lieu dans la nuit dans le quartier d'Al-Hassaba (nord) entre les forces de M. Saleh et des combattants tribaux qui lui sont fidèles et les hommes du chef de la confédération tribale des Hached, cheikh Sadek Al-Ahmar. Le frère de cheikh Saghir ben Aziz, un député et chef tribal soutenant le président Saleh, cheikh Saleh, a été tué dans les bombardements à Al-Hassaba, ainsi que trois autres personnes, selon des sources médicales. Le ministère de la Défense a accusé "les milices de la 1ère division blindée et les fils de cheikh Al-Ahmar" d'avoir bombardé le domicile de cheikh Saleh, provoquant sa mort.

Samedi et dimanche, les forces de M. Saleh avaient ouvert le feu sur des manifestants réclamant sa démission à Sanaa. Quatre civils et deux soldats dissidents avaient été tués dimanche dans les tirs sur les manifestants, selon un bilan compilé par l'AFP. Et samedi, 12 Yéménites avaient péri dans la répression d'une manifestation à Sanaa.

Lundi, des milliers de femmes yéménites ont observé un sit-in devant le ministère des Affaires étrangères, réclamant la démission et la traduction en justice de M. Saleh. "Ceux qui tuent les manifestants pacifiques doivent être jugés et tués", proclamait une banderole brandie par les manifestantes. A Teëz, à 270 km au sud-ouest de Sanaa, des milliers de femmes ont manifesté pour dénoncer la mort par les tirs de la police d'une manifestante dimanche. Dans un communiqué parvenu à l'AFP lundi, la 1ère division blindée a annoncé avoir perdu dix hommes "dans les tirs et le bombardement de ses positions" depuis samedi. Elle a souligné que ces nouveaux morts étaient à ajouter "aux crimes commis par Saleh et sa bande criminelle contre les manifestants pacifiques et les soldats qui les protègent".

Malgré des mois de protestation et de pressions internationales et régionales, M. Saleh, au pouvoir depuis 33 ans et accusé de corruption et de népotisme, refuse de partir et rejette un plan élaboré par les monarchies arabes du Golfe pour un transfert pacifique du pouvoir.

AFP

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