Libye : le port de Syrte aux mains des forces du nouveau régime

Libye : le port de Syrte aux mains des forces du nouveau régime

Les combattants du nouveau régime libyen ont annoncé mardi avoir pris le port de Syrte et se préparaient à entrer dans Bani Walid, deux des dernières villes encore tenues par les forces fidèles au colonel Kadhafi.

Sur le plan politique, les discussions se poursuivaient au sein du Conseil national de transition (CNT) pour tenter de surmonter les dissensions internes et former un gouvernement, dont l'annonce est attendue cette semaine.

A Syrte, dans la région natale de Mouammar Kadhafi, des combats ont eu lieu lundi soir près du port de cette ville de 70.000 habitants située à 360 km à l'est de Tripoli, prise en tenailles par des combattants du CNT qui avancent par l'est et par l'ouest. "A présent nous contrôlons le port", a annoncé mardi Moustafa ben Dardef, un commandant pro-CNT, tandis que des combattants nettoyaient et huilaient leurs armes en prévision des affrontements à venir. "Quand nous nous approcherons du centre-ville, il y aura des combats de rue et nous nous y préparons", a expliqué l'un d'eux, Alaï Saïdi.

La motivation est d'autant plus forte que les commandants pro-CNT engagés à Syrte assurent que l'un des fils de Mouammar Kadhafi, Mouatassim, un médecin et militaire de 36 ans, dirige les opérations à Syrte. Selon un autre combattant, deux pro-Kadhafi se sont rendus lundi soir. "Ils sont venus vers nous et nous ont remis leurs armes et leurs voitures", a expliqué Maatiz Saad.

Sur le front de Bani Walid, à 170 km au sud-est de Tripoli, les échanges d'artillerie ont été intenses lundi, mais les forces pro-CNT n'ont pas avancé. "Nous faisons face à une forte résistance, c'est pourquoi nous utilisons l'artillerie lourde sans envoyer l'infanterie pour l'instant", a expliqué le commandant Mohamed al-Seddiq. "La bataille finale aura lieu dans les deux prochains jours".

Ces dernières semaines, les pro-CNT ont perdu plus d'une trentaine de combattants lors de précédentes attaques sur cette vaste oasis au relief accidenté, souvent en raison d'un manque d'organisation. "Mais maintenant tout est sous contrôle", a affirmé le commandant. Depuis la chute de Tripoli fin août, Syrte et Bani Walid sont deux des objectifs majeurs des combattants pro-CNT, mais les pro-Kadhafi y opposent une résistance farouche. Elles sont aussi désormais les plus visées par les frappes de l'Otan, qui se sont poursuivies lundi sur les deux villes.

Selon l'ONU, 24.000 personnes ont fui Bani Walid et près de 2.000 ont quitté Syrte, ville privée d'eau, d'électricité et de nourriture selon des témoignages d'habitants. Le coordonnateur humanitaire de l'ONU en Libye, Panos Moumtzis, a fait part lundi de sa "très grande préoccupation" à leur sujet. Pénuries et déplacements forcés ont en effet un impact sérieux sur la santé des civils, et en particuliers des enfants. La petite clinique de Harawa, à 40 km à l'est de Syrte, voit ainsi passer tous les jours des dizaines d'enfants souffrant en général de maux liés à l'absence d'eau potable.

Au Royaume-Uni, le bureau du procureur écossais chargé de l'enquête sur l'attentat de Lockerbie (270 morts en 1988) a annoncé lundi avoir demandé au CNT l'accès à des documents et des témoins qui pourraient impliquer "d'autres personnes". Jusqu'à présent, seul le Libyen Abdelbaset al-Megrahi a été condamné dans cette affaire.

Selon un porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères, le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, a assuré que les nouvelles autorités libyennes coopéreraient avec le Royaume-Uni "sur cette enquête et d'autres en cours".

Sans se prononcer précisément sur la requête écossaise, le ministre libyen par intérim de la Justice, Mohammed al-Alagi, a répété que l'affaire était close en ce qui concernait M. Megrahi, qui a été libéré en 2009 parce qu'il était atteint d'un cancer en phase terminale mais vit toujours à Tripoli.

AFP

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