On l'appelait révolution permanente

On l'appelait révolution permanente
Hier, un grand militant syndicaliste était accompagné par une foule à sa dernière demeure. “Redouane Syndicat”, comme on le surnomme depuis plus d’un quart de siècle, pour le différencier des autres Redouane, s’en est allé. Il y a des hommes qui forcent le respect par leur engagement et leur sincérité. On peut diverger avec eux sur bon nombre de questions, tout comme on peut être amené à les contrer dans l’adversité politique, il n’en demeure pas moins que l’éthique et le respect sont des valeurs partagées et assumées par les deux parties. “Redouane Syndicat” était un militant que seul le courant démocratique sait enfanter. Affable, généreux, tolérant et d’un engagement sincère et total, il se refusait toute triche avec ses convictions et ses principes. Cela faisait de lui à la fois un animateur exceptionnel et un adversaire redoutable. Issu d’un milieu populaire, Bab El-Oued, Kouba ou Tiaret n’avaient pas de secret pour lui. Cette filiation populaire, “Redouane Syndicat” l’avait bonifiée de plusieurs années de militantisme dans sa famille politique, la gauche, celle pour laquelle la révolution ne peut être que permanente. Cette capacité à consacrer sa vie aux combats et luttes que l’on croit justes et dignes d’être menés, ne peut émaner de “militants” saisonniers ou de partis décrétés comme tels. On ne peut dévouer sa vie à un combat quand la seule motivation de l’adhésion à un syndicat ou à un parti se résume aux calculs de dividendes matériels que l’on peut en tirer. Un pays qui aspire à asseoir durablement un système démocratique ne peut ignorer, marginaliser ou même combattre “les grosses gueules”. Ces dernières sont nécessaires, voire vitales, à la dynamique démocratique. L’anesthésie, la tétanisation, le clientélisme et/ou l’opportunisme, non seulement ne constituent point des indices de bonne santé démocratique, mais sont indéniablement les fossoyeurs de la démocratie. Les attentats du 11 décembre dernier devraient une fois de plus nous ouvrir les yeux et nous interpeller. Des partis politiques qui comptent officiellement à leur actif des millions de voix et qui revendiquent des milliers d’adhérents et de militants sont restés de marbre, se contentant d’une déclaration faxée aux rédactions pour donner corps à leur existence médiatique, le lendemain. Pourquoi, eux qui détiennent des majorités dans des assemblées locales, n’ont-ils pas appelé à des marches de condamnation ? Les partis politiques ont probablement perdu en cours de route, pour certains, et d’autres ne l’ont jamais eue, leur âme de militants. “Redouane Syndicat” l’avait gardée jusqu’à son dernier souffle.

Par Chérif Amayas (Dépêche de Kabylie)

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Khelaf hellal

Il venait souvent avec son cartable aux rassemblements de soutien à Mohamed Benchicou à la Maison de la presse dans le temps ou la plupart avaient laché ou n'y ont pas cru à la noble cause que nous défendions. On était une poignée d'irréductibles, anonymes ou pas mais toujours présents sur le terrain de luttes meme si certains nous voyaient comme de droles de Don Quichottes qui luttent contre les moulins à vents et qui défendent les causes perdues. La bataille était dure, à la fois contre le pouvoir et contre les forces d'inertie qui vous sapent le moral et vous découragent. Mais c'était sans compter sur la volonté, le dynamisme des personnes présentes comme Redouane Osmane et bien d'autres qui se déplacent pour exiger la réparation une grave injustice et aussi pour arracher le droit à la liberté d'expression et de la presse qui était remis en cause et férocement réprimé sous le régime de Bouteflika.

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djamel rouani

la derniere declaration que redouane a tenu a rediger et ecrir il a du faire cetravail le vendredi soir ou samedi le jour de son deces la remtre a la presse

Le Conseil national des Lycées d?Algérie réuni le 14 décembre2007, à Alger a consacré son ordre du jour à la discussion de la grille nationale des salaires et du statut particulier. A l'issue de cette réunion, un rapport circonstancié sur la consultation des enseignants et des travailleurs de l'éducation a fait ressortir les points suivants :

Il existe un profond mécontentement des enseignants et des travailleurs de l'éducation qui considèrent que la grille nationale s?inscrit à contre-courant du processus de valorisation du système éducatif et dévalorise le statut social des enseignants et des personnels. L?augmentation des prix et l'inflation cumulée rendent insignifiantes des augmentations de salaire non indexées sur le coût de la vie.

Les dernières mesures de revalorisation du régime de rémunération des fonctionnaires ne rétribuent pas les compétences et les prestations d?une charge pédagogique plus contraignante induite par la refonte du système éducatif.

En raison de la non mise en ?uvre des mesures de revalorisation salariale prévue pour janvier 2008 et l'absence du projet de texte, concernant les statuts particuliers, prévu en octobre, par le Ministère de l'Education Nationale, le Conseil National du CLA, élargi aux délégués des lycées, a décidé d?appeler la communauté éducative à une mobilisation générale, dés les premières semaines de la rentrée de janvier 2008, pour les raisons suivantes :

Premièrement, malgré le vote de la loi des finances, en octobre 2007, les augmentations de salaire n?ont pas été encore perçues.

Deuxièmement, la mouture de texte des statuts particuliers qui codifient la relation de travail promis en octobre est sans cesse différée et son contenu, non encore rendu public.

Troisièmement, la question de la retraite à 25 ans qui figurait dans la plate-forme de revendication des enseignants est remise en cause par l'article 10 du décret fixant le régime de traitement des fonctionnaires qui allonge la durée d?avancement de 30 à 42 ans.

Quatrièmement, la question de la mobilité des enseignants selon leurs v?ux est remise en question.

NOUS SOMMES POUR :

UN SALAIRE QUI MAINTIENT LE POUVOIR D?ACHAT DE TOUS.

UN STATUT PARTICULIER QUI PRESERVE LES ACQUIS DE NOS LUTTES

UNE RETRAITE SPECIFIQUE A 25 ANS

VOILÀ POURQUOI NOUS AGIRONS ! Un appel national à la mobilisation de tous les travailleurs de l'éducation, où seront fixées les modalités pratiques de cette mobilisation, sera rendu public incessamment.

Alger, le 14 décembre 2007

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