Yémen : le pouvoir appelle à une trêve des combats

Le pouvoir joue la montre au détriment de la rue yéménite déjà ensanglantée.
Le pouvoir joue la montre au détriment de la rue yéménite déjà ensanglantée.

Le vice-président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi a appelé mardi 20 septembre à un cessez-le-feu dans les violents affrontements entre forces rivales à Sanaa qui ont fait 76 morts en trois jours.

En soirée, la situation était calme dans la capitale après des combats entre partisans et opposants du président Ali Abdallah Saleh qui ont coûté la vie à 23 personnes mardi, après 27 morts lundi et 26 morts dimanche, notamment dans la répression des manifestations anti-Saleh.

"Le vice-président a donné de strictes directives pour un cessez-le-feu rapide dans la capitale", a déclaré une source au ministère de la défense, sous couvert de l'anonymat, ajoutant que les forces gouvernementales avaient respecté "unilatéralement" ces directives. De leur côté, les troupes du général dissident Ali Mohsen Al-Ahmar, rallié au mouvement de contestation du régime, observent pour leur part "depuis 12 heures (8 heures GMT) le cessez-le-feu (…) pour mettre en échec les plans de la bande qui cherche l'escalade militaire", a déclaré une source au sein de la dissidence.

Cette trêve favoriserait les efforts diplomatiques entrepris par l'ONU et les monarchies du Golfe pour une transition du pouvoir au Yémen, en proie depuis huit mois à une contestation populaire du président Ali Abdallah Saleh qui refuse de quitter le pouvoir. M. Hadi assure l'intérim du chef de l'Etat soigné depuis plus de trois mois en Arabie saoudite après avoir été blessé le 3 juin dans une attaque contre son palais à Sanaa.

Les Etats-Unis ont appelé mardi à trouver une "solution politique" pour éviter les violences, qui ont empêché une rencontre entre l'opposition yéménite et les émissaires de l'ONU, Jamal Benomar, et du Conseil de coopération du golfe (CCG) Abdellatif Al-Zayani, arrivés lundi à Sanaa pour accélérer un accord sur une sortie de crise. Le chef des Nations unies, Ban Ki-moon, a condamné "l'usage excessif de la force par les forces de sécurité gouvernementales contre des manifestants sans armes", et a appelé à "la plus grande retenue".

Troisième journée d'affrontements

Les accrochages armés et les bombardements à Sanaa contre les protestataires ont fait 10 morts dans la journée de mardi, "dont un soldat du général [dissident Ali Mohsen Al-Ahmar], et 58 blessés par balles", a déclaré Mohamed Al-Qobati, un médecin à l'hôpital de campagne sur la place du Changement, épicentre de la contestation.

Malgré les violences et sous la protection des soldats du général Ali Mohsen Al-Ahmar, des milliers de manifestants avaient marché de la place du Changement vers la rue al-Zoubeiri où étaient concentrés les accrochages, mais avaient dû rebrousser chemin devant l'intensité des affrontements. Des positions des hommes du général Ahmar ont été la cible de bombardements depuis un quartier du sud de la capitale, où sont déployées des unités de la garde républicaine, corps d'élite de l'armée, dirigée par le fils aîné de M. Saleh, Ahmed, selon des témoins.

En outre, treize hommes armés ont été tués et vingt blessés dans le bombardement par la garde républicaine d'un quartier de Sanaa où se trouvent les résidences du général dissident et de cheikh Hussein Al-Ahmar, un dignitaire de la même tribu et un chef de l'opposition, selon son entourage.

A Taez, deuxième plus grande ville du pays, un civil a été tué par un obus, au lendemain de violences qui avaient déjà fait quatre morts, selon une source médicale.

Plus d'articles de : L'actu en Algérie et ailleurs

Commentaires (0) | Réagir ?