L'ancien président Rabbani tué dans un attentat-suicide à Kaboul

Burhanuddin Rabbani
Burhanuddin Rabbani

L'ancien président afghan Burhanuddin Rabbani, aujourd'hui président du Haut Conseil pour la paix en Afghanistan, a été tué dans un attentat-suicide à Kaboul, mardi 20 septembre. Le président afghan Hamid Karzaï a écourté son séjour aux Etats-Unis suite à cet assassinat, immédiatement condamné par le Pakistan.

C'est en fin d'après-midi, mardi, qu'une forte explosion a été entendue dans le centre de Kaboul, près de l'ambassade américaine et de la maison de l'ancien président. Selon son entourage, une bombe était cachée dans le turban d'un faux émissaire taliban. La police afghane a confirmé sa mort dans l'attaque. "Rabbani a été tué en martyr", a affirmé Mohammed Zahir, chef de la police criminelle de Kaboul.

Mercredi dernier, un groupe de kamikazes avait mené dans ce quartier cossu du centre de la capitale une série d'attaques spectaculaires, visant particulièrement le quartier général de l'OTAN et l'ambassade américaine. Quinze personnes avaient été tuées.

Le négociateur de la paix avec les talibans

A 71 ans, Burhanuddin Rabbani est revenu l'année dernière sur le devant de la scène à la tête d'un Haut Conseil pour la paix chargé d'établir des contacts avec les insurgés, notamment talibans, et de trouver des solutions pour mettre fin à la guerre. Mais M. Rabbani avait une longue histoire politique derrière lui. Contraint à l'exil par l'URSS, il était une ancienne figure de la résistance antisoviétique.

Elu en 1992 à la chute du régime prosoviétique, trois ans après le retrait de l'Armée rouge, il n'a en fait jamais vraiment eu de pouvoir. Son appartenance à l'ethnie tadjike, dans un pays dominé par les Pachtounes, en était l'une des raisons. Mais dans ce pays à tradition guerrière, M. Rabbani avait également été éclipsé par les chefs de guerre, au premier rang desquels son ancien ministre de la défense, le Tadjik Ahmed Shah Massoud, anti-taliban assassiné deux jours avant les attentats du 11-Septembre.

Renversé par les talibans

Burhanuddin Rabbani était aussi le dernier chef de l'Etat reconnu par les Nations unies avant la prise de pouvoir des talibans à Kaboul en 1996. Les "étudiants en théologie", qui le chassèrent du pouvoir, ramènent la sécurité dans une capitale meurtrie par des années d'affrontements. Mais leur stricte interprétation de la loi islamique et l'hospitalité accordée à Oussama Ben Laden leur vaudront de ne pasêtre reconnus par l'ONU.

Dès le départ de Kaboul des talibans, en novembre 2001, Rabbani était revenu dans la capitale, y donnant maintes conférences de presse et se posant en seul président du pays. Mais poussé par la jeune garde comme par la communauté internationale, il avait finalement accepté de remettre le pouvoir à Hamid Karzaï, le 22 décembre 2001. Membre du Parlement afghan depuis, il demeurait à Kaboul, où son clan prospérait dans les affaires.

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