Nouvelle loi sur l'information : la grande arnaque

Nacer Mehal.
Nacer Mehal.

Dire la vérité avec un Tam-Tam ou mentir avec un satellite ?

Le pouvoir algérien est terrible. Depuis ses naissances présomptives et putatives, il tente de faire accroire à tout le monde, sauf à lui-même, que l’Algérie et les Algériens manquent atrocement de beaux textes de lois, ce qui, en la circonstance, est singulièrement faux et, bien plus, stupide. Selon la formule paresseuse et tronqueuse du copier-coller, le pouvoir algérien, dans ses divers travestissements protéiformiques, a produit de superbes textes de loi qu’il n’a jamais su respecter, qu’il a toujours violés lui-même. Sciemment. D’une manière générale, ces textes de loi algériens relèveraient, en termes sémiotiques, de curiosités philosophiques ontiques et ontologiques c'est-à-dire du blabla creux et stérile pour salons du FLN.

En termes génériques de fond, souvenons-nous de ces spécificités juridiques algériennes ; souvenons-nous en ! Chaque président a eu sa Constitution ! Chaque ministre a eu Sa ou ses lois ! Chaque Wali ses arrêtés et circulaires stupides. Pour l’anecdote, retenons les excentricités de ces walis de l’Ouest, du Centre et de l’Est pratiquant chacun sa loi, chacun ses caprices, chacun ses désidératas. Dans le vaste territoire de la RADP, pour commander une bière, à Oran, il fallait être debout, à Alger, assis et à Annaba, couché (chambre d’hôtel obligatoire) A Constantine, on n’obtenait sa bière ni debout, ni assis ni couché. On ne l’obtenait que roulant dans un fourgon clandestin. C’est la loi algérienne. Souvenez-vous de ce wali d’Alger, mureur infatigable de bars-restaurants et révolutionneur remarqué du code de la route universel en créant sa fameuse ligne bleue pendant que son collègue d’Oran créait, lui, sa ligne rose : file de véhicules arrêtés parce que suspectés de transport de couples douteux et extra-conjugaux avec contrôle et interrogatoires musclés sur l’intimité conjugale du couple arrêté sur la ligne rose de la Corniche. Souvenez-vous de ces commandos de la DGSN armés jusqu’aux dents y compris de lunettes infrarouges pour chasser les braguettes illégitimes du Bois-des-Arcades, du Jardin d’Essai et des rares parcs d’Alger ! Souvenons-nous de cette police arrêtant les non-jeuneurs. Souvenez-vous de ces walis islamo-baâthistes qui, pour interdire la prostitution légale, ont multiplié par cent la prostitution informelle avec tous les fléaux périphériques qui l’accompagnent (drogue, maladies vénériennes, alcoolisme, accidents de la circulation) C’est la loi algérienne que chaque responsable applique à sa façon. Et à ce jour.

Ceci pour le contexte général où, pour restituer l’esprit de l’applicabilité de la loi algérienne, il nous était nécessaire d’en rappeler les excès, les déviances jusqu’aux excentricités qui frôlent souvent le burlesque et le tragique. La loi algérienne est d’abord déviée, dénaturée et violée en permanence par ceux-là mêmes qui sont chargés de la faire respecter et de la protéger. L’exemple des violations répétées et récurrentes de la loi sur l’information par le pouvoir en place est un cas édifiant et démonstratif de l’immoralité avérée des hommes et des femmes agissant au nom de ce même pouvoir. Plus que les richesses nationales, plus que les fonctions, l’argent et les biens publics, plus et pire que la morale républicaine, les hommes et femmes du pouvoir qui dirigent l’Algérie actuelle ont dévié, corrompu et souillé la loi dans son énoncé comme dans son esprit à la seule fin de se maintenir au pouvoir ad vitam aeternam pour eux-mêmes et leurs progénitures. Je ne retiendrai que l’exemple choquant de la loi 90-07 du 03 avril 1990 portant code de l’information qu’ils n’ont cessé de violer et qu’ils veulent à présent amender ; pour l’enrichir disent-ils. Comment pouvez-vous donc enrichir une loi que vous avez vous-même mille fois ignorée, mille fois violée ?

Une loi mort-née

L’encre de la nouvelle loi de Mouloud Hamrouche n’avait pas encore séché qu’elle fut violée dans son esprit originel par le nouveau ministre chargé de son application dès que M. Hamrouche fut viré (M. Merzoug pour ne pas le citer et qui fut, pour ce motif, le ministre le plus bref et le plus fantaisiste de la République.). Cette loi a été charcutée, violée et vitriolée en dehors de tout dispositif législatif autre que le fait et la volonté du nouveau prince régnant de la communication nationale. Ni le gouvernement, ni le parlement n’ont été consultés pour supprimer les fondements doctrinaux de cette loi ainsi que les dispositifs qui en découlaient. Le ministre Merzoug, pour ne pas le nommer, avait décidé seul, clandestinement, de supprimer le Conseil supérieur de l’information (le CSI) et de mettre en congé ses membres y compris son président, ses moyens administratifs, ses locaux et ses équipements. Il s’octroya, hors la loi, les moyens et les prérogatives de cette institution. Depuis ce hold-up, un parmi tant d’autres, le ministère de la C communication fonctionne avec cette usurpation d’origine qui a vu défiler pas moins de neuf ministres pour les seuls mandats de M. Bouteflika. Chacun de ces neuf ministres, chacun à sa façon, chacun selon son zèle et ses génuflexions du jour, avait promis, le doigt dans le nez, d’apporter son nouveau code de l’information ; sa nouvelle loi. Personne n’y réussira ; pas même le dernier, celui qui présentera ses plates excuses pour les mauvais programmes de l’ENTV 2010 alors qu’il en fera faire de pires en 2011. Le pauvre ministre qui fut aussi journaliste pauvre mais pas DG de la pauvre de l’APS, réalise enfin la pénibilité de vivre dans l’imposture permanente quand, voyant son grand projet de loi sur l’information finir, comme tous les autres, dans les poubelles de la République. Il réalise enfin son immense bonheur de servir encore Bouteflika et de n’avoir pas partagé le sort de tous ses prédécesseurs ayant tous voulu pondre leur propre code et passer, un à un, à la trappe. Immense consolation tout de même ; ils mangent, pavoisent et tirent toujours les bretelles vers le haut. Mais toujours point de code. Pourquoi ?

Le petit gramme de porc dans le couscous de Belkhadem

L’actuelle loi sur l’information, bien que charcutée et mise en pièces par tous les gouvernements successifs du pouvoir, est toujours en vigueur. J’avais humblement, avec de nombreux confrères, contribué à la rédaction de cette loi quand elle était encore en projet. A ce titre, je fus convié à un débat en direct à l’ENTV (du temps remarquable et remarqué de Abdou B.) pour apporter la contradiction à deux ardents défenseurs FLN de ce projet : MM A. Belkhadem et M. Chorfi. A l’époque, ces deux représentants FLN, soutenaient en direct à l’ENTV que ce projet était positif à 98%. Moi, je soutenais qu’il était négatif à 2% et que c’était assez pour invalider tout le dispositif du texte. M. Belkhadem, soutenu par M. Chorfi, prit alors à témoin les téléspectateurs pour conforter son point de vue et démontrer ma prétendue mauvaise foi pour une si faible densité d’articles négatifs.

- Regardez, Messieurs dames, ce monsieur conteste notre projet parce qu’il contient juste 2% de choses négatives alors qu’il aurait dû le soutenir pour les 98% de bonnes dispositions qu’il contient…

- Non, Messieurs, dis-je, c’est ce petit gramme d’articles négatifs et dangereux qui risquent d’invalider tout votre projet… C’est quoi cette histoire d’atteintes aux constantes nationales ? D’atteintes à l’unité et à la sécurité nationales ? En vérité Messieurs, les seules constantes que vous défendez par ce texte, ce sont les vôtres. Vous défendez la constance et la permanence de votre pouvoir et de votre idéologie moyenâgeuse. Ce que vous appelez constantes nationales sont en fait vos constances personnelles et seulement cela.

- Avec seulement 2% de déficiences et d’impureté juridiques, on peut se maintenir au pouvoir… ?

- Oui, tout à fait, Messieurs ; on peut faire pire que cela M. Belkhadem ! Imaginez qu’on vous jette un demi-gramme de porc dans votre couscous, le mangeriez-vous M. le député ?

- Assurément non ! Non, jamais…

- C’est avec ce genre de lois amendables et à interprétations variables à souhait, financées et entretenues avec l’argent public que vous dominez l’Algérie et ses médias… C’était en 1990.

Cette loi a été votée. Elle est toujours en vigueur. En plus des mutilations et des atrophies qu’elle a déjà subies, on peut dire qu’avec le règne Bouteflika, cette loi est totalement violée, contournée et, le plus souvent, détournée. Par qui ? Par les propres ministres chargés de la protéger et de la promouvoir. Alors, comment peut-on faire une grande et nouvelle loi quand on est incapable de respecter une tout petite loi sur le même sujet ? Comment peut-on innover et moderniser un secteur quand au même moment on bafoue et viole les rares lois qui le protègent ? Comment peut-on apporter la vie dans un secteur quand, au même moment, on y apporte la mort, la régression, le déni de droit et le pillage ? M. Mehal propose maintenant la prison à ceux qui, par leurs opinions, auront déplu à son chef employeur. Velléité à la poubelle. Comment peut-on le plus quand on ne peut le moins ? Comment peut-on apporter une communication moderne quand on ignore jusqu’au sens premier du terme communication ? Quand on a évolué dans l’archaïsme des impostures et de l’esbroufe permanente des has been ? Comment se peut-il que les nullités du passé puissent poser à présent en promoteurs du futur et de la modernité ? Quand un ministre de la justice détourne et viole la loi...

Une foule de médias à la solde de la caste au pouvoir

Ici, je n’aborderai pas la description démontrée de l’usage privatif qui est fait actuellement des moyens publics de communication au seul bénéfice des hommes et des femmes du pouvoir en place. Soit :

- 54 radios locales, régionales, nationales et internationales financées et entretenues avec l’argent public au seul bénéfice d’un groupe d’individus dont la seule motivation reste leur maintien au pouvoir et des privilèges qui en découlent.

- 01 agence nationale d’information APS financée et entretenue avec l’argent public

- 01 agence nationale de publicité ANEP financée et entretenue avec l’argent public

- 05 chaînes TV uniques, gigognes de l’ENTV, financées et entretenues avec l’argent public

- 07 titres de la presse écrite publique financés et entretenus avec l’argent public

- 48 titres de la presse écrite privée financés et entretenus avec l’argent public.

Selon la loi en vigueur, ces moyens publics appartiennent à l’ensemble de la collectivité nationale et pas seulement à une caste, un clan ou à une tribu. Leur accès devrait donc être ouvert équitablement à tous les Algériens et à toutes sensibilités nationales. Dans les faits, cela se passe autrement. Dans les faits, ces organes de presse fonctionnent comme des moyens étatiques et/ou gouvernementaux et/ou partisans et, dans tous les cas de figure, destinés à un usage privatif et personnalisé à l’excès. Le président de la RADP n’a-t-il pas rappelé publiquement que c’était lui qui payait l’orchestre médiatique national et donc normal, dit-il, que les médias publics lui jouent les musiques de son choix. N’a-t-il pas déclaré aussi qu’il était le rédacteur en chef de l’APS ? Il est donc le premier violeur de la loi portant code de l’information. Il faudrait juste rappeler au président de la RADP que les musiciens des médias publics sont payés non pas avec de l’argent privé mais bien avec de l’argent public appartenant à l’ensemble de la communauté nationale.

A cette fin de maintenir le verrouillage permanent des moyens publics de la communication nationale, le ministre de la Justice, garde des sceaux, s’octroie des prérogatives illégales et extra-constitutionnelles pour s’arroger le droit régalien d’autoriser ou d’interdire tout nouveau titre de presse privé. Ce ministre, inventeur par ailleurs de la justice de nuit et empêtré dans de nombreux scandales rapportés par la presse, nommé comme on sait, c'est-à-dire comme les douze autres membres de la tribu régnante, viole tranquillement la loi de la RADP en refusant de délivrer automatiquement le récépissé de dépôt de dossier de création de titre tel que le stipule et l’y oblige la loi.

Voici ce que prévoit la loi portant code de l’information toujours en vigueur.

"Art. 14. L'édition de toute publication périodique est libre. Elle est soumise, aux fins d'enregistrement et de contrôle de véracité, à une déclaration préalable, trente (30) jours avant la parution du premier numéro.

La déclaration est enregistrée auprès du procureur de la République territorialement compétent du lieu de parution de la publication.

La déclaration est faite sur papier timbré, signée par le directeur de la publication. Il lui en sera délivré, sur le champ, un récépissé.

Le récépissé doit comporter les renseignements relatifs à l'identification de l'éditeur, de l'imprimeur et aux caractéristiques de la publication telle que prévue ci-dessous."

A ce jour, ce fameux récépissé n’est délivré qu’aux seuls amis, proches, servants et servis de la tribu régnante. A tous les autres demandeurs n’offrant pas des garanties d’allégeance et de soumission au clan, ce récépissé est bloqué selon des méthodes dilatoires et dégradantes relevant du mépris et du déni de droit. Pendant des mois, voire des années, le tribunal territorialement compétent, chargé de délivrer sur le champ le récépissé de dépôt de dossier, vous renvoie devant le parquet général lequel vous renvoie à son tour au ministère de la Justice lequel vous balade de bureaux en bureaux pour finir enfin, avec vos avocats, devant une vague préposée aux écritures dont on ne connaîtra ni les fonctions ni les prérogatives. Tout au plus, elle vous répondra invariablement "Votre dossier est à l’étude, attendez qu’on vous convoque…" A l’étude depuis quatre ans pendant que d’autres, les servants du clan l’ont obtenu en quelques jours ? C’est ainsi que M. Bouteflika fait gérer le dossier de création de nouveaux journaux distincts et distants de son pouvoir. C’est ainsi qu’il compte aussi gérer, par sa nouvelle loi, la création de nouveaux organes de presse par des conseils et des commissions majoritairement acquis à sa dévotion et à son service. Et c’est ainsi que ce pouvoir compte gérer le paysage médiatique national. Par la ruse, le mensonge et le déni de droit. Plus précisément par l’imposture des larbins gagnés à sa cause par l’argent et sa corruption étalée au grand jour.

Et c’est à ces gesticulations médiatiques que nous assistons aujourd’hui et que le pouvoir suscite par ces nouveaux projets de loi. Plus spécialement en réveillant les Berlusconi en herbe qui sommeillent en chaque larbin du pouvoir. Et forcément donc ces radios de demain, ces télés de demain, ces nouvelles niches putatives que le pouvoir de Bouteflika miroite à ses futurs servants, réveillent une foultitude de postulants à la servitude facile. Normal : la mouche et la merde ont toujours fait bon ménage. Ajoutez-y les milliards et la célébrité et vous aurez toutes les hystéries médiatiques auxquelles nous assistons en ce moment. Chacun voulant sa télé, sa radio, sa part du butin mettant à jour le célèbre slogan de François Guizot "Enrichissez-vous !" Mais, M. Guizot, lui, a construit un pays et une capitale. Est-ce le cas des Guizot algériens s’il en est ? Parce qu’en Algérie, faut-il le rappeler, on s’enrichit en détruisant.

Ceci rappelé, il faut tout autant dire que les postulants au NPA algérien (Nouveau paysage audiovisuel) ne sont pas tous ces beggarine incultes et pressés d’introduire les friperies audiovisuelles comme ils ont déjà introduit les friperies vestimentaires et industrielles. Parce qu’il existe aussi en Algérie des postulants talentueux, sérieux et honnêtes qui peuvent redonner vie au NPA algérien. Comme certains professionnels de la PQN qui ont démontré qu’on pouvait produire une grande presse sans être contraints à l’allégeance et à la soumission à l’image des 40 journaux corrompus en bébés tétant la rente du pouvoir.

Ceci précisé, je ne cesserai jamais de croire, qu’à ce jour, les meilleures télés du monde restent les télévisions publiques soumises aux obligations d’utilité publique et de l’intérêt général. A l’image de ces grandes chaînes publiques européennes et japonaises. La NHK du Japon, la SVT suédoise, France Télévision et en particulier FR3, ARTE franco-allemande, ARD et ZDF allemandes, les RAI italiennes, la BBC britannique, et bien d’autres. Ces chaînes publiques réussissent admirablement leurs missions de service public parce qu’elles sont portées à la base par des systèmes politiques démocratiques. Il est biologiquement impossible à un système politique autocratique et féodal dans son essence de favoriser l’émergence de nouvelles chaînes radios ou télés modernes, ouvertes et riches des diversités de la société qu’elles servent. A-t-on vu une mouche produire du miel ? Il est vrai cependant que les systèmes autocratiques et théocratiques arabes et maghrébins, rois, roitelets et présidents, ont réussi l’impossible prouesse de faire vivre en même temps moyen âge et numérique ou de convertir les Rois Fainéants aux merveilles du laser et du numérique tout en maintenant leurs couches d’arriération mentale, morale et politique. Et pourtant, c’est l’exact sort qui nous arrive. Des autocrates incultes et arriérés utilisent des hautes technologies modernes pour dominer encore et toujours les peuples et les sociétés. Ne vaut-il pas mieux de dire la vérité avec un Tam-tam plutôt que de mentir avec un satellite ? Ceci dit, il est souhaitable d’avoir les deux : la vérité et le satellite. Ce n’est pas ce que promet la nouvelle loi algérienne sur l’information. Une vraie arnaque programmée.

M. Abassa

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Commentaires (6) | Réagir ?

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khelaf hellal

Difficile de croire effectivement qu'une imposture puisse comme ça du jour au lendemain se reconnaitre comme tell, s'auto-amender profondément pour donner ce qu'elle n'a pas pu donner de meilleur avant ce jour. Difficile d'y croire à ce qui pourrait être une imposture de plus cherchant à gagner du temps après en avoir trop perdu ou parce-que les carottes sont cuites. L'imposture a dans ce cas atteint les limites de ce qu'elle était capable de faire pour continuer à tromper son monde, aujourd’hui, elle veut se réinventer en faisant attendre des reformes profondes après en avoir déjà fait attendre ce qui n'est jamais arrivé. A mon avis, une imposture ancienne qui subitement et subtilement veut redresser ce qui a fait son imposture est en soi une imposture.

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atuelpa yupanqui

La nous voyons un de Ghedj rouge d’une ire légitime. Un de ces moments forts, chargés, impétueux, qui parfois, accompagnent les retours des thébaïdes. Puisse avoir été ton exil, loin du flux incessant de la sottise humaine, l’occasion de répandre sur nos pâles existences quelques paillettes d’esprit. Je ne te ferais évidemment pas l’affront de te comparer à ces sémaphores que le Dr (roulez les R, ça plus authentiques) Sadi croit discerner dans la purée de poix de nos quotidiens. En t’esgourdant gloser, j’ai tôt fait de comprendre que tu préfères le précieux au massif. Mais avoue cher ami que pour le coup Mr Abassa mérite le respect. C’est emmené au pas de charge, à la hussarde. Ca ne donne pas dans la dentelle. Et je ne peux m’empêcher d’imaginer un de ces Beggars incultes lorgnant sur le texte du coin de l’œil, les tripes noués par l’angoisse, à se morigéner : Suis –je si primaire que l’affirme l’Abassa ? Oh ! Répondras-tu, une bien puérile revanche que voilà. Oui, nous en sommes réduits à chercher dans la broutille et l’escarmouche nos motifs d’espérance. J’en conviens. Et même si tout cela donne l’impression d’enfoncer des portes ouvertes, je crois qu’il faut reconsidérer notre perception du bélier. Y voir le geste auguste du semeur pour une terre qu’ils, les concepteurs de la misère nationale, veulent stérile. Une belle obstination qui saura faire germer l’envie de croire à nouveau. Et j’en suis reconnaissant à Abassa pour cela…

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