L'aide alimentaire menacée en Europe

Des millions de précaires en Europe bénéficient de l'aide alimentaire.
Des millions de précaires en Europe bénéficient de l'aide alimentaire.

Aujourd'hui, les ministres de l'Agriculture de l'UE doivent se prononcer sur une baisse sans précédent des aides aux associations caritatives. Les plus pauvres sont menacés.

Coluche réveille-toi, ton action part en vrille... En 1987, à l'initiative de l'humoriste et de Jacques Delors, alors patron de la Commission européenne, est créé le PEAD, le Programme européen d'aide aux plus démunis. Un fonds de près d'un demi-milliard d'euros alimenté par les surplus de la Politique agricole commune (PAC) et par une aide directe des États membres. Une manne redistribuée aux associations caritatives nationales.

En juin, la Commission européenne a annoncé que ce budget allait passer de 480 millions d'euros à 113,5. Pour la France, l'aide tomberait de 78 à 15,9 millions d'euros... Pourquoi ? L'agriculture européenne ne dégage plus les mêmes excédents et ne peut plus alimenter l'aide sociale. Quant à la plupart des pays membres, l'état de leurs finances ne leur permet plus de combler la différence.

Les ministres de l'Agriculture se retrouvent, aujourd'hui, pour en débattre et ils sont divisés. Une réunion de la dernière chance pour les ONG européennes.

Toujours plus de bénéficiaires

Hier, les responsables des Restos du coeur, de la Croix-Rouge française, du Secours populaire et du réseau des Banques alimentaires (ONG françaises) ont lancé d'une seule voix un véritable cri d'alerte. Sans l'aide européenne, ces associations vont perdre de 25 à 50 % de leur capacité d'aide. "Si la décision passe, ce sont 49 millions de repas que nous ne pourrons plus distribuer, soit l'équivalent de 200 000 personnes qui ne seront pas nourries", déplore Maurice Lony, de la Banque alimentaire.

L'état des stocks dus aux précédentes collectes et au PEAD 2011 devrait permettre aux associations françaises de tenir jusqu'à la fin décembre. "Après, il faudra gérer la pénurie...", poursuit Maurice Lony. "Ce n'est pas possible que l'on diminue les aides alors que depuis 2008, nous avons chaque année près de 15 % de bénéficiaires en plus", ajoute Didier Piard, de la Croix-Rouge. La FNSEA et la Confédération paysanne, deux organisations d'agriculteurs français, ont apporté leur soutien dans cette lutte.

Dans les autres pays européens, l'inquiétude est la même. Le PEAD finance l'aide alimentaire de 13 millions de personnes. "En Espagne, il représente 50 % des approvisionnements des Banques alimentaires, 90 % en Hongrie et en Pologne, s'alarme Alain Seugé, vice-président de la Fédération européenne des Banques alimentaires. Imaginez les dégâts sur les bénéficiaires et sur le tissu associatif."

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