Tripoli revient à la vie, les rebelles visent Syrte

Les combats se poursuivent à Zouara
Les combats se poursuivent à Zouara

La vie commençait à reprendre son cours samedi à Tripoli, une semaine après le début de l'offensive des rebelles libyens, qui ont entamé le travail de reconstruction sans perdre de vue le dernier bastion de Mouammar Kadhafi, Syrte.

Au Caire, le président du Conseil exécutif du Conseil national transitoire (CNT, l'organe politique de la rébellion), Mahmoud Jibril, a présidé la délégation libyenne à la réunion des ministres des Affaires étrangères des 22 membres de la Ligue arabe. Celle-ci a demandé à l'ONU de"permettre au CNT d'occuper le siège de la Libye à l'ONU et dans ses diverses organisations". Elle a également demandé au Conseil de sécurité de débloquer "les fonds, les avoirs et les biens revenant à l'Etat libyen", selon un communiqué.

Après une petite semaine de combats, Tripoli est restée calme samedi, au lendemain d'une nuit émaillée d'explosions isolées et de rafales d'armes automatiques, en particulier dans deux quartiers du sud de la ville, Abou Salim et Salaheddine. Dans ce quartier, les rebelles ont conquis samedi la base des troupes d'élites de la 32e Brigade, commandées par Khamis, l'un des fils du colonel Kadhafi, la dernière base militaire encore aux mains des loyalistes, après des frappes de l'Otan et 7 heures de combats qui ont fait 11 morts côté rebelles. Une cinquantaine de squelettes carbonisés, probablement victimes d'un massacre mardi, ont été découverts lors de la prise de ce camp.

Les rebelles ont aussi annoncé contrôler "entièrement" l'aéroport international et avoir libéré le quartier voisin de Qasr ben Ghichir. "Il y a beaucoup d'armes dans des mains pro-Kadhafi", a cependant prévenu un porte-parole rebelle, Mahmoud Chammam, reconnaissant que des poches de résistance subsistaient. "Mais il n'y a pas de chaos. Il n'y a pas de coups de feu partout. Nous contrôlons la situation", a-t-il assuré.

"C'est une victoire du peuple libyen contre la tyrannie. C'est la volonté des Libyens qui va forger l'avenir de leur société. Donc il faut en premier lieu créditer les Libyens eux-mêmes (...). Cela étant dit, je suis fier de ce que nous, Alliés, avons fait", a déclaré le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen.

Depuis Benghazi (est), le président du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, a lancé un appel d'urgence humanitaire pour la capitale, qui manque de produits médicaux et alimentaires de première nécessité. Dans la capitale, la situation ne semblait pourtant pas dramatique. Même si les prix se sont envolés, les magasins sont achalandés. Et si les 2 millions d'habitants de la ville commençaient à manquer d'eau, les rebelles ont affirmé travailler à restaurer ce type de services essentiels.

Outre ce début de reconstruction, la priorité des rebelles restait l'arrestation de Mouammar Kadhafi et de ses fils, après 42 ans d'un pouvoir sans partage. Certains estiment que l'ancien "Guide" s'est réfugié à Syrte, sa région natale, à 360 km à l'est de Tripoli. Mais dans cette bataille, les rebelles piétinent. Depuis quatre jours, ils sont bloqués par les forces fidèles à Mouammar Kadhafi, installées à Ben Jawad, à 140 km à l'est de Syrte. Pourtant, des négociations sont en cours avec les leaders tribaux de Syrte en vue d'une reddition de la ville et pour les rebelles du front Est, elle finira par tomber, pacifiquement ou par les armes.

Dans l'ouest du pays, les rebelles se sont emparés vendredi soir du poste-frontière de Ras Jdir, porte vers la Tunisie. "C'est une grande victoire, nous nous attendions à ce que Kadhafi et les personnalités du régime tentent de s'échapper par là. Désormais nous leur avons coupé la route, ils n'ont plus que le désert pour s'enfuir", a déclaré le commandant des rebelles à Ras Jdir, Jamal Mansouri.

Mais les combats qui se poursuivaient autour de Zouara, à 90 km à l'ouest de Tripoli, empêchaient la réouverture de la route côtière entre la frontière et la capitale, essentielle à l'approvisionnement. Quant à la situation de M. Kadhafi, les rumeurs vont bon train. L'agence égyptienne Mena a ainsi évoqué le passage en Algérie vendredi d'un convoi de six Mercedes blindées, qui pourraient avoir transporté de hauts responsables libyens voire Kadhafi lui-même, une information démentie par Alger.

M. Abdeljalil a promis samedi aux dignitaires du régime "des procès équitables", les appelant à se rendre pour "éviter une exécution sommaire". Il a aussi dit sa préférence pour des procès en Libye, alors que plusieurs responsables, dont M. Kadhafi, sont recherchés pour crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye.

Après six mois de combats acharnés, Amnesty International a dénoncé les tortures et mauvais traitements pratiqués par les deux camps, ainsi que l'exécution sommaire de "nombreux prisonniers" en début de semaine par des pro-Kadhafi dans deux camps près de Tripoli. Parallèlement, des journalistes de l'AFP ont assisté à Tripoli à des tabassages d'une violence extrême de partisans présumés du régime qui n'ont dû leur survie, peut-être temporaire, qu'à la présence des médias.

Les appels internationaux à la réconciliation et au renoncement à toute vengeance se sont multipliés, aussi bien du côté de l'Union européenne, des Nations unies que de l'Union africaine (UA). Vendredi, l'UA a refusé de reconnaître la légitimité du CNT, jugeant la situation militaire encore trop instable. Mais samedi, le Niger, voisin de la Libye, et le Togo ont rejoint la dizaine de pays africains à avoir reconnu de manière individuelle l'autorité des rebelles.

AFP

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