Après Benghazi, Zouara a été la deuxième ville à se soulever contre le tyran de Tripoli. Avec ses 45000 habitant, elle était restée presque un mois encerclée par les troupes kadhafistes. Quand celles-ci sont entrées, les rebelles s'étaient déjà retirés. Mais depuis 48 heure, elle est le centre de combats et de bombardements acharnés. Les derniers irréductibles de Mouammar Kadhafi y sont regroupés. Les rebelles ont fait appel à leurs partisans en opération à Tripoli.

"Inch'allah, on va en finir" rapidement, claironne un des responsables de l'opération contre Tripoli lancée samedi par les rebelles, Anwer Elmeshri, de passage à Zenten, centre névralgique de la rébellion dans l'Ouest.

Depuis mercredi, les rebelles de la région se mobilisent pour soutenir Zouara, ville berbère située sur la côte à une trentaine de kilomètres à l'est de la frontière avec la Tunisie, libérée il y a trois jours mais fermement encerclée par les forces loyales à Mouammar Kadhafi.

L'enjeu est important: si la région tombe, le poste-frontière de Ras Jdir (son nom côté tunisien), toujours tenu par les hommes de l'ancien régime et par lequel le leader libyen pourrait être tenté de s'échapper, sera à portée de main. Pour l'heure, Zouara reste à portée des roquettes et obus de mortier des hommes du régime positionnés à l'ouest à Zelten (à 30 km), au sud-ouest à Ragdaline (à 15 km), au sud à Al-Jamil (à 10 km) et au sud-est à Al-Ajilat (à 25 km) d'où ils ont bombardé la ville à plusieurs reprises. La route côtière en direction de Sobratah n'est de son côté toujours pas sécurisée.

"Les rebelles de Zouara ont appelé Zenten et les autres régions libérées pour obtenir des renforts", explique le coordinateur des mouvements militaires pour la région de Zenten, le colonel Abdu Salem. Selon le commandant d'un groupe de rebelles de Sobratah (à 40 km à l'est de Zouara), ils sont en route. "Des rebelles de Zenten, Roujbane, Tripoli, Zawiyah sont attendus d'ici demain matin pour mener la bataille" par l'est contre Al-Ajilat, affirme Bilal Mansour. Les "combattants de la liberté" sont déjà à l'entrée de cette localité, terre natale d'un ministre du leader libyen. Mercredi soir, les rebelles de Zouara et de Sobratah ont fait une incursion à Al-Ajilat avant de s'en retirer car "on essaye encore de trouver une solution pacifique", poursuit M. Mansour.

Le même jour, il y a également eu une bataille sur la route reliant Zouara à Al-Jamil, selon un autre rebelle de Sobratah Ali Moussa. De leur côté, les rebelles de Nalout tentent d'avancer par la route du sud de Zouara où 7.000 d'entre eux sont positionnés à moins d'une centaine de kilomètres, selon le chef du conseil militaire de cette ville, le colonel Massoud Salem. La bataille par l'est semble imminente alors que les rebelles ont pris mercredi le contrôle de Bab al-Aziziya, QG de Mouammar Kadhafi à Tripoli, et que sur le front Est, ils tentent de progresser vers Syrte.

A Sobratah, passée il y a une huitaine de jours dans les mains des rebelles, de joyeux "Free Free" ou Allah Ouakbar" résonnent aux check-points. A Zawiyah, grande ville côtière située à 60 km à l'est de Zouara, l'hôpital se prépare à recevoir des blessés, selon Abdullatef Gadi, membre du conseil mis en place pour gérer la transition dans cette ville libérée samedi.

Quant à la population de Zouara, elle attend fiévreusement. Mercredi, Ali Moussa a pu s'y rendre en passant par la côte. "Ils sont heureux, heureux, quand ils nous ont vus, ils nous ont chaleureusement accueillis", raconte-t-il. Dès le tout début de l'insurrection, mi-février, contre le leader libyen la ville s'était révoltée. Durement matée par les forces loyalistes, elle aura été l'une des dernières de l'Ouest libyen à s'être "libérée".