Libye, la diplomatie algérienne boit le calice jusqu’à la lie

Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères.
Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères.

On avait relevé, lundi, ici même le silence troublant de l’Algérie sur le conflit qui se déroule en Libye. Mais manifestement, la situation est pire que ce qu’on croyait.

Car il faut bien avouer que la diplomatie algérienne dont les grandes décisions sont du ressort du président de la République est complètement larguée dans l’affaire libyenne. Que se passe-t-il au sommet de l’Etat pour que l’Algérie devienne absente, aphone sur un pays avec lequel elle partage un millier de km de frontières ? On savait depuis le début que contrairement à de nombreuses capitales d’influence, l’Algérie avait misé sur le tyran contre son peuple. On savait aussi que des anciens ministres ont été dépêchés par le pouvoir pour rencontrer le régime libyen. Ils en sont revenus avec leurs certitudes : "Le Conseil national de transition se compose de ressortissants étrangers qui n'ont rien à voir avec la Libye, le reste des membres du CNT sont des personnages opportunistes", avait déclaré l’un d’eux. L’argument est court, dénué de fondement. Quand on connaît l’autoritarisme et la paranoïa de Kadhafi et ses enfants, il est irresponsable de garder le silence sur la tragédie du peuple libyen et de continuer à mentir à l'opinion publique nationale.

Abdelaziz Rahabi, ancien ministre, déclarait au sujet de notre diplomatie dans un entretien à El Watan que "chez nous la décision est encore centralisée et ses détenteurs sont des héritiers d'un ordre international révolu. Ils ne pas pas encore sortie de la guerre froide". De fil en aiguille et à la lumière des derniers bouleversements politiques, on est le dernier pays du Maghreb dont l'horloge politique est bloquée aux années 1970.

La paralysie qui caractérise les étages décisionnels de notre pays est inquiétante. Dans un communiqué publié mercredi après midi, le ministère des Affaires étrangères a démenti avoir publié un communiqué sur la situation en Libye tel que colporté par certains médias, reprend l’agence officielle APS. "Contrairement à ce qui a été rapporté par certaines sources médiatiques qui citent l’agence UPI le 24 août 2011, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères dément la publication par le ministère d’un communiqué sur la situation en Libye", souligne le communiqué. Ainsi donc notre diplomatie est réduite à démentir au lieu d’agir. Malheureusement, en l’espèce, ce n’est pas la première fois, on se souvient de l’accusation portée par le président du CNT sur une aide algérienne pour Kadhafi qui avait poussé notre ministère des AE à se justifier. A défaut de clarifier la position officielle de l’Algérie, d'éclairer les Algériens sur la situation de notre ambassade attaquée à Tripoli, le ministère des Affaires étrangères communique pour nous dire qu’il n’a pas communiqué.

On pensait benoîtement que c’était juste un silence gêné des suites d'erreurs d'appréciation. Mais non, c’est carrément la bérézina diplomatique.

Yacine K.

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Commentaires (8) | Réagir ?

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khelaf hellal

Dans mon précédent commentaire, je voulais dire ceci : " C'est la grande Hchouma de la diplomatie algérienne qui ne désarme pas devant le cours des évènements en Libye qui est complètement aux antipodes de ses prévisions et de ses calculs. "

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madjid ait

Boutef et son ministre de la diplomatie sont deux vrais limaces diplomatiques.

Toujours en retard d'une guerre!

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