A quoi joue l’Agence presse service (APS) ?

A quoi joue l’Agence presse service (APS) ?

Le rôle de l’intellectuel, du journaliste, d’un cadre de la nation et plus généralement de tout patriote intègre soucieux des intérêts supérieurs de l‘Algérie est d’éviter tant la sinistrose, le dénigrement gratuit que l’autosatisfaction, source de névrose collective, mais d’émettre son analyse et son appréciation selon sa propre vision du monde.

Le débat contradictoire productif, le dialogue serein sont me semble-t-il la condition sine qua non pour établir tant un bilan objectif afin de corriger les erreurs que de tracer les perspectives futures du pays. Et si j’ai accepté le 21 août 2011, l’invitation de mon ami Mohamed Bahloul, directeur de l’Institut des ressources humaines à Oran, et ayant eu le privilège (l’élève me semble-t-il a dépassé son maitre et j’en suis fier pour l’Algérie) d’avoir été son professeur tant durant sa licence ès sciences économiques qu’en magister, c’est justement pour ce débat productif que j’appelle de mes vœux depuis de longues années. Le débat que nous avons animé avec lui et mon ami Mohamed Brahim, ancien conseiller à la chefferie du gouvernement, entre dans cet objectif stratégique. Aussi c’est avec surprise que j’ai lu le compte rendu sommaire de l’agence officielle APS en en date du 22 aout 2011 qui selon elle les experts qui ont animé le débat sur la transition auraient affirmé que l‘Algérie est sur la bonne trajectoire.

Tout en rendant au passage hommage à la presse indépendante, nous avons insisté sur le fait que la société avait pris conscience d’un changement pour une transition démocratique pacifique alors que les pratiques de gouvernance ont malheureusement peu changé, le rédacteur du texte de l’Agence officielle confondant prise de conscience et changement réel. L’APS ignorerait-elle que nous sommes à l’ère d’Internet où le monde est devenu une maison en verre et pourquoi cette désinformation contreproductive pour le pouvoir lui-même ? L’Algérie n’a-t-elle pas besoin surtout d’un regard lucide et non de courtisans ? Pour l’opinion publique afin qu’elle ne soit pas induite en erreur par cette propagande de l’ère du parti unique nuisible aux intérêts du pays et à notre statut d’intellectuel.

Sans entrer dans les détails, voici les conclusions qui ont fait le consensus tant des trois experts animateurs que de la nombreuse assistance qui a participé au débat.

Passer d’une économie de rente à une économie de production. Le vrai débat sur la transition qui dépasse largement l’aspect monétaire, est de relancer la sphère réelle afin de créer des emplois créateurs de valeur ajoutée afin de diminuer les tensions sociales renvoyant à des facteurs politiques, sociaux et culturels du fait que le blocage est d’ordre systémique et pas seulement à des facteurs économiques, au moment où la population algérienne passera de 36 millions à 50 millions sans pétrole et sans gaz dans 25/30 dans le cas d’un scénario raisonnable. L’objectif stratégique pour l’Algérie est la transition rapide d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures supposant une gouvernance renouvelée, la valorisation de l’entreprise et son support, la ressource humaine, richesse bien plus importante que toutes les ressources des hydrocarbures en réhabilitant son élite supposant de profondes réformes politiques et économiques solidaires.

L’Algérie a le choix entre deux variantes.

Transition pacifique. C’est la première variante, une transition démocratique pacifique grâce à un dialogue sans exclusive, entre les différentes forces sociales et économiques, une mobilisation citoyenne, une société participative tenant compte des bouleversements du monde et notamment du printemps arabe où les peuples ont vaincu l’ennemi le plus mortel, la peur.

La déflagration. C’est la seconde variante, ignorer la transformation monde, continuer dans une gestion autoritaire, administrative des années 1970, assimilant la population algérienne à un tube digestif que l’on croit calmer par la distribution de revenus sans contreparties productives, se refugiant dans l’élaboration de lois alors que l’Algérie a les meilleures lois du monde que contredisent quotidiennement les pratiques sociales, alors que le problème est ailleurs, il est une nouvelle gouvernance, un Etat de droit, renvoyant à une nouvelle régulation politique, sociale et économique. Cette dernière variante préparerait alors à terme une très grave déflagration sociale. Espérons que la raison l’emportera au profit exclusif de l’Algérie et d’une manière générale pour l’ensemble du Maghreb et l’Afrique dont l’intégration économique est une nécessité historique et économique face à la nouvelle configuration géostratégique mondiale.

Dr Abderrahmane Mebtoul, expert international

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Commentaires (2) | Réagir ?

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FERHAT AIT ALI

La transition pacifique n'est pas à opposer aux victimes multiples et perpetuelles d'une agression immorale qui remonte à l'été 62, et ne doit pas être un souci inhibiteur pour un seul camp, celui des victimes Si quelqu'un doit être sommé de proceder à une transition pacifique, c'es plutôt le camp de la violence et de la spoliation, et c'est d'ailleurs toujours lui qui recours le premier à la violence n'ayant rien d'autre à opposer que cela comme argument universel et commun à tous les bandits depuis que le monde est monde. Garantir le pacifisme des victimes dans toute revendication de droits, à quelqu'un qui ne demande que cette garantie pour agir selon ses instincts est une veritable prime au crime organisé, et une mise en échec anticipé de toute revendication.

La seule chose qui puisse eêre garantie est que la partie victime mais néanmoins responsable, contrairement à la partie agresseur, ne sera pas la première à user de violence en présence d'alternative pacifique de solution étayée par le refus de l'agresseur de réagir selon ses instincts naturels.

Pour le reste, aucune garantie ne pourrait être moralement donnée, à moins de confondre pacifisme et passivité, c'est les événements et les réactions des uns et des autres qui déterminent la suite à leur donner, et non des professions de foi qui n'engagent que leurs auteurs, le terrain étant autre chose que des théories sans assises concrètes.

Le régime, fidèle à sa vraie nature, a cédé à quelque milliers de jeunes excités sans aucun programme politique, après trois jours d'emeutes sans finalité, plus de concession qu'il n'en a fait pour toute la classe poltique "pacifique" en 12 ans de contorsions.

Comme en Libye ou en Egypte ou en Tunisie, la solution ne viendra pas des bureaux d'études ou des salons partisans, elle viendra des gavroches des rues que le pouvoir fabrique à la pelle, même s'il leur fait les yeux doux au moindre grognement.

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Belkacem SiMohammed

Avec tout le respect que je dois à votre stature, professeur Mebtoul, je crois que vos conclusions quant aux choix des variantes qui attendent l'avenir de notre pays nous éloignent de la réalité quotidienne de ce peuple muselé par un pouvoir omnipotent qui ne laisse guère le choix pour une quelconque transition ni changement, qu'ils soient pacifiques ou réactionnaires d'un ras-le-bol collectif. Les décideurs qui nous gouvernent et qui ont la main mise sur toutes les potentialités algériennes, quelles soient économiques, sociales ou autres sont tous vieillissants, morbides, et se complaisent dans un nombrilisme pharaonique, en plongeant (ils n'en ont cure) le pays dans un déséquilibre maladif à l'image de leur morbidité. Alors, laisser place à une transition pacifique signifie pour eux une retraite qui va les éloigner des feux de la rampe, et dont ils ne veulent pas. Qui des dirigeants arabes ont plaider en faveur d'une transition pacifique dans leur pays? Moubarak, Ben Ali, Saddam, El Assad ? Voyez comment c'est terminé, pour les premiers, leur règne, et pour le Syrien ce qui se passe dans son pays. Pour que ces despotes qui nous dirigent (car gouverner c'est prévoir) la seule transition qu'ils connaissent est le cercueil qui les emmènera dans leur dernière demeure (sûrement la géhenne) lorsqu'ils ne pourront plus monter sur leur trône sans y être traînés par leurs valets, rappelez-vous un certain Messadia! La devise de ces décideurs est: "Moi ou le chaos", et le chaos, c'est une transition à la Belkhadem de préférence, avec ses protecteurs islamistes qui affûtent leurs armes et qui prient pour que Bouteflika leur passe le témoin, en jouant sa dernière scène semblable à un tartuferie de Molière, en nous lançant un geste de la main, poing fermé et majeur pointé vers le haut.