Syrie : "Nous ne nous somettrons qu'à Dieu"

L'armée syrienne ne fait pas de quartier.
L'armée syrienne ne fait pas de quartier.

Enième lourd bilan à retenir de la journée d'hier encore. Seize personnes sont mortes vendredi lors des manifestations organisées dans plusieurs villes de Syrie, où la mobilisation reste vive alors que les appels pour faire plier le régime du président Bachar al-Assad et faire cesser les violences sont de plus en plus pressants.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a ainsi exhorté vendredi les partenaires commerciaux de la Syrie à cesser leurs échanges avec Damas. Le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra une réunion spéciale jeudi 18 août consacrée aux droits de l'homme et à l'urgence humanitaire, selon des diplomates. "Nous pressons les pays qui continuent à acheter du gaz et du pétrole syriens, les pays qui continuent à envoyer des armes à M. Assad (...) à se ranger du bon côté de l'Histoire", a dit Mme Clinton. Jeudi, elle avait expressément désigné la Chine, l'Inde et la Russie.

Comme chaque vendredi depuis le début du mouvement de contestation le 15 mars, les manifestants se sont rassemblés sous le slogan "Nous ne nous soumettrons qu'à Dieu", lancés cette semaine par des militants sur Facebook. En début d'après-midi, quelque 8.000 personnes se sont rassemblées à Lattaquié (nord) ainsi qu'à Hama et Homs (centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) basé en Grande-Bretagne. Dans la région de Homs, un homme a été tué par un tireur embusqué près d'une mosquée, a indiqué l'OSDH alors qu'un minibus a été attaqué à Qousseir. "Des miliciens pro-régime ont ouvert le feu sur le bus, blessant des voyageurs" qui fuyaient vers le Liban, a indiqué un militant sur place.

A Qousseir, les forces de sécurité ont arrêté vendredi après-midi l'écrivain et poète Abdel Rahmane Ammar, 68 ans, à la place de son fils, militant recherché par les autorités. Près de Damas, un militant a rapporté la mort de cinq civils à Douma, abattus par les forces de sécurité qui ont tiré à balles réelles pour disperser les manifestants.

A Deir Ezzor (est) où des dizaines de personnes sont mortes le week-end dernier, un civil a été tué, selon un militant sur le terrain. Dans le nord, à Alep, deuxième ville du pays, quatre civils ont été tués et un grièvement blessé par les tirs des forces de sécurité qui visaient à disperser un défilé, selon l'OSDH.

Dans le centre du pays, deux hommes ont été tués à Hama, selon un militant. Trois autres ont été blessés par les tirs des forces de sécurité qui dispersaient des manifestants rassemblés à la sortie de la prière. L'armée avait pourtant annoncé mercredi son retrait de Hama, après dix jours d'une offensive qui a fait plus d'une centaine de morts selon les militants.

"Avant les manifestations, deux civils avaient déjà été tués dans la matinée par les forces de sécurité, à Saqba (banlieue de Damas) et dans la localité de Khan Sheikhoun (province d'Idleb, nord-ouest), prise d'assaut à l'aube par des dizaines de chars, de blindés, de transports de troupes et des bus civils" transportant des agents de sécurité, a indiqué l'OSDH.

Toujours dans la province d'Idleb, à Bench, une femme, touchée mardi par les tirs des forces de sécurité, à succombé à ses blessures. La mobilisation contre le gouvernement et les condamnations de plus en plus sévères de la communauté internationale ne font pas faiblir le régime.

Pour museler encore davantage l'information, les autorités ont arrêté jeudi le président de la Ligue syrienne des droits de l'Homme, Abdel Karim Rihaoui. Très actif, il est, grâce à son réseau de militants dans le pays, une source importante d'informations pour la presse étrangère, dont les mouvements dans le pays sont très limités.

Selon le dernier bilan de l'OSDH, 1.782 civils et 410 membres des forces de l'ordre ont été tués depuis le 15 mars.

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