Syrie : à Hama, «l’armée tire sur tout ce qui bouge »

L'armée syrienne poursuit son offensive dans le nord.
L'armée syrienne poursuit son offensive dans le nord.

Les rues de Hama, dans le centre-ouest de la Syrie, étaient désertes mercredi, et la ville symbole du soulèvement contre le régime de Bachar Al-Assad semblait sous le contrôle total des autorités après la répression brutale de la semaine passée.

Dans l'est du pays, les forces syriennes auraient également pris le contrôle de la ville de Deir El-Zour, à la suite de violents tirs et bombardements, selon le témoignage d'un militant des droits de l'homme. D'après ce témoin, qui a requis l'anonymat par crainte de représailles, le quartier de Mattar Qadim dans l'est de la ville a été le dernier à tomber. La ville est soumise depuis quatre jours à une offensive des forces du régime de Bachar el-Assad. "Ils tirent sur tout ce qui bouge", a expliqué le militant par téléphone à l'Associated Press. "La situation est terrible. Les boulangeries et pharmacies sont fermées, le lait maternisé manque", a-t-il ajouté.

Par ailleurs, les forces de sécurité ont lancé une nouvelle opération dans trois faubourgs de la capitale Damas ainsi qu'à Sarmin, localité du nord-ouest du pays où une femme a été tuée et trois personnes ont été blessées, selon l'Observatoire syrien pour les droits de l'Homme. Ce dernier a également fait état de la mort d'un militant tué par les forces syriennes à Taftanaz, ville du nord-ouest où l'armée mène une opération. Fait rare, le gouvernement a emmené des journalistes à Hama, ville de quelque 800.000 habitants, qui a été le théâtre de certaines des plus grandes manifestations contre le gouvernement depuis le début de la contestation à la mi-mars.

Une cinquantaine de véhicules blindés de transport de troupe étaient placés sur des semi-remorques à plateau quittant la ville après une semaine d'assaut militaire visant, selon Damas, à déloger les "terroristes". Des soldats enlevaient certaines des barrières qui bloquaient les rues. "Nous avons terminé une opération délicate au cours de laquelle nous avons éradiqué les caches 'terroristes'", a déclaré un officier de l'armée à des journalistes. Les autorités imputent l'agitation en Syrie à des extrémistes étrangers, une allégation rejetée par la plupart des observateurs.

La Syrie ignore les missions de bons offices

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que son ambassadeur avait fait état du début de retrait des chars et des forces de sécurité syriennes à Hama. "Espérons que ce développement ait un résultat positif et que dans les 10 à 15 jours, le processus soit achevé pour que des mesures en direction des réformes soient prises en Syrie", a-t-il dit.

La répression du soulèvement s'est renforcée en dépit de l'isolement croissant de la Syrie sur la scène diplomatique. Bachar el-Assad a été lâché depuis dimanche par trois pays arabes : l'Arabie saoudite, Bahreïn et le Koweït ont rappelé leurs ambassadeurs respectifs à Damas pour consultations.

Des émissaires de l'Inde, du Brésil et de l'Afrique du Sud ont rencontré mercredi à Damas le chef de la diplomatie syrienne Walid Al-Moallem pour faire part de leurs inquiétudes. Le ministre leur a expliqué que l'armée était entrée dans certaines villes après des "meurtres et des actes de sabotage" commis "par des groupes armés", selon l'agence de presse officielle Sana. M. Al-Moallem a ajouté que les autorités avaient l'intention de mener des réformes et d'entamer un dialogue national qui ouvriront, selon lui, la voie à la "démocratie" et au "pluralisme politique".

L’Algérie réagit timidement

Jusqu'à présent silencieuse, l'Algérie a pour sa part réagi mercredi aux événements en déplorant les violences et en appelant les parties syriennes au dialogue. "Aujourd'hui, nous ne pouvons que déplorer les violences et exhorter les parties syriennes à faire prévaloir la voie de la sagesse et du dialogue national inclusif pour surmonter la crise et progresser dans la mise en œuvre des réformes politiques annoncées par les autorités syriennes", a déclaré à la presse le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, Amar Belani. Il s'agit de "préserver la sécurité et la stabilité de ce pays frère qui joue un rôle important dans la région".

Mardi, le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu avait exhorté Bachar el-Assad à mettre fin aux violences meurtrières. Quant à des responsables américains, ils ont rapporté que l'administration américaine se préparait à réclamer explicitement le départ de Bachar Al-Assad.

Quelque 1.700 personnes ont été tuées dans la répression depuis mars, selon des organisations de défense des droits de l'Homme. AP

A. P.?

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