Des chiffres comme anesthésie

Des chiffres comme anesthésie

Quelque 1.090.435 emplois ont été créés durant le 1er semestre de 2011, indique lundi un bilan des services du Premier ministre selon lequel les investissements se sont établis durant cette période à 2.104,6 milliards de DA, soit 28 milliards de dollars. Les chiffres rendus publics hier dans un communiqué de l’APS donnent tout simplement le tournis.

Quel crédit en effet donner à ce chapelet de chiffres sur l’investissement dont se targue le gouvernement ? Ou encore, quelles peuvent être les réalisations ou les avancées concrètes sur le terrain qui puissent justifier une telle débauche de milliards ? Avancer un pactole de 28 milliards de dollars d’investissements pour seulement six mois relève d’une performance économique difficile à étayer. Le recrutement d’un millions de personnes en six mois est tout aussi invraisemblable pour un pays et une économie qui fonctionne au ralenti comme la nôtre.

En attendant une analyse fine de la part d’économistes (encore faut-il qu’ils aient le détail de ces investissements pharaoniques), il y a une vérité que tout un chacun en Algérie n’ignore pas : la ligne de faille entre le discours gouvernemental par trop pompeux et la vie quotidienne de l’Algérien est trop profonde pour donner quelque crédit au contenu du communiqué des services du premier ministère.

A contrario donc de la rhétorique officielle, tout le monde aura observé la formidable gestion opaque de la manne financière. Et en la matière, les chiffres avancés sans prise réelle constituent même l’une des preuves. Car la situation économique présente des signes en porte-à-faux de l’argumentaire officiel. Les exemples de réalisations énoncées (métro d’Alger, tramway et autres construction) ne datent pas de cette année. Pour certaines, elles remontent à l’époque du président Chadli Bendjedid. Alors que faut-il comprendre ?

Il semble que le gouvernement n’a pas compris qu’on est dans l’ère de la mondialisation. Que ce n’est pas en débitant des indices économiques à tout-va qu’on va convaincre la population de leur bien-fondé. En ce sens, le gouvernement profite de l’inexistence de contrepouvoirs à même de lui donner le change sur le plan économique (mais pas seulement) pour nous asséner ses vérités. Ayant tout hermétiquement verrouillé, il se croit affranchi de tout devoir de vérité vis-à-vis de la population.

Une communication officielle comme celle de lundi relève plus de l’anesthésie politique qu’autre chose. Un leurre pour tenter de camoufler l’immobilisme dont lequel le pays se débat depuis plusieurs mois. La télécommande du pouvoir semble bloquée sur la touche pause. En panne, pour enclencher quelque dynamique économique et politique. La désillusion est à la mesure des espoirs qu’avaient cultivés les supporters du président.

Par ailleurs, de sérieuses questions subsistent sur les capacités de l’actuel locataire d’El Mouradia à assurer la gouvernance du pays. Et la responsabilité de l’équipe qui l’entoure dans la situation actuelle est engagée devant l’histoire.

La leçon libanaise

Encore une fois le peuple libanais vient de donner une leçon de citoyenneté au monde arabe. Hier, des centaines de personnes se sont retrouvés au cœur de Beyrouth pour dénoncer la répression du régime syrien contre la population. Pourtant on ne peut nier l’influence du très encombrant voisin syrien sur la politique du pays du Cèdre. Ni la puissance du Hizbollah, allié notoire du régime d'Al Assad.

L’Arabie Saoudite, le Koweït et Bahreïn qu’on ne peut pourtant qualifier de démocraties ont eux aussi réagi aux massacres des Syriens en rappelant leur ambassadeur à Damas. La Ligue arabe a condamné du bout des lèvres hier. La question : que fait la diplomatie algérienne ? La voix de l’Algérie n’a jamais été aussi inaudible que depuis ces six derniers mois. La diplomatie algérienne entièrement gérée à la présidence est aussi paralysé que le reste du pays. La Tunisie voisine brûle ? Et bien, nos diplomates regardent leurs chaussures. La Libye en conflit armée ? L’Algérie officielle cultive le doute, suscite des suspicions avant de faire semblant d’appliquer la résolution onusienne 1973. La position concernant l’Egypte et la Syrie n’est pas mieux. A Alger, on cultive une neutralité qui s’apparente à un soutien plus qu’autre chose.

Sofiane Ayache

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Commentaires (7) | Réagir ?

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oziris dzeus

Les chiffres disent la vérité. 1090435 emplois (nouveaux) créés en 125 jours de travail, (1 semestre algérien) donc 8724 emplois créés chaque jour en le 2 janvier et le 31/07/2011. Soit 1090 emplois/heure. Et évidemment cela donne un traitement de 18 dossiers/minute à travers l'Algérie. Selon cette performance le gouvernement peut faire mieux avec 1 dossier traité par minute et par wilaya, il aurait pu créer 2 880 000. Cela montre que du 1er janvier 2011 au 31/07/2011 les administrations du gouvernement ont travaillé à la vitesse de la lumière une performance. Cher gouvernement tu peux mieux faire. Faut pas hésiter à donner tous les chiffres qui peuvent te plaire. Juste pour le problème du logement, il faudra faire attention pour résoudre le problème, il faut juste 100lgt/jour/wilaya. C'est pas sorcier. Et tout cela sans le fameux 3 fois 8 cher Boutef. Juste 8 heures /jour pour permettre un repos mérité. Continuez à nous gaver avec vos chiffres nous sommes à l'écoute. en fait chers membres du gouvernemant vous consommez quoi comme houbous.

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madjid ali

Des chiffres bidons vous nous prenez ppour des cons. Lorsqu'un jeune se soulève on l'appelle terroriste.

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