Mouhib Khatir, le maire de Zéralda, en grève de la faim

Mouhib Khatir, le maire de Zéralda, en grève de la faim

Selon les dernières informations en notre possession, Mouhib Khatir, maire de Zéralda, emprisonné depuis le 6 juillet (voir lien en bas), a refusé de se nourrir depuis 48 heures. Refusant toute mascarade judiciaire, il serait selon une source proche de la famille, prêt à se sacrifier pour défendre ce pourquoi il est élu. Mouhib Khatir a en dernier recours adressé un appel au président de la République pour qu'il désigne une commission ad-hoc pour enquêter sur les affaires dont on l'accuse.

L’affaire de l’emprisonnement du maire de Zeralda vient encore une fois de mettre en exergue un autre dysfonctionnement du système judicaire qui semble prendre de plus en plus d’ampleur jusqu’à devenir un phénomène de société. Il s’agit du noyautage des institutions de l’Etat. A en croire les déclarations de l’épouse du maire emprisonné au quotidien Liberté dans sa livraison 27 juillet 2011, la femme du procureur général de la cours de Blida serait la présidente du tribunal de Hadjout. Dans ce tribunal, comme par hasard, une juge instruit un dossier vide avec la cadence d’une tortue pendant que son mari croupit en prison. Logiquement, si elle voulait prendre tout son temps pour instruire ce dossier, le maire dispose de toutes les garanties pour pointer chez elle tous les jours s’il le fallait mais passer la nuit chez lui. Cette voie choisie en toute conscience par la juge devrait l’inciter à la célérité pour l’instruction du dossier afin de l’envoyer en audience et laisser les juges prendre une décision sur son fond. Pourquoi elle ne l’a pas fait ? Mystère !!!

L’omerta maffieuse devant les recours

Le recours du collectif d’avocats à la chambre d’accusation près la cours de Blida pour la liberté provisoire du maire n’a pas abouti parce qu’il se trouve court-circuité par la femme de l’adjoint de ce même procureur et ainsi de suite. Résultat : pour cette brave femme, le circuit est hermétiquement fermé et elle ne pourra ni faire avancer le dossier pour un jugement équitable et public de son mari, ni trouver une oreille attentive à travers la hiérarchie judiciaire pour clamer haut et fort les vices de procédure dont ont fait l’objet les circonstances de l’enlèvement de son mari. Personne ne connait le fond du dossier et aucun des responsables y compris les tutelles ne veulent lui accuser une doléance. C’est le comportement typique de l’omerta maffieux : ce n’est pas moi c’est l’autre et personne n’est responsable du crime.

Le noyautage des institutions de l’Etat et des entreprises publiques s’y est incrusté à travers une pratique sociale qui s’est imposée pour prendre un caractère réglementaire et la force d’une loi. Le recrutement familial dans les organismes publics est devenu systématique.

Copinage et clientélisme au recrutement

Il faut souligner que le premier plan triennal, juste après l’indépendance, a favorisé le recrutement sans exception de toute la population qu’il précise masculine. Le motif étant simple, d’une manière très succincte, l’indépendance devra confirmer au citoyen algérien le changement éminent de son statut d’indigène colonisé. C’est légitime tant que le pouvoir dispose des moyens de sa politique : la rente pétrolière. Le contre-choc pétrolier de 1985 suivi juste après par une chute drastique du cours du dollar, deux paramètres envers lesquels l’économie algérienne reste très vulnérable à ce jour, ont contraint les pouvoirs publics à une sérieuse réorientation des objectifs de l’économie nationale. L’allègement des charges salariales en serait un des points clé pour permettre aux entreprises publiques de décoller. Mais elles sont toujours à terre jusqu’à présent. Pour ce faire, on a pris la décision de bloquer les recrutements massifs et on a soi disant opter pour des opérations sélectives. Son blocage dans les institutions de l’Etat et les entreprises publiques a favorisé l’embauche en catimini, celui de copinage et surtout familial. Ce mode de recrutement qui se pratique dans plusieurs pays du monde sous l’appellation de cooptation n’est pas contreproductif tant que le coopté agit dans le sens des objectifs de l’organisation. Il est un dysfonctionnement quand il devient un instrument clanique de pouvoir. C’est justement le cas en Algérie. Il est utilisé pour une solidarité hiérarchique afin d’asseoir un pouvoir, la promotion rapide et surtout le développement des réseaux maffieux pour contourner la réglementation voire même la rendre perverse dans sa démarche et l’a faire dévier de ses buts.

Les pouvoirs publics, très conscients du développement de ce phénomène ont toujours fermé l’œil comme ils l’ont déjà fait pour les activités informelles pour l’apaisement et la paix sociale dans un système où chacun trouve son compte. Maintenant que ce virus touche les institutions de souveraineté comme la défense nationale, la justice et la sûreté nationale etc, des verrous sont devenus indispensables.

Vices de procédure en cascade

La femme de ce maire selon notre enquête se trouve justement victime d’un système complètement noyauté. Une affaire au départ simple mais au cours de son développement s’est virtuellement compliquée par un manque d’implication des responsables eux-mêmes virtuels. Ce noyautage empêche cette jeune dame d’exposer la partie simple de l’affaire pour situer les responsabilités. Quel message cette femme tente de faire passer aux principaux responsables de l’emprisonnement arbitraire de son mari : il y a des dépassements et des vices de procédure dans les circonstances de l’arrestation de son mari. Preuves formelles à l’appui, elle n’arrête pas de taper à toutes les portes pour dire :

Dans une affaire civile, pourquoi on a chargé la brigade anti-terroriste pour arrêter son mari ? Pourquoi cette arrestation s’est faite sans aucune notification ? Pourquoi une perquisition est faite dans sa maison sans présentation de mandat ? Pourquoi instruire l’affaire pour laquelle son mari a été emprisonné alors qu’elle est purement d’ordre commerciale et ne nécessite aucune investigation ?

Elle ne cherche qu’à s’informer et de comprendre. Mais cette malheureuse dame ignore que dans un système noyauté, les questions simples ont toujours des réponses compliquées. Cette complication est voulue pour en accentuer l’opacité afin que personne n’y voie clair.

Reghis Rabah, chercheur et consultant formateur

Lien : Le maire de Zéralda victime d'une justice aux ordres de gros bonnets

Plus d'articles de : Actualité

Commentaires (5) | Réagir ?

avatar
sam abed

Algerie = Circulez, y a rien a voir!

avatar
FERHAT AIT ALI

Et que fait la population de Zéralda et d'ailleurs? Elle court derrière les couffins de la honte et les passe-droits, à chaque peuple les gouvernants qu'ils méritent, les électeurs sont plus filous que les élus chez nous. Si l'élu est un filou on fait la queue dans son couloir, si c'est un brave type qui tombe dans les filets de la canaille d'en haut, la canaille d'en bas se met en silence radio ou s'en rejouit

A part quelques milliers de personnes saines, cette société est malade de ses tares, comme les gnous ils partagent la même mare que les crocodiles et paient à chaque fois le droit de boire avec la tête d'un gnou parmi les gnous.

visualisation: 2 / 5