Atteinte à la liberté de la Presse : RSF et le Monde dénonce la garde à vue par la DST d'un journaliste d'investigation

Atteinte à la liberté de la Presse : RSF et le Monde dénonce la garde à vue par la DST d'un journaliste d'investigation

PARIS (Reuters) - La mise en examen du journaliste indépendant Guillaume Dasquié dans la nuit de jeudi à vendredi, à qui est reprochée la publication d'un document classé secret-défense de la DGSE de 2001 sur la menace Al Qaïda, a suscité vendredi les protestations du journal concerné, le Monde et de Reporters sans frontières.

Interpellé mercredi par la Direction de la surveillance du territoire (DST, contre-espionnage), Guillaume Dasquié a passé deux jours en garde à vue avant d'être présenté au milieu de la nuit au juge antiterroriste Philippe Coirre pour se voir notifier les charges.

Il est mis en examen pour "détention de documents classés secret-défense, divulgation de fichiers et renseignements classés secret-défense" et placé sous contrôle judiciaire. La procédure fait suite à une plainte du ministère de la Défense.

"Une nouvelle fois, c'est un principe essentiel de la liberté de la presse qui est mis à mal : le respect et la protection des sources des journalistes", écrit dans Le Monde de samedi Eric Fottorino, directeur de la publication.

"Il est choquant qu'un principe aussi fondamental soit contourné ou détourné par l'autorité judiciaire", ajoute-t-il, rappelant que le précédent gouvernement n'a pas tenu son engagement de renforcer la protection légale du métier de reporter sur ce point.

Reporters sans frontières dénonce des "procédés abusifs" dans un communiqué. On ne peut pas "faire porter la responsabilité de fuites à des journalistes qui divulguent des documents", estime l'organisation.

Guillaume Dasquié, qui se "bouleversé", assure que les policiers ont exercé un chantage à la détention pour obtenir l'identité de sa source.

Une autre personne, arrêtée en même temps que lui, a été mise en examen, a-t-on appris au parquet de Paris, qui se refuse à donner son identité. Il s'agirait d'un agent de la DGSE, soupçonné d'être à la source de l'information.

Le journaliste avait signé dans Le Monde un article en avril dernier où il publiait le fac-similé de la première page d'une "note de synthèse" classifiée "confidentiel défense" de la Direction générale de la sécurité extérieure, les services secrets.

La note de cinq pages, datée du 5 janvier 2001 et titrée "Projet de détournement d'avion par des islamistes radicaux", a été transmise à cette période au chef de poste de la CIA à Paris, Bill Murray, assurait Guillaume Dasquié.

Elle annonçait que "des membres de l'organisation d'Oussama Ben Laden en coopération avec des représentants du mouvement taleb et de groupes armés tchétchènes préparent depuis le début de l'année 2000 un projet de détournement d'avion".

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