Regain de tension en Égypte

Des manifestants défilent au Caire, portant une bannière exigeant que les institutions gouvernementales soient débarrassées de toute corruption.
Des manifestants défilent au Caire, portant une bannière exigeant que les institutions gouvernementales soient débarrassées de toute corruption.

Les manifestants réclament le départ du chef de l'armée. Le Premier ministre de transition apparaît affaibli.

Des milliers de manifestants ont défilé mardi au Caire pour critiquer l'armée égyptienne, qui dirige le pays, et demander le départ de son chef, après avoir rejeté comme insuffisantes des mesures d'apaisement présentées par le Premier ministre Essam Charaf. Les manifestants ont marché de la place Tahrir, occupée par des protestataires depuis plusieurs jours, jusqu'au siège du gouvernement, protégé par des soldats et des blindés. Ils sont ensuite revenus sur la célèbre place, haut lieu de la contestation qui fit chuter Hosni Moubarak en février.

Le cortège a scandé "le peuple veut la chute du maréchal !", en référence au maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui dirige désormais le pays. Hussein Tantaoui fut pendant vingt ans le ministre de la Défense de Moubarak. Ils ont également réclamé "justice pour les martyrs", en référence aux civils tués lors de la révolte anti-Moubarak. Les manifestants critiquent la lenteur des réformes et réclament une purge dans la police ainsi qu'une justice plus ferme et plus rapide à l'égard des anciens dirigeants. Ils exigent aussi le limogeage des ministres proches de l'ancien pouvoir.

Le CSFA a, dans un message télévisé, répondu qu'il ne "renoncera(it) pas à son rôle dans la gestion des affaires du pays pendant cette période critique de l'histoire de l'Égypte". L'armée a aussi mis en garde contre "la dérive de certains manifestants par rapport à une approche pacifique". Un membre du CSFA, le général Mamdouh Chahine, a prévenu lors d'une conférence de presse que l'armée n'utiliserait pas la force contre les manifestants, mais ferait preuve de "fermeté face à toute tentative de sabotage". L'armée a également une nouvelle fois promis de rendre le pouvoir aux civils après la tenue d'élections législatives et présidentielle et l'adoption d'une nouvelle Constitution.

Charaf pris entre deux feux

De grandes manifestations avaient déjà eu lieu vendredi dernier au Caire et dans plusieurs autres villes pour critiquer l'armée ainsi que le Premier ministre de transition Essam Charaf. Ce dernier a promis le renvoi de tous les policiers accusés de meurtres de manifestants lors de la révolte du début de l'année, qui a fait officiellement près de 850 tués civils, et a annoncé un remaniement ministériel d'ici une semaine. Les manifestants, qui tiennent depuis vendredi des sit-in place Tahrir mais également dans les grandes villes d'Alexandrie et de Suez, ont jugé ces annonces insuffisantes.

L'armée a réaffirmé mardi son soutien à Essam Charaf, mais ce dernier apparaissait affaibli, pris entre les exigences des manifestants et les réserves de l'armée. "Tahrir veut la démission de monsieur Charaf", titrait, entre autres, le quotidien indépendant Al-Chourouq. Selon le quotidien anglophone Daily News Egypt, Essam Charaf aurait mis sa démission dans la balance au cas où il ne pourrait pas remanier en profondeur son équipe gouvernementale et répondre aux demandes des manifestants. Charaf, un universitaire austère et réputé intègre, avait été chaleureusement accueilli par les mouvements pro-démocratie lors de sa prise de fonctions en mars. Son pouvoir est toutefois rapidement apparu des plus limités face à la tutelle de l'appareil militaire qui le réduit à la gestion des affaires courantes.

LEPOINT.FR

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