Libye: les jeunes des villes kadhafistes, recrues précieuses pour les rebelles

Libye: les jeunes des villes kadhafistes, recrues précieuses pour les rebelles

Ils ont fait de longs détours pour rejoindre le front du Djebel Nefoussa et se retrouvent désormais en première ligne: des dizaines de jeunes ont quitté les villes contrôlées par Kadhafi pour rejoindre les rebelles, apportant moral et informations pour les prochaines batailles.

Tripoli, Zawiyah, Gharyane: depuis des mois, des jeunes ne cessent de rejoindre les montagnes de l'ouest libyen. Ingénieurs ou ouvriers, ils n'ont jamais tenu une arme, sont à peine entraînés, mais portent en eux le goût de la liberté et l'envie d'en découdre.

Tout récemment arrivé de Tripoli, Shenber, informaticien de 27 ans, a mis trois jours pour rejoindre les rebelles: marcher un jour dans le désert, rejoindre un port, prendre un bateau, entrer en Tunisie sans papiers, retraverser la frontière libyenne...

"J'ai dû quitter le pays illégalement pour que les forces loyalistes ne m'arrêtent pas. Il y a des filières pour aider les jeunes des villes sous contrôle de Kadhafi à rejoindre les combattants", explique-t-il.

Une fois à Zenten, centre névralgique de la rébellion dans l'ouest libyen, 10 jours d'entraînement et puis le front pour la bataille de Goualich, enlevée mercredi à l'armée régulière.

"Ils m'ont donné une arme, je n'en avais jamais utilisée. Je ne tire pas très bien, je ne suis qu'un ingénieur. J'avais peur mais je me suis senti libre. Je ne ferai jamais marche arrière", dit le jeune homme originaire de Gharyane, à 60 km du front, et qui préfère taire son nom pour éviter les représailles contre sa famille.

Comme lui, ils arrivent petit à petit, seuls ou en groupes. Beaucoup sont nés dans la région, où ils ont de la famille, des amis. Tous sont accueillis à bras ouverts, malgré leur inexpérience.

"Ils manquent de réflexes professionnels. Mais ils nous donnent le moral car cela fait plus d'hommes et surtout ils ont plein d'informations plus exactes que les nôtres sur les villes que nous allons attaquer. Ils vont nous aider", explique Wael Brashen, ingénieur de 21 ans devenu commandant d'un petit groupe de rebelles.

A leur arrivée dans les montagnes, une enquête est menée pour vérifier qu'il ne s'agit pas d'espions. "Nous avons nos méthodes, nous connaissons les tribus", explique un colonel sous couvert de l'anonymat.

Et puis débriefing. Les rues, les maisons, les bases militaires, tout est passé au crible, comparé sur les cartes avec les informations détenues par les rebelles, dit Wael Brashen. "Ils savent où sont positionnées les forces de Kadhafi, ils vont pouvoir nous dire où aller".

Ils sont ainsi 120 venus de Gharyane, objectif des combattants qui préparent la bataille pour arracher ce verrou stratégique ouvrant la voie vers Tripoli.

Ahmed, ouvrier de 25 ans, est arrivé il y a trois jours. Il sort à peine de prison où il a passé des semaines après avoir été arrêté lors d'une manifestation contre Mouammar Kadhafi au tout début de l'insurrection.

"Dès le premier jour, j'ai voulu rejoindre la révolution. J'ai cru que je ne sortirais jamais vivant de prison, ils nous ont torturés, battus", raconte-t-il. Alors une fois libre, il est parti. Sans prévenir sa mère. "Elle m'avait supplié de ne pas rejoindre les combattants, si je le lui avais dit elle aurait pleuré".

Ce dimanche, les nouvelles recrues sont à l'entraînement, pour de vrai, sur la ligne de front. Ils tirent des rafales de kalachnikov un peu n'importe comment, pour crâner et se donner du courage.

Mais aux premiers tirs de Grad des forces gouvernementales qui tentent de reprendre Goualich, les visages changent. Tension. Les tout jeunes hommes sont envoyés en repérage. Ahmed commence à stresser. "C'est la première fois que je vais utiliser une arme. Mais je suis courageux, je suis pour la Libye libre", dit-il avant de partir sous les tirs.

AFP

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