Kadhafi menace l'Europe d'attaques de "martyrs"

Les rebelles sont passés à l'offensive après des semaines d'enlisement.
Les rebelles sont passés à l'offensive après des semaines d'enlisement.

Le leader libyen veut porter le conflit sur le territoire des pays qui soutiennent les rebelles.

Muammar Kadhafi a menacé vendredi de porter le conflit en cours en Libye sur le territoire européen en représailles aux bombardements de l'Otan en soutien aux insurgés, qui tentent de progresser vers Tripoli malgré les tirs des forces gouvernementales. Dans la capitale, plusieurs dizaines de milliers de partisans de Muammar Kadhafi se sont rassemblés sur la place Verte, dans le centre-ville, à l'occasion de la grande prière, pour apporter leur soutien au Guide au pouvoir depuis près de 42 ans.

D'après les organisateurs d'un rassemblement similaire à Sebha, grande ville du désert, 250 000 personnes représentant la plupart des tribus du sud du pays ont aussi manifesté leur soutien au dirigeant libyen. Dans un message sonore diffusé par la télévision libyenne, Muammar Kadhafi a menacé d'envoyer des centaines de "martyrs" commettre des attaques en Europe. "Des centaines de Libyens se feront martyrs en Europe. Je vous avais dit que ce serait oeil pour oeil et dent pour dent. Mais nous leur donnerons une chance de revenir à la raison", a dit le dirigeant libyen dans une allocution sonore diffusée à la télévision.

Deux fronts

Muammar Kadhafi est confronté depuis février à une insurrection qui a pris le contrôle de l'est de la Libye et de quelques localités dans l'Ouest. Les insurgés, aidés par des bombardements de l'Alliance atlantique, ont progressé ces derniers jours en direction de Tripoli. "Vous le regretterez au sein de l'Otan lorsque la guerre se déplacera en Europe", a lancé Muammar Kadhafi, ajoutant que l'archipel espagnol des Canaries, la Sicile et d'autres îles méditerranéennes ainsi que l'Andalousie dans le sud de l'Espagne étaient des terres arabes à reconquérir.

Les insurgés ont progressé sur deux fronts ces derniers jours, à l'est et au sud de Tripoli. Ils ont essuyé des pertes vendredi sous les tirs des forces gouvernementales. Les rebelles partis de Misrata, à 200 kilomètres à l'est de Tripoli, se sont approchés de la ville de Zlitane, avant d'être pris sous le feu violent de l'artillerie gouvernementale. Sur cette ligne de front à l'est de Tripoli, le long de la côte méditerranéenne, les tirs de l'artillerie gouvernementale ont fait six morts et dix-sept blessés dans les rangs des insurgés, selon des médecins.

L'offensive après l'enlisement

"Ils attendent un appui de l'Otan ou bien que les soldats de Kadhafi soient à court de munitions pour tenter d'avancer vers le centre-ville de Zlitane", a dit dans un courriel un sympathisant des rebelles à Misrata. Après plusieurs semaines d'enlisement, les insurgés ont lancé mercredi une double offensive au sud et à l'est de la capitale et sont arrivés à une douzaine de kilomètres de Zlitane, où d'importantes forces gouvernementales sont retranchées.

Au sud de Tripoli, d'autres rebelles venus du djebel Nefoussa ont pris mercredi, après huit heures de combats, le village d'Al Kaoualich, verrou stratégique menant à Gariane, ville située sur la grande route qui conduit au nord vers la capitale. Vendredi en milieu d'après-midi, des avions de l'Otan ont mené plusieurs attaques contre des positions gouvernementales. Plusieurs bombes sont tombées à trois kilomètres à l'est d'Al Kaoualich, a dit un rebelle.

Les insurgés paradent à Zentane

La progression des insurgés a permis aux localités désormais hors de portées des armes du régime de reprendre un semblant de vie normale. Les insurgés ont organisé une parade militaire vendredi soir à Zentane, l'une des principales villes du djebel Nefoussa, chaîne montagneuse au sud-ouest de Tripoli. De nombreux enfants se sont pressés dans les rues pour voir les insurgés défiler à bord de blindés. Certains habitants ont tiré en l'air à l'arme automatique, notamment un petit garçon perché sur les épaules de son père, une kalachnikov dans les mains.

À Tripoli, des dizaines de milliers de partisans du Guide et de dirigeants tribaux se sont massés sur la place Verte où un chef religieux a prédit la fin rapide de l'insurrection. Accusant les rebelles d'être les valets de l'Occident, le prédicateur Ali Abou Sowah a affirmé que la Libye pouvait mettre en place des réformes sans l'intervention de l'étranger. "Comment tolérer une telle ingérence quand on voit ce qui s'est passé en Irak et en Afghanistan ?" a-t-il lancé.

REUTERS

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