Quand Nicolas Sarkozy se laisse aller : Le Matin y était !

Quand Nicolas Sarkozy se laisse aller : Le Matin y était !

Notre éditorialiste Hassane Zerrouky, qui a suivi Nicolas Sarkozy à Alger, rapporte un moment rare : les propos d’un président qui se lâche…

« J’aime ce pays ... Je me sens bien dans ce pays méditerranéen (…) j’ai l’impression d’être en Italie (…) Je ne me sens pas étranger en Algérie (…) L’attente du peuple algérien est très forte à l’égard de notre pays et je la ressens... Vous avez vu Tipaza, cette allée romaine, cette vue sur la mer, c’est beau, c’est magnifique…C’est la méditerranée », s’est confié le président français mardi en fin d’après-midi à la résidence de l'amabassade de France à Alger lors d’un briefing devant la presse française et étrangère qui l'a accompagné en Algérie. Moment rare pour ne pas être saisi. Jacques Chirac que j’ai suivi en Tunisie, en Arabie Saoudite et en Russie, ne s’était pas laissé pas aller à ce genre de confidences. Il savait tenir la distance. Toute la différence entre lui et Sarkozy est là, et ce, sans porter de jugement !

La fausse décontraction que Nicolas Sarkozy a cherché à se donner face aux journalistes avait toutefois du mal à masquer une fatigue bien visible. Il avait les traits tirés, semblait éprouvé, nerveux parfois. Le calendrier chargé auquel il a été soumis n’explique pas tout. Le climat pesant entourant la visite, notamment les attaques lancées par Mohamed Chérif Abbès, médiatisées de part et d’autre de la Méditerranée, y étaient sans doute pour quelque chose.

A Tipaza, où il s’était rendu pour visiter les ruines de l’ancienne capitale de Juba et Ptolémée, il n’y avait pas que des gens venus pour l’applaudir, et malgré un service d’ordre veillant au grain, certains le lui ont fait savoir. « Les Algériens sont des gens fiers, fiers de leur passé, de leur histoire, ça crée quelque fois des tensions entre nous. J’aime ça » a-t-il dit sur un ton de bravade.

Bien évidemment, certains journalistes, dont une libanaise, n’ont pas manqué de l’interroger sur la colonisation et le fait de n’avoir pas présenté d’excuses. « Je n’ai pas changé de position. Quand vous circulez dans les rues d’Alger, il n’y a pas matière à excuses » a-t-il rétorqué. « J’ai condamné le système colonial, que voulez-vous de plus ? » Pour lui, « la page n’est pas tournée puisqu’elle n’a pas été ouverte…Je n’ai pas un double langage. Il ne faut pas assimiler le système colonial et les gens qui sont nés sur cette terre, qui l’ont labouré, qui ont construit sur cette terre… ». Et à propos de Mohamed Chérif Abbas, il s’est tourné vers un de ses conseillers pour affirmer qu’il avait reçu une lettre d’anciens combattants algériens se désolidarisant de leur ministre ! La seule fois où il a paru être pris au dépourvu c’est lorsqu’ un journaliste lui a demandé de confirmer son rendez-vous avec des associations de rapatriés pieds-noirs et les harkis à l’issue de sa visite en Algérie, sans toutefois indiquer ce qu’il allait leur dire. Enfin, agacé par une question d’un journaliste concernant la « politique arabe » de la France, Sarkozy s’est de nouveau lâché : « la politique arabe, je n’ai jamais su ce que ça voulait dire (…) On en parle comme si le monde arabe était un, comme si tous les pays arabes pensaient la même chose…pour moi, l’Algérie est autant africaine qu’arabe, non ? ».

Avec le président Bouteflika, avec lequel a-t-il dit, il a eu des entretiens approfondies, « près de quatre heures », il a indiqué que « les choses se sont stabilisées et qu’une page est en train d’être tournée », avant de se retourner vers Christiane Lagarde et de s’exclamer : « Cinq milliards d’euros de contrat, c’était pas prévu ! ». Et d’énumérer les accords conclu entre entreprises françaises et algériennes. A propos du nucléaire et de la Chine qui aurait fait une offre à l’Algérie, Nicolas Sarkozy a déclaré : « Nous avons une langue commune, le français, nous sommes voisins, l’Algérie c’est à côté, c’est un pays méditerranéen, la France aussi, pourquoi voulez-vous que l’Algérie fasse appel aux chinois qui sont d’une autre culture pour conclure un accord sur le nucléaire…L’accord que nous avons conclu avec l’Algérie va plus loin que ce qui a été signé avec la Libye…C’est toute une filière qu’on va installer en Algérie… Nous avons décidé de prendre en compte l’exigence de l’après pétrole manifestée par les Algériens ». Avant de conclure que d’autres accords entre entreprises françaises et algériennes seront signés d’ici le 2 janvier 2008 ».

Enfin sur les dossiers internationaux, excepté le Sahara occidental où les divergences demeurent, il a assuré que les deux hommes avaient la même position sur les principaux dossiers y compris la crise proche-orientale.

Le briefing terminé, Nicolas Sarkozy est allé s’adresser à la communauté française en Algérie entourée de Rachida Dati, Rama Yade qui, dit-on, a reçu les familles de disparus, Fadéla Amara… La suite, on la connaît. Après Constantine, Nicolas Sarkozy a reçu les associations de harkis envers lesquelles il a reconnu que la France avait commis « une faute » à leur endroit…

Hassen .Zerrouky - Le Matin

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Commentaires (4) | Réagir ?

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sissi sissi

mr Rachid je ne sais pas quel âge vous avez mais pour ma part c'est une autre époque je n'étais de ce monde, et de toute façon c'était l'ordre mondial de l'époque, je vois mal les français pleurnicher encore sur ce que les nazis leur ont fait. Ils ont été plus intelligents ce qui les intéresse c'estl'avenir de leurs jeunes. Vous avez libéré le pays tant mieux pour vous mais à présent il faut laisser la place aux jeunes. Je vais vous dire une chose, il n'y a rien de pire que de voir les filles et les fils d'un pays clamer apres 40 années d'indépendance: VOUS NE POUVEZ PAS NOUS TUER CAR NOUS SOMMES DÉJÀ MORTS, la hogra d'aujourd'hui est bien plus forte que celle d'hier.

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rachid rachid

Vivement le retout de la belle époque où les Mohamed analphabètes à 95% étaient des sous prolétaires corvéables à merci dans les domaines coloniaux du lever du soleil au choucher et les Fatma et Djamila des femmes de ménages...

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