Syrie : manifestation monstre à Hama où l'ambassadeur américain défie Damas

Syrie : manifestation monstre à Hama où l'ambassadeur américain défie Damas

A Idleb, elles ont également tiré à balles réelles et lancé des grenades lacrymogènes sur des milliers de manifestants, a dit l'OSDH.

L'ambassadeur des Etats-Unis à Damas a défié le régime syrien en se rendant vendredi à Hama, théâtre d'une manifestation monstre contre Bachar al-Assad dont les forces de sécurité ont tué au moins quinze personnes dans d'autres villes de Syrie.

L'ambassadeur Robert Ford a rencontré de nombreux manifestants à Hama, cité assiégée par l'armée à 210 km au nord de Damas, a indiqué Victoria Nuland, la porte-parole de la diplomatie américaine.

Selon Abdel Karim Rihaoui, de la Ligue syrienne des droits de l'Homme, "plus de 450.000 personnes ont manifesté" dans cette ville, sans "aucune présence des forces de sécurité".

"L'ambassadeur Ford voulait voir de ses propres yeux ce qui se passe sur le terrain. Le fait que les médias internationaux ne puissent pas couvrir librement (les événements) rend cela encore plus important", a affirmé l'attaché de presse de l'ambassade américaine à Damas.

"Sa visite à Hama montre que les Etats-Unis sont engagés à soutenir le droit du peuple syrien à se rassembler et à s'exprimer librement à travers des manifestations pacifiques", a-t-il dit.

Washington avait annoncé que M. Ford - rentré vendredi après-midi à Damas - était parti jeudi dans cette ville afin d'"établir le contact" avec l'opposition.

Sa visite a suscité l'ire des autorités syriennes, selon lesquelles les Etats-Unis sont "impliqués" dans le mouvement de contestation et "incitent à faire monter (la tension), ce qui nuit à la sécurité et à la stabilité en Syrie".

Washington "consterné"

"L'ambassadeur américain a rencontré à Hama des saboteurs (...) qui ont érigé des barricades, coupé des routes et empêché les citoyens d'aller à leur travail. L'ambassadeur a incité ces saboteurs à la violence, à manifester et à refuser le dialogue" avec le régime, a accusé le ministère de l'Intérieur.

Washington s'est dit "consterné" par ces critiques, affirmant avoir informé à l'avance Damas de cette visite.

Vendredi soir, des dizaines de manifestants portant des drapeaux syriens ont manifesté devant l'ambassade des Etats-Unis à Damas pour protester contre la visite de M. Ford, selon une journaliste de l'AFP sur place.

Paris a également dépêché jeudi son ambassadeur, Eric Chevallier, à Hama afin de témoigner de "l'engagement de la France aux côtés des victimes", a indiqué le Quai d'Orsay.

Au moins 25 civils ont perdu la vie à Hama depuis mardi. Damas a envoyé ses chars en réaction à une manifestation record le 1er juillet, qui avait réuni un demi-million de personnes, d'après des ONG.

Outre Hama, des manifestations ont eu lieu vendredi notamment à Damas, Alep (nord), Homs (centre), Deir Ezzor, Mayadine (est) ou encore à Idleb et Kan Safra (nord-ouest).

Les militants pour la démocratie avaient appelé à manifester sous le slogan "Non au dialogue" avec le régime de Bachar al-Assad : "Non au dialogue : quel dialogue quand le sang a été versé ? Quel dialogue quand les villes sont assiégées ? Le peuple veut la chute du régime", ont écrit les militants sur leur page Facebook intitulée "La Révolution syrienne 2011".

Quinze morts

Si aucune victime n'avait été recensée en fin de journée à Hama, la répression des manifestations a de nouveau été sanglante dans d'autres villes, quinze civils ayant été tués, selon des ONG.

"Au moins cinq personnes ont été tuées (...) à Homs par les forces de sécurité" et "deux autres manifestants ont été tués dans le quartier Midane à Damas", a indiqué M. Rihaoui.

Rami Abdel Rahmane, de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), joint au téléphone à Londres, a par ailleurs fait état de six morts à Dmeir, près de la capitale.

Les forces de sécurité ont tiré à la mitrailleuse sur des manifestants à Maaret el-Naaman (nord-ouest), faisant un mort et cinq blessés graves, a déclaré un autre militant.

Par ailleurs, des militaires ont ouvert le feu sur une famille prenant la fuite à bord d'une voiture sur l'autoroute allant de Hama à Alep (nord), à hauteur de Maaret el-Naaman: un homme a été tué, sa femme et ses deux filles ont été blessées, selon la même source.

Les forces de sécurité ont également tiré sur une manifestation ayant rassemblé plus de 100.000 personnes à Deir Ezzor, et à Mayadine, faisant dix blessés, a ajouté l'OSDH.

A Idleb, elles ont également fait usage de balles réelles contre les manifestants, a dit l'OSDH.

Plus de 1.300 civils sont morts depuis le début de la révolte, le 15 mars, selon des ONG.

L'agence officielle Sana affirme pour sa part que "des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés à Damas pour exprimer leur refus de l'intervention étrangère dans les affaires syriennes". Elle fait état en outre de "manifestations de soutien" aux réformes annoncées par le président Assad à Alep et Deir Ezzor.

AFP

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